Les grandes unités de production ont déjà largement entamé, voire achevé, leurs travaux de retraitement des effluents vinicoles. Dans les petites et moyennes exploitations, le débat bat son plein. Voici les éléments pour choisir le système le mieux adapté.
L'eau : l'enjeu du XXIe siècle? Probablement si l'on en juge par l'ensemble des mesures nous incitant ou nous obligeant à moins consommer d'eau et à retraiter les effluents usés. Dans la catégorie incitation se trouvent l'augmentation du prix du mètre cube d'eau et du montant des redevances. Les obligations viennent, elles, de règlements sanitaires départementaux, de décisions communales en cas de pollution trop importante du milieu naturel ou de textes nationaux dans le cadre des installations classées.Quelque soit le contexte légal, la mise en place d'un système de traitement des effluents ne s'improvise pas et doit se situer dans une réflexion globale dont les étapes sont les suivantes : étude préalable, mesures d'économie d'eau et de diminution des rejets, séparation des réseaux, prétraitement puis traitement.L'étude préalable peut être réalisée, selon la complexité du dossier, par l'exploitant lui-même, avec l'aide éventuellement d'un conseiller de chambre d'agriculture ou de syndicat, ou par un cabinet conseil. Le point essentiel est la consommation d'eau. En effet, chacun n'utilise pas la même quantité d'eau pour produire 1 hl de vin; on peut aller de moins de 1 hl à près de 10 hl d'eau consommée par hl de vin produit.Il faut aussi savoir comment se répartit la consommation - et donc les rejets - sur l'année. L'activité est évidemment beaucoup plus concentrée dans le temps dans un centre de pressurage champenois que dans une cave réalisant toutes les opérations de vinification et d'élevage jusqu'à la mise en bouteilles. Enfin, quelques analyses réparties lors des activités générant le plus de rejets (vendanges, soutirages) donnent la concentration des effluents.La réflexion peut alors s'engager à partir de ces éléments.La première chose à faire est d'envisager toutes les mesures qui permettraient de réduire les rejets, tant en quantité qu'en concentration. En effet, ces éléments conditionnent la dimension des ouvrages de retraitement et donc leur coût.On peut commencer par la récupération des sous-produits de la vinification, les lies et les bourbes étant envoyées en distillerie et les solutions de détartrage des cuves à des sociétés spécialisées (voir La Vigne n° 67, page 68). Ensuite, il faut envisager tous les moyens de réduire la consommation d'eau en lavant plus efficacement avec un surpresseur ou de l'eau chaude dans certains cas, en équipant les tuyaux souples de robinets d'arrêt à condition qu'il n'y ait pas trop de pression... Malgré tout, certaines opérations nécessitent beaucoup d'eau, comme le lavage de la machine à vendanger ou de la table de tri.Vient ensuite la question du refroidissement des cuves par ruissellement qui peut faire doubler la consommation d'eau annuelle. L'augmentation régulière du coût de l'eau amènera sans doute les caves à travailler en circuit fermé, voire à envisager un autre système de refroidissement.Une fois ces différentes mesures prises, la consommation d'eau et la concentration des rejets doivent être à nouveau mesurées. Cela permet de constater l'efficacité des efforts consentis et de dimensionner le système de traitement nécessaire.On étudie alors les réseaux d'écoulement des eaux. Dans de vieilles bâtisses, il peut être nécessaire d'utiliser un marqueur fluorescent pour déterminer le cheminement et le - ou les - point(s) de sortie des eaux! La séparation des réseaux permet d'envoyer les eaux ' propres ' (pluie et ruissellement) dans le milieu naturel et les eaux usées vers une installation de traitement. Il convient aussi de séparer les réseaux d'eaux domestiques et d'effluents vinicoles qui n'ont pas les mêmes caractéristiques et ne nécessitent donc pas les mêmes traitements préalables. A partir de là, toutes les solutions de traitement sont envisageables dès lors qu'elles affichent un rendement suffisant.Le choix s'appuie sur différents paramètres au premier rang desquels se trouve le coût de l'installation mais aussi du fonctionnement qui comprend la main-d'oeuvre, les analyses, l'énergie, l'entretien, la prestation de service pour épandre soit la totalité des effluents, soit les boues issues du retraitement, la redevance assainissement en cas de raccordement au réseau communal.... Il faut ici noter que si les agences aident les investissements, elles ne participent pas aux frais de fonctionnement. Il vaut dont mieux privilégier un système coûteux au départ mais très peu gourmand par la suite que l'inverse.Il faut aussi garder présent à l'esprit le fait que la pointe de rejet se situe au moment des vendanges, période à laquelle il y a déjà fort à faire dans les vignes et à la cave. A moins de prendre un contrat de maintenance avec une entreprise extérieure ou de former un salarié spécialement, on préférera des systèmes rustiques demandant le moins de suivi possible.Différents éléments déterminent le choix du système de traitement comme les terrains disponibles à proximité de la cave pour installer une unité de traitement, la proximité d'habitations, la présence de terrains agricoles ' épandables ' dans les environs, l'existence d'une station dans la commune, son aptitude à recevoir des effluents vinicoles, les réseaux existants... Comme le montre le tableau de la page suivante, chaque procédé présente des avantages et des inconvénients. Un logiciel récemment conçu à l'école supérieure d'agriculture (ESA) d'Angers peut apporter une aide à la décision pour la gestion des effluents. A partir des caractéristiques de chaque exploitation, le logiciel réalise des simulations, propose les solutions les plus adaptées et chiffre les investissements. Cela ne remplace pas, bien sûr, le travail qu'effectuent techniciens ou cabinets conseils mais donne de bonnes bases de réflexion.