A l'initiative de deux vignerons, Henri et Michel Girardi, un caveau musée occupe une maison vigneronne du XVIIIe siècle à Cerdon, commune du vignoble de Bugey (Ain). Leurs propriétaires ont voulu associer la promotion du vin pétillant rosé de Cerdon et le patrimoine.
Au sein de l'appellation d'origine vin délimité de qualité supérieure (AOVDQS) vin de Bugey, le vin pétillant rosé de Cerdon bénéficie d'une renommée régionale. Sa production annuelle (4 600 hl en 1997) est vendue directement à la propriété. Les habitants de l'Ain et les Lyonnais en sont les principaux consommateurs, en apéritif ou en vin de dessert. Ce vin, obtenu par une méthode ancestrale basée sur la fermentation incomplète des moûts de raisin de gamay, présente un faible degré alcoolique (8 %) et une forte expression aromatique. Au total, le vignoble de Bugey couvre 450 ha pour une production de 25 000 hl.Cerdon, l'une des neuf communes de l'appellation, compte une cinquantaine de vignerons dont la moitié ont une double activité. Henri Girardi, ancien pompier professionnel, en fait partie. Lorsque dans les années 1970, les exploitations viticoles se modernisent, il s'inquiète, en passionné d'histoire locale, de la disparition d'un certain patrimoine. Alors, il entasse chez lui outils viticoles et matériel de cave. En effet, à Cerdon on cultive la vigne depuis le XIIe siècle, et les moines Chartreux de Meyriat venaient y acheter des raisins afin de produire leur propre vin. Avant la crise phylloxérique, le village était prospère. En 1988, Henri Girardi décide avec son frère Michel, oenologue, qui exploite 5 ha de vignes dans la commune, de présenter au public sa collection. A défaut d'avoir pu obtenir un local de la municipalité, ils restaurent une vieille maison familiale. Sur une surface d'environ 600 m² en deux niveaux, sont aménagés des salles d'exposition et un caveau de dégustation avec la vente de leur propre production. Désormais, cette demeure de vigneron abrite une collection allant du pressoir du XIIIe siècle jusqu'au treuil automoteur indispensable dans les coteaux escarpés. Environ 30 000 visiteurs sont reçus annuellement (le musée voisin de la cuivrerie en draine beaucoup).Ici, chaque objet exposé mérite un commentaire, plus particulièrement ceux qui sont spécifiques à la région. Comme, par exemple, une poudreuse inventée en 1929 pour lutter contre l'oïdium, une série de barils étalonnés de 36 litres marqués CDC (Contenance de Cerdon) dont l'un d'entre eux est marqué du sigle des Chartreux de Meyriat, antérieur à 1789. Une collection de bombonnes et d'entonnoirs en verre, utilisés pour la filtration, témoigne qu'au XVIIIe siècle existait une manufacture de verrerie à Labalme. Une cuve cerclée de bois au rebord large, servant de marchepied, permettait au moment du foulage de la ventiler avec des sacs. D'autres espaces sont réservés à l'atelier du tonnelier, la taille, la géologie avec une collection de fossiles et de photos.La reconstitution du vignoble local, détruit à la suite du phylloxéra, est un centre d'intérêt important. Toute la gamme des procédés de lutte, comme la pal injecteur, y est représentée. Mais c'est l'utilisation du porte-greffe américain qui fut la plus courante. Une pépinière fut créée. Les vignerons apprirent à greffer. Mais ruinés par la crise, ils ne purent seuls réaliser une opération si coûteuse. Une famille de soyeux Lyonnais, originaire de Cerdon, finança une grande partie de la reconstitution du vignoble. On retrouve comme dans d'autres musées, les collections de sulfateuses, pompes à vins, bennes à vendange, sans oublier les foudres en bois.Caveau musée de Marcheroux 01450 CERDON. Tél.: 04.74.39.94.30.