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Le dieu de la vigne et du vin est sorti de la cuisse de Jupiter

La vigne - n°89 - juin 1998 - page 0

Bacchus pour les Romains, Dionysos pour les Grecs, ce dieu de la vigne et du vin, qui symbolise aussi l'ivresse, tient une place importante dans toutes les civilisations méditerranéennes antiques.

Dionysos est un dieu qui est né deux fois. Sa mère, Sémélé, simple mortelle, devint l'amante de Zeus fait homme et conçut le futur dieu. Elle voulut voir la gloire de son divin amant mais, trop curieuse, elle mourut consumée par l'éclat des feux de l'Olympe. Comme elle était enceinte, on tira de son ventre l'enfant qu'elle portait et on le plaça dans la cuisse de son père Zeus-Jupiter, où il resta jusqu'au moment de sa naissance à terme. Dionysos est donc un enfant sorti de la cuisse de Jupiter.Elevé par les nymphes sur le mont Nysa, en Thrace, les légendes le concernant se multiplièrent. A l'origine, ce simple héros eut un culte localisé dans l'île de Crète. Sa renommée se développant, il devint un véritable dieu, l'équivalent de l'Osiris des Egyptiens. On fit de lui le dieu qui donna aux hommes l'art de cultiver la vigne et de faire le vin. On disait que jeune, il avait conquis les Indes avec une armée composée d'hommes et de femmes, ce qui explique qu'il ait diffusé la culture de la vigne venue de ce pays.Adoré des Grecs et des Latins, Bacchus est présent dans toute la production artistique de l'Antiquité : il est représenté en jeune éphèbe, un peu efféminé, parfois en enfant jouant avec d'autres personnages subalternes comme un silène ou un faune, souvent en adulte tenant une coupe, de concert avec les bacchants et les bacchantes, ses compagnons de plaisir. Une fresque, découverte en 1879, ornait l'autel domestique d'une maison de Pompéi (ville au pied du Vésuve détruite le 24 août 1979 par une éruption volcanique). Elle le représente vêtu des pieds à la tête d'une grappe de raisin qui épouse les formes de son corps.Le plus souvent, Bacchus est avec une outre de vin, une coupe, une amphore, une grappe. Il tient aussi en main le thyrse, sorte de sceptre royal terminé par une pomme de pin, et enguirlandé de pampres et de lierre. Virgile raconte que les vignerons de l'Italie antique suspendaient aux ceps de petits masques représentant le dieu, des oscilla (parce qu'ils remuaient au vent); ils pensaient ainsi protéger leur vignoble contre les aléas climatiques et attirer la fécondité sur la partie du champ vers laquelle le vent tournait la face de l'image.Grecs et Romains célébraient de nombreuses fêtes en l'honneur de Bacchus, appelées dionysiaques pour les uns, bacchanales pour les autres. En Grèce, les dionysiaques, au nombre de quatre, attiraient Grecs et étrangers de tout le monde méditerranéen; en même temps se tenaient des foires commerciales. Jeux athlétiques et représentations théâtrales marquaient ces fêtes. Des prix récompensaient les auteurs dramatiques.Aux auteurs de tragédies primées, on donnait un bouc car Dionysos était souvent représenté vêtu d'une peau de bouc qu'il avait dépecé parce qu'un jour, il avait surpris la capricieuse bête en train de brouter les tendres sarments d'un cep; on ne manquait pas d'immoler un bouc à toutes ses fêtes. Les auteurs de comédies recevaient un panier de figues et une amphore de vin.Dans ces quatre fêtes, les deux premières rappelaient les vendanges, la troisième le pressurage et la quatrième la vinification. Au cours de cette dernière, qui se tenait à la fin du mois de février et qui durait trois jours, on enlevait le couvercle des jarres et on goûtait le vin nouveau avant de le mettre en amphores.A Rome, le culte de Bacchus était normalement célébré le troisième jour des ides de mars (le 17 mars) et la fête durait trois jours. Mais rapidement, les bacchanales devinrent de véritables orgies où les hommes et femmes se prêtaient aux jeux les plus licencieux. On promenait sur un char l'image d'un phallus taillé en bois de figuier; les matrones venaient alors couronner de fleurs ce symbole de la fécondité, tandis que l'on portait en triomphe des images obscènes accompagnées de chants de même nature; tout le monde devait être ivre ou, du moins, feindre l'ivresse. La morale s'effaçant de plus en plus, on en vint à célébrer les bacchanales cinq jours par mois et non plus trois jours par an. Aussi les magistrats romains durent-ils mettre un peu d'ordre : un sénatus-consulte de 186 avant J.-C. supprima les bacchanales. Ainsi croyait-on sauver la République du déclin.

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