Les membres du Comité national de l'Inao ont tenu, à Chinon (Indre-et-Loire), leur traditionnel comité national décentralisé. C'était le dernier de cette ' législature ' : leur mandat, de six ans, arrive à échéance ce mois de juin. Est-ce pour cette raison que l'on a senti à Chinon une certaine démobilisation? La moitié environ des trente-cinq professionnels (producteurs et négociants) qui siègent au Comité, atteints notamment par la limite d'âge, ne devraient plus être là pour le prochain mandat. ' Notre pyramide des âges est déséquilibrée. Cela ne va pas être facile de repartir après un tel chamboulement, surtout à l'occasion des premiers comités nationaux, les gens ne se connaissant pas. On patine ', explique un ancien. Les nouvelles nominations par le ministre de l'Agriculture sont imminentes. La composition de nombreuses commissions d'enquête sera remaniée (1). A signaler aussi le départ à la retraite de Marie-Hélène Bienaymé, directrice adjointe de l'Institut et l'une des plus grandes spécialistes mondiales du droit des appellations.Au niveau des décisions prises lors de cette réunion, rien de révolutionnaire. Le débat le plus animé a porté sur les gadoues (compost obtenu à partir des ordures ménagères), à la demande des Champenois. L'interprofession locale les a interdites... mais le préfet a refusé d'entériner. Du coup, le débat monte en national et c'est l'expectative : faut-il intégrer l'interdiction de ces substances dans les décrets d'appellation? ' Peut-on y trouver des métaux lourds? Avec tout ce qui se passe aujourd'hui sur les produits alimentaires et la méfiance des consommateurs, nous devons être prudents. C'est mauvais pour l'image. On doit mener une vraie expertise juridique pour valider le meilleur moyen de les interdire ', indique le président de l'Institut. Le sujet préoccupe aussi les Alsaciens : ' Et si des élaborateurs de gadoues intentaient un procès à des instances viticoles parce qu'on leur interdit d'épandre chez des vignerons consentants? 'Deuxième dossier : les vins primeurs. Une commission, instituée en 1996, a rendu son rapport. ' Le vin primeur d'une AOC doit répondre aux mêmes conditions de production que l'AOC non primeur. Sa différence est seulement dans son caractère jeune ', explique-t-on. L'idée est d'opérer un toilettage : ' Le primeur n'est que le vin de l'année commercialisé précocement, avec une typicité jeune '. Dans le collimateur, certains primeurs qui ne sont même pas élaborés avec l'un des cépages de l'AOC non primeur (par exemple, à Gaillac). Il a été convenu aussi d'harmoniser les procédures d'agrément et de suivi du produit. En dehors des beaujolais et des côtes-du-rhône, il s'agit de petits volumes.A noter la révision des aires des AOC de l'Armagnac : une commission d'experts n'a retenu, dans le département du Gers, que 121 communes sur 232 actuellement. Les autres, où l'usage de la vigne avait largement disparu, sont exclues. Il faut dire que la ' délimitation ' de 1909 était très large. Les décrets des AOC côtes du Rhône villages et Beaujolais supérieur ont également été révisés. Pour ce dernier, les conditions de production sont plus restrictives que pour l'AOC Beaujolais. De plus, sur le modèle mis en place en Minervois, il y aura de la part des producteurs, un engagement parcellaire, deux ans avant la récolte.(1) De nombreuses commissions d'enquête ont présenté au moins une partie de leurs travaux à Chinon : l'accession en AOVDQS du vin de pays Saint-Sardos, la révision de l'aire parcellaire pour six AOC du Bergeracois, la hiérarchisation de l'AOC Cahors, la reconnaissance souhaitée des terroirs Berlou et Roquebrun dans l'AOC Saint-Chinian, la reconnaissance des vins blancs en AOC Saint-Chinian et Faugères.