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Pourriture acide : mieux vaut prévenir...

La vigne - n°89 - juin 1998 - page 0

Les vignobles méridionaux ont connu, en 1997, de fortes attaques de pourriture acide. La drosophile, vecteur de la maladie, se joue des traitements curatifs. La lutte préventive est donc la seule relativement efficace, associant pratiques culturales et applications précoces de bouillie bordelaise ou d'insecticides.

La drosophile, qui sévit régulièrement dans les vignobles méridionaux, est un ravageur qui inquiète. En véritable charognard, elle recherche les plaies sur les baies pour y pondre ses oeufs et lors de ses déambulations, elle souille les baies blessées des multiples souches de levures et bactéries acétigènes qu'elle transporte. Elles profiteront des blessures des baies (grêle, oiseaux, éclatement dû à l'oïdium...) ou simplement de la fragilisation de la pellicule due à la surmaturation. Outre les dégâts directs sur baies, suintements et perte de jus, on constate une élévation conséquente de l'acidité volatile à l'encuvage.L'intensité de l'attaque dépend du millésime, favorisée par les températures et les humidités élevées après le 15 août ou au voisinage de la maturité. Mais on ne peut s'aventurer plus avant dans la prévision, car la drosophile a beau exister depuis cinquante millions d'années et être le cobaye favori des généticiens, on n'en demeure pas moins démuni pour la compréhension de l'épidémie et la lutte. S'agit-il d'une population résidente et dans ce cas, quelle est la forme de conservation hivernale? Ou l'épidémie est-elle due à une succession de populations différentes? Si tel est le cas, la lutte insecticide précoce aurait une efficacité limitée... Des études sont en cours à l'Inra de Bordeaux, pour répondre à ces questions : piégeages, identifications des espèces, étude de l'extension des foyers.Une chose est sûre malgré tout, c'est que lorsque l'épidémie démarre, elle est explosive puisque la durée d'une génération est de dix jours à 25°C et que chaque femelle pond 400 à 900 oeufs, qui éclosent en 24 h. Il faudrait donc une application d'insecticide tous les cinq jours. Mais comme les premières mouches apparaissent autour du 18-25 août, la proximité de la récolte interdit cette stratégie. Par ailleurs, le problème de la résistance aux insecticides a été soulevé : l'Inra d'Antibes n'a pas trouvé dans le sud de souche résistante. Toutefois, les populations échantillonnées peuvent développer des résistances dans les conditions particulières d'exposition répétées lors de tests en laboratoire.Nous devons donc nous rabattre sur des mesures préventives, insuffisantes en cas de forte pression. Les premières mesures prophylactiques à prendre, surtout sur cépages sensibles à grappe serrée (carignan, grenache) ou à pellicule fine (cinsaut, muscat), sont des mesures culturales afin d'éviter les microclimats chauds (la température optimale pour les drosophiles étant de 28°C) et humides; l'enherbement pour diminuer la vigueur, le palissage pour aérer la végétation autour de la zone fructifère, la modification de la taille pour éviter l'entassement des grappes.La chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône a mené des essais, montrant l'intérêt d'un effeuillage manuel le 19 juillet sur la face côté nord, qui diminue généralement l'intensité de l'attaque (par deux ou quatre selon les cas). Pour éviter les blessures sur baies, une bonne protection contre l'oïdium et les tordeuses est recommandée.On compare souvent deux stratégies de lutte préventive : traitements à base de cuivre à la véraison et lutte insecticide préventive (dès l'apparition des premiers moucherons). La première consiste à appliquer de la bouillie bordelaise en encadrement véraison. Le cuivre interviendrait par ses propriétés fongistatiques et bactériostatiques, limitant le développement des germes nuisibles apportés par les mouches, mais également en durcissant la pellicule des baies, la rendant plus résistante aux attaques. En Provence, les essais faits depuis 1994 consistent à appliquer la bouillie bordelaise en traitement localisé à la zone des grappes. En Roussillon, le cuivre est appliqué de façon non localisée, dans le cadre des traitements mildiou. Le CIVDN recommande un ou deux traitements avant véraison à 15 kg/ha, suivis de traitements spécifiques à demi-dose après véraison si la pression le nécessite. Pour la lutte chimique, deux matières actives sont actuellement homologuées contre les drosophiles : la deltaméthrine (Decis) et la lambda-cyalothrine (Karaté). Les applications d'insecticides sont généralement faites fin août à une semaine d'intervalle; d'après les essais viticoles de Provence, ils ont été plus efficaces que le cuivre en 1996, mais c'est l'inverse dans les essais en Roussillon où il semble, en revanche, qu'un traitement mixte (3 cuivres + 2 insecticides) n'apporte pas de gain d'efficacité par rapport au cuivre seul.

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