Il régnait comme une espèce de ferveur initiatique dans les allées du premier Sitévi Mercosur qui s'est tenu en Argentine. 5 800 professionnels ont rendu visite aux 250 exposants. En Amérique du Sud, les besoins en équipements sont importants. La deuxième édition aura lieu en l'an 2000.
Les absents ont toujours tort : pour une première, je suis heureux d'être là! ' Cet exposant argentin résume le sentiment général qui régnait à Mendoza, lors du Sitévi Mercosur (du 11 au 14 mai). Nous sommes au coeur du vignoble argentin, au pied de la Cordillère des Andes, à 1 200 km à l'ouest de Buenos Aires. De l'autre côté de la montagne, 500 km à l'ouest, la ville de Santiago et la vallée centrale qui abritent l'essentiel du vignoble chilien. Voilà le lieu choisi par CEP Exposium, l'organisateur français du Sitévi de Montpellier, pour lancer avec des partenaires locaux, un salon international des techniques et équipements vitivinicoles dédié aux viticultures d'Amérique du Sud. Pour le raisin de cuve, c'est un marché avoisinant les 350 000 ha (Argentine, Chili, Brésil, Uruguay), sans oublier la filière arboricole. ' Il y a un besoin en équipements. Les responsables des bodegas les plus dynamiques ont l'occasion d'aller en Europe étudier l'offre et acquérir des matériels mais pour la majorité, l'offre la plus complète possible doit leur être présentée chez eux ', expliquent les organisateurs.250 exposants, venant de quinze pays, y ont donc reçu quelque 5 800 visiteurs, surtout des Sud-Américains. ' Ce salon est un événement pour nous, explique Eduardo Pulenta, président de l'association des bodegas de Mendoza. Quand les producteurs, petits et moyens, voient ici tous les matériels existants, vous ne pouvez imaginer à quel point c'est une révolution pour eux qu'ils puissent les acquérir! N'oublions pas d'où nous venons : la stabilité économique et politique est récente. Même s'il est encore cher (10 à 11 % minimum), le crédit est plus accessible. Beaucoup vont commencer par acheter un petit matériel et ce sera la boule de neige. 'Sur les stands, dans les allées, au café... partout on parlait français! C'était les exposants les plus nombreux. Chez TEC Inox, fabricant de cuves installé au Coteau (Loire), on explique : ' Nous avons déjà équipé quelques caves argentines; avec la politique de qualité qui est en marche, les gens vont venir à l'Inox. C'est un vrai marché '. Même espoir chez Seres, société des Bouches-du-Rhône, qui propose notamment le Raisytis (analyseur de la pourriture grise sur raisin) : ' Nous avons un stand collectif mis en place par notre actuel représentant au Chili. Nous arrivons au bon moment car il y a eu de la pourriture cette année en Argentine, ce qui est rare. Si ça marche, on reviendra, sinon... '' En Argentine, c'est encore moins le cas, mais au Chili, certains achètent par impulsion, parfois sans vraie stratégie d'ensemble, avec un côté un peu flambeur. On fait des affaires ', commente un vendeur français de produits oenologiques. Sans doute à cause de cette concurrence représentée par ce Sitévi, un salon sur la même thématique, qui devait avoir lieu à Santiago début juin, a été annulé.' Nous, les Argentins, nous avons besoin de sentir les choses. A la suite de ce salon, l'information technique va circuler dans les vignobles. Je sens que c'est le début d'une aventure ', confiait le représentant local d'un grand fabricant italien de filets antigrêle. ' L'équipement est cher mais les producteurs y viendront pour protéger leur récolte, surtout après cette année où la grêle a été abondante. ' Pour cela, il faut un financement. Le Banco Bisel, groupe créé il y a trois ans et dont le Crédit agricole est actionnaire, l'a compris. Sur son grand stand, il recevait les candidats au crédit... ' On veut s'implanter à fond dans la viticulture, il y a des besoins. D'autant que les banques nationales avec lesquelles l'agriculteur a l'habitude de traiter, proposent des taux élevés. 'Tout n'a pas été évident pour cette première, surtout au niveau de la logistique. Le parc des expositions local n'a pas l'habitude de recevoir de tels événements : il a fallu revoir les routes d'accès, changer des carreaux, démolir des stands anciens restés sur place... Espoir : un autre parc pourrait être construit d'ici à la seconde édition en l'an 2000. De plus, certains exposants n'ont reçu leur matériel que la veille de l'ouverture. Malgré tout, les exposants étaient plutôt optimistes, comme s'ils participaient au début d'une aventure, même si certains regrettaient le prix du mètre carré (le double du Sitévi de Montpellier). Certains techniciens français, qui animaient des conférences, ont été surpris par le nombre et l'attention des participants.Devant les stands des machines à vendanger, on sentait une certaine effervescence. Beaucoup découvraient. Il faut dire qu'il y en a peu en Amérique du Sud... mais elles sont quasi exclusivement françaises (vendues ou en démonstration). Les nouvelles plantations étant souvent palissées, le potentiel est là. On notait aussi sur le salon la présence de la machine pour vendanger les pergolas de l'Italien Pasquali. Il s'agit d'une sorte de remorque qui passe sous la végétation et les fruits. Elle est équipée sur le haut d'axes, dans le sens de la largeur, sur lesquels sont disposés des batteurs, comme de grands cheveux hérissaient vers le haut. Les raisins tombent sur un tapis roulant et vont se déverser à l'arrière dans une benne qui suit. Coût annoncé : 80 000 dollars (1 dollar = 6 F) Autre originalité : le fabricant chinois de tracteurs Shanghai qui croit beaucoup au marché argentin.