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Originales et festives : les bouteilles sérigraphiées

La vigne - n°89 - juin 1998 - page 0

Pour se différencier sur un linéaire ou laisser la trace d'un événement, la sérigraphie offre une image forte et valorisante. Mode d'emploi d'une technique en plein essor.

Commande de sociétés ou de comités d'entreprise, manifestation sportive ou événement familial, les occasions exceptionnelles ne manquent pas pour utiliser la sérigraphie comme porte-flambeau d'un vin. Question préalable : va-t-on décorer des bouteilles vides ou pleines, en petite ou grande série? La réponse conditionne la technologie utilisée (voir encadré) et l'intervenant.Ce peut être le verrier. BSN propose une ' démarche décor ' à partir de ses ateliers installés près de Cognac et La Bégude, en Ardèche. Bientôt s'y ajoutera une nouvelle unité qui va démarrer dans la région stéphanoise. Il existe aussi des entreprises qui travaillent pour les verriers ou directement avec les vignerons. Elles sont peu nombreuses et de tailles diverses : Saga Décor, à Pont-Sainte-Maxence (Oise), emploie trois cents salariés; Sobodec, à Artigues, près de Bordeaux, compte près de soixante-dix personnes; Rhône Verre Décor, à Mornant (Rhône), a une quinzaine de salariés; Fabrice Soyeux, à Saint-Martin-d'Ablois (Marne), travaille seul, en décor à l'encre.Tout projet commence avec la création du décor. BSN Emballage possède un service de design exclusif mais fait aussi intervenir des artistes locaux, notamment lors du Viteff. Ce salon qui se tient à Epernay (Marne), est l'occasion d'un concours organisé par le verrier et dont Marie-Hélène Waris-Larmandier, peintre et cramiste d'art mais aussi viticultrice, a été deux fois lauréate. Attention cependant à la notion de propriété. Ainsi, Champagne Prospect, intermédiaire de commerce à Epernay, reste-t-il propriétaire de la série de six décors qu'il a fait réaliser pour célébrer l'an 2000. Dans un autre cas, cette même société a cédé ses droits à son client pour un dessin réalisé en exclusivité pour lui. Ce vigneron peut ainsi l'utiliser sur d'autres supports (documents publicitaires, papier à lettres...). Il faut également savoir qu'un tableau ne se reproduit pas sans autorisation, ni une carte postale sans versement de droits d'auteur.Deuxième étape : vérifier la faisabilité du décor... L'émail recuit déposé sur le verre utilise des pigments qui donnent un rendu différent de celui obtenu avec les pigments organiques imprimés sur du papier. ' Dans les roses ou les violets, certains tons sont difficiles à reproduire ', note Rachel Pezin, de Saga Décor. Les machines offrent de multiples possibilités, jusqu'à huit couleurs de base chez Saga Décor, BSN, Rhône Verre Décor, six pour Sobodec, y compris les métaux précieux.A partir de l'oeuvre originale, l'atelier graphique ou le maquettiste va séparer les couleurs et réaliser les films pour fabriquer les écrans de soie, servant eux-mêmes à poser les décors sur le verre. Cette phase est finalisée par un bon à tirer : l'épreuve papier qui permet de contrôler les textes, notamment les mentions obligatoires. ' La réalisation d'un échantillon n'intervient que dans les cas complexes ', indique Xavier De Place, chef de ventes de BSN pour la région Champagne. Cette étape, systématique chez Saga Décor, permet de vérifier par ailleurs la teneur en métaux lourds des émaux. Et Jean-Marie Paquis, de Sobodec, ajoute : ' Pour les non initiés, c'est important de juger sur pièce '. D'un intervenant à l'autre, les délais se tiennent : de huit à quinze jours pour réaliser la maquette ou l'échantillon, trois semaines pour la production, voire un total de deux mois.A la question du coût, Xavier de Place répond : ' Le prix varie selon la complexité du décor, le nombre de couleurs, la qualité des émaux, le format de la bouteille et les quantités, le minimum étant de 5 000 bouteilles. Nous travaillons sur devis '. A titre indicatif, l'opération ' An 2000 ', lancée par Champagne Prospect, représentait un surcoût de 4,95 F HT par bouteille à partir de 3 000 unités. Une centaine de vignerons y ont souscrit. Saga Décor ne travaille qu'à partir de 25 000 bouteilles dans une fourchette de prix de 1 F à 1,50 F HT par bouteille. L'or est toujours calculé à part des autres couleurs, précise-t-on au sein de cette société. A Sobodec, l'unité minimale est la palette verrière (1 300 bordelaises de 75 cl ou 620 magnums) et l'écart de prix, de 1 à 11 F (sans or), reflète la diversité des cas de figure.A une autre échelle, Fabrice Soyeux réalise ses décors à l'encre (entre une à quatre, voire cinq couleurs) pour un prix de 1,76 à 14,42 F selon les quantités (minimum 50 bouteilles). En plus, des frais techniques de mise au point peuvent être facturés. Ces frais varient selon les éléments fournis (dessin à la gouache, chromalin, films...), les retouches à effectuer et la réalisation ou non d'un prototype.Objet de collection, la bouteille sérigraphiée est conçue pour durer. ' Elle est un point fort dans l'acte d'achat ', réaffirme Rachel Pezin, évoquant les bonds en avant de certains beaujolais. ' A condition que le contenu ne déçoive pas ', insiste Jean-Marie Paquis. Un rappel prudent car une fois décorées, les bouteilles restent et certaines opérations, comme le bicentenaire de la Révolution, n'ont pas eu partout les effets escomptés.

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