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Metcalfa pruinosa un nouveau ravageur

La vigne - n°89 - juin 1998 - page 0

Cet insecte, identifié pour la première fois dans le sud de la France en 1986, colonise les vergers mais aussi les vignes. Il produit un miellat très abondant, sur lequel s'installe la fumagine, et favorise le développement de la pourriture acide.

Nous avions réussi à bien maîtriser les vers de la grappe et à diminuer les traitements. Mais, en 1997, nous avons été confrontés à une explosion de la population de Metcalfa sur une parcelle de 20 ha. Cela nous a obligé à refaire un traitement aux pyrétrinoïdes ', explique Olivier Pâques, chef de culture du domaine de Saint-Jean, à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône).Il y a quatre ans, il avait repéré sur quelques ceps la présence de ce ravageur, qui s'est ensuite développé de façon exponentielle. ' Nous avons dû mettre en place une surveillance des parcelles. Il faut repérer les deux premiers stades larvaires pour intervenir immédiatement car, ensuite, les traitements deviennent inefficaces ', précise-t-il.Cet insecte piqueur-suceur appartient à une famille voisine de celle des cicadelles. Il produit, au stade adulte, un miellat très abondant qui recouvre les feuilles, les grappes et les bois, et sur lequel se développe de la fumagine. Ce miellat attire d'autres insectes, en particulier les drosophiles. ' Les piqûres sur les baies favorisent l'apparition de pourriture acide, ce qui entraîne une perte de qualité de la récolte si les populations deviennent importantes ', constate Philippe Duverdier, régisseur du domaine de Molières, à Miramas (Bouches-du-Rhône).Sur cette exploitation, Metcalfa pruinosa est présent depuis 1993. En 1995, les populations ont augmenté brutalement et il a fallu intervenir en catastrophe. Depuis, Philippe Duverdier surveille attentivement l'apparition des larves. ' Aux stades L1 et L2, elles sont regroupées en petites colonies sur la face inférieure des premières feuilles de la vigne. Je réalise à ce moment-là un traitement spécifique avec un organophosphoré du type Durbsan ', explique-t-il.Les adultes s'accouplent à partir de la fin du mois d'août et pondent alors des oeufs qui passent l'hiver dans les infractuosités des écorces. Les éclosions, très échelonnées, ont lieu du printemps jusqu'à l'automne. Les larves peuvent être observées de mai à octobre. Les adultes, qui se regroupent en chapelets caractéristiques, commencent à apparaître en juillet et restent jusqu'au mois d'octobre ou novembre.' Il n'existe actuellement aucun produit homologué contre Metcalfa. Certains pyrétrinoïdes et organophosphorés présentent une efficacité intéressante contre les jeunes larves. En intervenant dès le mois de juin, il est possible de contenir les populations, sans pour autant être à l'abri de recontaminations tardives en fin de saison ', explique Catherine Chabrière, de la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône, qui étudie ce ravageur.Prés de 200 plantes-hôtes ont été recensées pour cet insecte très polyphage, qui s'installe sur les vergers et les vignes mais également dans les haies et les bosquets. ' Il est hasardeux de traiter les adultes car ils sont très mobiles et peuvent recoloniser rapidement les parcelles à partir des haies environnantes ', affirme François Faivre d'Arcier, de la station de zoologie de l'Inra d'Avignon (Vaucluse).Dans sa zone d'origine en Amérique, cet insecte n'est pas recensé comme un ravageur, car sa population est contrôlée naturellement par un ensemble de prédateurs. Malheureusement, cette faune auxiliaire ne l'a pas accompagné dans son déplacement en Europe! ' Les Italiens, qui ont été confrontés au problème avant nous, ont commencé à étudier les possibilités de lutte biologique. Depuis deux ans, nous testons l'acclimatation d'un parasite larvaire qu'ils nous ont confié ', explique Jean-Claude Malausa, de l'Inra d'Antibes (Alpes-Maritimes).Ce chercheur a monté, avec François Faivre d'Arcier, un projet d'étude sur Metcalfa qui prévoit des prospections aux USA, en collaboration avec les Américains et les Italiens. Le dossier a été présenté au conseil régional Provence-Alpes-Côte-d'Azur pour obtenir un financement. L'arrivée de Metcalfa, qui se fait très progressivement et ne concerne encore qu'un petit nombre d'exploitations, n'a pas encore été prise en compte au niveau national, ce qui limite d'autant les moyens de recherche. ' A court terme, nous avons besoin de mieux connaître sa biologie pour mettre au point des stratégies de lutte ciblée et éviter de remettre en cause les progrès réalisés en matière de lutte raisonnée ', ajoute Catherine Chabrière.

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