Dans la nuit du 13 au 14 avril, il a gelé dans presque toutes les régions de France : jusqu'à -7°C localement dans l'Aude.L'absence de nuage a favorisé la baisse des températures par rayonnement (gelée blanche) et à ce phénomène s'est ajouté le déplacement de masses d'air froid (gelée noire), d'où des atteintes sur les coteaux. L'humidité a encore sensibilisé les parcelles. Ce sont les cépages les plus précoces, présentant le plus de jeunes organes, qui ont été les plus endommagés dans les régions où le développement était bien avancé : dans l'Aude, l'Hérault et le Gard pour le chardonnay, le merlot, et le cabernet franc, et dans les Pyrénées-Orientales, pour le muscat.Les dégâts sont difficiles à évaluer et les estimations restent prudentes. D'abord, certains bourgeons à peine débourrés, en ne manifestant pas de symptômes externes, pourraient présenter des lésions internes. Inversement, et c'est le cas en Ardèche, certaines parcelles apparemment très touchées évoluent favorablement. ' Les bourgeons étaient noirs le lendemain du gel mais ils redémarrent dans certains cas. La situation sera moins catastrophique qu'on ne l'a pensé au début ', explique Gilbert Sanchez, de la chambre d'agriculture de l'Ardèche. En Bourgogne et en Beaujolais, on reste prudent sur l'évaluation des surfaces touchées, car la vigne a très peu poussé depuis en raison du froid.Dans l'Aude, Gilbert Cazals, de la chambre d'agriculture, précise: ' La compensation de la perte sur les bourgeons primaires dépendra de la fertilité du bourgeon secondaire et du bourillon. En 1998, on devrait avoir un potentiel fructifère supérieur à l'année passée car la mise en réserve a été meilleure : en particulier, il n'y a pas eu de défeuillaisons précoces dues au mildiou. C'est pourquoi les premières estimations annoncées (déficit de 1 à 1,5 million d'hectolitres dans l'Aude) peuvent encore varier. Toutefois, les espoirs de récolte reposent principalement sur les bourgeons primaires non débourrés au moment du gel. '.' La fertilité des bourgeons secondaires est généralement très faible: on atteint 0,5 à 1 kg par pied avec le grenache mais les autres cépages sont encore moins fertiles ', explique Michel Guerber, de la chambre d'agriculture du Gard. En 1998, la végétation avait vingt jours de retard sur 1997 au moment du gel. C'est pourquoi une partie des bourgeons primaires, non débourrés, a été épargnée.