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Les femmes du Muscadet à l'honneur

La vigne - n°86 - mars 1998 - page 0

Le 14 février, un jury exclusivement féminin s'est réuni au Loroux-Bottereau, près de Nantes, pour sélectionner les meilleurs muscadets 1997 parmi les 142 échantillons présentés.

Et si les femmes dégustaient les vins elles aussi? Le prix Clémence Lefeuvre, dont l'originalité est de réunir un jury exclusivement composé de femmes, a vu le jour sur une idée de... deux hommes, Bernard Ripoche et Marcel Jussiaume. Des vignerons, peu désireux de voir la gent féminine fourrer son nez dans le muscadet, leur ont dit : ' Heureusement que le ridicule ne tue pas! ' Le ridicule ne leur a pas fait peur : persistant dans leur idée, ils ont choisi d'honorer Clémence Lefeuvre, restauratrice sur les bords de la Loire dans les années 1880, rendue célèbre par sa sauce au beurre blanc.Depuis 1993, le prix a lieu chaque année, avec un nombre croissant d'échantillons présentés de toutes les appellations du Muscadet. Il se clôt par un jury composé de cinq femmes qui, une semaine après les premières sélections, choisit le lauréat du grand prix et les dauphins. Cette année, dans le jury se trouvaient un courtier, une sommelière, un professeur d'oenologie, un chef de restauration. La sélection finale s'est déroulée à bord d'un bateau, le Léchalas, qui a descendu la Loire jusqu'à Nantes, à l'occasion du cent cinquantenaire de la digue de la Loire. Les gagnants sont présentés lors de la foire cantonale des vins et de la gastronomie du Loroux-Bottereau, le premier week-end de mars.Vigneronnes, restauratrices et autres passionnées du muscadet sont satisfaites du prix Clémence Lefeuvre : ambiance conviviale, discussions animées pour la sélection du meilleur vin. A la fin de la dégustation, une rose et un tablier au nom de Clémence sont offerts à chaque participante. ' L'un des objectifs du prix est de favoriser les rencontres. C'est une bonne chose que les viticultrices et les restauratrices de la région se connaissent ', souligne l'un des organisateurs. De l'opinion des dégustatrices, le millésime 1997 est prometteur. ' C'est dommage que le prix ait lieu si tôt, déplore une vigneronne, car les vins des terroirs les plus tardifs ne sont pas prêts. 'Les femmes du Muscadet sont nombreuses à s'intéresser au vin : à Mouzillon, une vingtaine de vigneronnes ont créé une association, ' Femmes d'un terroir ', pour se former à la dégustation et partager cet intérêt avec celles qui le désiraient. ' L'accès au monde du vin est difficile pour nous, témoigne une vigneronne, et j'ai dû prouver mes compétences avant d'être prise au sérieux par mes collègues masculins. 'Le prix Clémence est également un clin d'oeil aux consommatrices et acheteuses de vins : ' Ce serait une erreur d'exclure les femmes du monde du vin, explique l'un des organisateurs, quand on sait que 80 % du muscadet sont vendus en grandes surfaces et que 75 % des achats de vins dans ces lieux sont réalisés par des femmes! ' Ce prix est désormais connu dans la région et les lauréats en retirent un bénéfice commercial. ' L'obtention du grand prix en 1996 a attiré de la clientèle au caveau, témoigne Thierry Sauvêtre, lauréat en 1996. Nous vendons essentiellement aux particuliers et cette publicité supplémentaire s'est ressentie. Il nous reste quelques bouteilles du vin primé de 1996, elles sont encore très demandées. ' L'imprimerie La Chapelaine, partenaire du prix depuis 1994, offre au lauréat une jupe cliquetée, adaptée au col de la bouteille de muscadet où figurent son nom et l'adresse du domaine, une présentation du prix Clémence et le commentaire du jury final.Le lauréat de cette année, le domaine Mme Michel Bourgoin, n'a plus désormais qu'à mettre son vin en bouteilles pour le présenter à la foire...

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