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Sept visas pour un passeport qualité

La vigne - n°88 - mai 1998 - page 0

L'Association des salariés de l'agriculture pour la vulgarisation du progrès agricole (Asavpa) de Gironde et l'interprofession locale ont mis en place un système permettant aux ouvriers viticoles d'améliorer leur savoir-faire et de le faire savoir.

Il y a beaucoup de salariés permanents en viticulture dans notre département et très peu d'entre eux suivent des formations continues classiques ', observe Jean-Claude Savino, animateur de l'Asavpa de Gironde. C'est en partant de ce constat et en collaboration avec le CIVB (l'interprofession) que le passeport qualité a été imaginé.' A la vigne ou au chai, le salarié viticole participe à l'élaboration d'un vin de qualité. Il contribue ainsi à la renommée du vin de Bordeaux. Le passeport qualité témoigne de la volonté du salarié viticole girondin d'améliorer son savoir-faire ', écrivent les présidents de l'Asavpa et du CIVB en première page du passeport.Sept thèmes ont été retenus : la taille de la vigne, les travaux en vert, la protection du vignoble, la conduite, l'entretien et le réglage de la machine à vendanger, l'hygiène dans le chai, la dégustation et la connaissance de la filière vitivinicole. Au terme de chaque stage, le formateur procède à une évaluation pratique ou théorique des connaissances acquises et accorde ou non le visa à chaque participant.' Il n'est pas question de distribuer le visa à tous les participants mais uniquement si les animateurs estiment qu'il est mérité, insiste Patrick Charmant, président de l'Asavpa. Et il n'est pas étonnant que tout le monde ne réussisse pas du premier coup car nous avons souhaité que les stages soient d'assez haut niveau. Il ne s'agit pas de vulgarisation mais de perfectionnement par rapport, notamment, à des évolutions techniques. 'Lancée en février 1997, l'opération a attiré soixante-dix participants (adhérant ou non à l'Asavpa). Trente d'entre eux ont reçu leur passeport qualité en mars 1998, la majorité avec un visa, certains avec deux visas (au total, trente-six visas délivrés). En cas d'échec, il est possible de suivre la formation une seconde fois.Pour la première année de fonctionnement, tous les stages n'ont pas encore tourné. ' Les choses se mettent en place doucement en suivant la demande des salariés et leur disponibilité ', précise-t-on. En effet, le temps de formation est pris sur le temps libre des salariés. ' Soit parce que nous n'osons pas demander, soit parce que notre employeur n'est pas d'accord, beaucoup d'entre nous ne peuvent pas avoir accès aux formations classiques qui ont lieu pendant les heures de travail, observe un salarié. Dans certains cas, l'entreprise est trop petite pour que le patron puisse se passer d'un salarié, même pendant deux ou trois jours. D'autres préfèrent maintenir leurs salariés à de faibles niveaux de connaissance et de qualification car cela leur coûte moins cher. En nous formant pendant notre temps libre, nous n'avons rien à demander à personne. 'Ces formations permettent aussi aux salariés qui travaillent exclusivement dans les vignes, de se familiariser avec le travail de chais et la dégustation, et inversement pour les salariés qui restent en cave. ' Nos activités sont souvent très cloisonnées. Cela nous donne une vue d'ensemble du procédé et donc une meilleure compréhension ', confirme un ouvrier viticole.' Pendant le stage de taille, nous avons vu les nouvelles formes qui permettent de limiter les plaies de taille et donc l'entrée des maladies. Pour l'évaluation, le formateur vérifiait la manière dont nous orientions le pied par rapport au rang, l'adaptation du nombre de bourgeons à la vigueur du pied... ', indique un participant. L'évaluation du stage ' machine à vendanger ' s'est faite sur l'aptitude à prendre correctement les rangs, à régler la tête de récolte mais aussi à réaliser le nettoyage et le graissage... Pour l'hygiène du chai, l'évaluation était théorique.En 1998, les stages ' travaux en vert ', ' protection du vignoble ' et ' dégustation ' devraient avoir lieu. Compte tenu du temps nécessaire, on estime qu'il faudra trois ans à chacun pour valider l'ensemble des visas. ' Ce passeport pourrait devenir un argument pour obtenir une meilleure rémunération, soit dans l'entreprise où l'on se trouve, soit dans le cadre d'un entretien d'embauche, précise Jean-Claude Savino. C'est pourquoi les visas ne doivent pas être donnés trop facilement. 'A notre connaissance, il n'existe pas d'initiatives semblables dans d'autres département. La fédération nationale des Asavpa, lors de sa dernière assemblée générale, a annoncé sa volonté de travailler davantage dans ce sens.

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