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Certains adjuvants ne tiennent pas leurs promesses

La vigne - n°89 - juin 1998 - page 0

Meilleure adhésion des gouttelettes, amélioration de la qualité de pulvérisation, stimulation de défense des plantes, les adjuvants sont crédités de diverses propriétés. Cependant, certains d'entre eux affichent des résultats variables.

Que peut-on attendre d'un adjuvant? Des effets multiples qui varient suivant le type de produit. Certains adjuvants améliorent la qualité de la bouillie : comme les antimousses, par exemple. D'autres ont un effet sur la qualité de pulvérisation. Ils peuvent également jouer sur la fixation ou la pénétration de la matière active dans les feuilles. C'est le cas des mouillants adhésifs comme Agral, Héliosol ou LI 700. Enfin, des adjuvants, dits actifs, sont utilisés pour renforcer l'efficacité d'un fongicide : Solucuivre dans les bouillies antibotrytis et antimildious, ou Synermix avec l'iprodione, matière active du Rovral, un antipourriture.A côté des mouillants classiques comme Agral, on voit aujourd'hui se développer des produits d'origine végétale : Héliosol (terpènes extraits du pin) ou encore LI 700 (lécithine de soja). D'après Jean-Luc Caillau, de la société Agrydine, le LI 700 améliore la stabilité de la bouillie : ' Son utilisation se fait surtout avec des herbicides non sélectifs, seuls ou mélangés avec des racinaires. Il améliore la compatibilité et l'efficacité tout en donnant une pulvérisation de qualité. Des essais montrent que LI 700 peut augmenter par quatre la vitesse de pénétration du glyphosate '.Le point fort d'Héliosol, de Samabiol, est son pouvoir adhésif. ' Sa formulation est 100 % biodégradable. Il a une triple APV sur bouillies insecticides, herbicides, fongicides. Nous le recommandons avec des herbicides de rattrapage (glyphosate, sulfosate, aminotriazole...). Avec des insecticides (pyréthrinoïdes, organo-phos- phorés) et des acaricides, il permet de bien couvrir la végétation. Héliosol améliore également la répartition des fongicides : soufre, IBS et antibotrytis, dont il allonge la rémanence ', affirme René Ardigier, de la société Samabiol. Les essais réalisés par la firme montrent aussi un effet favorable sur la pulvérisation.Ces résultats sont confirmés par l'ITV de Montpellier : ' Nos études de pulvérisation avec de la bouillie bordelaise montrent qu'avec l'Héliosol, le spectre se resserre sur des gouttelettes de taille moyenne avec un moindre risque de dérive ', note Claude Vernet.Avec de tels avantages, les adjuvants permettent de réduire les volumes d'eau. Pour un coût modeste (moins de 30 F/ha), ils vont bien dans le sens d'une agriculture de précision. On pourrait aussi être tenté de combiner mouillant et dose réduite... Toutefois, la plupart des firmes ne se risquent pas à conseiller une quelconque réduction de dose avec des adjuvants! Car on sait que l'apparition de résistance est souvent liée à des sous-dosages.' Certains adjuvants peuvent améliorer la qualité de la bouillie herbicide, la répartition, la tenue ou même la pénétration à travers la cuticule. Car la formulation de certains produits foliaires est parfois insuffisante ', estime Bruno de La Rocque, de la Protection des végétaux. Par ailleurs, il existe des mouillants acidifiants qui permettent d'obtenir une bouillie à pH acide (4-5) qui sont conseillés avec les herbicides et une eau alcaline.Dans la catégorie des adjuvants actifs, on trouve certaines formes de cuivre et des éliciteurs capables de renforcer les défenses naturelles des plantes. Un éliciteur déclenche, au sein même de la plante, la production de molécules à effet fongicide.L'exemple le plus connu est le Synermix, un adjuvant de Goëmar à base de crème d'algues, conseillé en association avec les bouillies antibotrytis à base d'iprodione (Rovral). ' En laboratoire, nous avons montré que le chlorure d'aluminium qui se trouve dans la formule du Synermix, permet une stimulation des défenses dans le cas d'une attaque. Il faudrait confirmer que cette stimulation se retrouve régulièrement dans les conditions du champ ', déclare Philippe Jeandet, de l'institut Jules Guyot, de Dijon. Sur le terrain, l'efficacité du Synermix apparaît irrégulière car elle dépend du stade de la vigne. Il faut le positionner juste avant le début de l'épidémie pour qu'elle ait le temps de produire ses molécules de défense. ' Nous avons comparé pendant deux ans une imide seule et le mélange Rovral + Synermix sur un programme standard à trois applications. Nous n'avons pas vu de différence significative ', confie Arnaud Descotes, du CIVC.Les quelques essais réalisés par les coopératives du pool Uncaa n'ont pas indiqué d'efficacité très différente entre le Rovral seul et l'association Rovral + Synermix. Pour un coût supplémentaire de 150 F/ha, l'efficacité de Synermix semble souvent décevante... Pourtant, d'après Dominique Steiger, de Rhône-Poulenc, ' le Synermix présente une efficacité d'environ 15-20 % sur botrytis. Nos travaux au champ montrent un effet de synergie avec l'iprodione qui permet d'atteindre la performance des meilleurs antibotrytis. ' Un tel score est loin d'être négligeable. C'est pourquoi d'autres éliciteurs sont dans les cartons des firmes, comme le SDN de Novartis. Leur rôle consistera à renforcer l'efficacité des matières actives fongicides. Des études très poussées seront nécessaires sur ces produits. ' Les protocoles actuels d'homologation ne leur sont pas bien adaptés ', note Maurice Boureau, de la Protection des végétaux d'Angers. Autre préoccupation : dans la mesure où un éliciteur change le métabolisme de la plante, il faudra vérifier qu'il ne modifie pas le métabolisme des arômes et de ses précurseurs, ni la qualité du raisin.

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