Depuis douze ans, les éditions Benoît France sont les spécialistes français de la cartographie viticole. Elaborer une carte précise et esthétique demande plus de travail qu'il n'y paraît. Dans les caveaux, pour offrir aux clients, en carte postale... la carte viticole est un outil de communication utile et ludique. La demande existe.
Une carte géographique en couleur, précise et attrayante, représentant l'appellation que l'on visite, le vignoble que l'on traverse ou même toute la France viticole : quoi de mieux pour satisfaire un vigneron, un client fidèle ou un passionné de vin? C'est sur ce créneau, tant professionnel que grand public, que s'est lancé Benoît France en 1986. Sa société, installée dans le 5e arrondissement de Paris, avec une boutique de vente au public, emploie neuf personnes pour un chiffre d'affaires de 6 MF environ. ' Nous créons des cartes généralement à la demande de syndicats ou de comités interprofessionnels. Cela nécessite de trois à douze mois de travail ', indique-t-on sur place.Une vingtaine de réalisations sont aujourd'hui au catalogue : plusieurs cartes de France (avec les cépages ou les alliances mets-vins...), de la Bourgogne (côte chalonnaise, Pommard...), du Bordelais (Sauternes et Barsac, Pomerol...), la Champagne, l'Alsace, le Jura... La dernière série, sortie le mois dernier, concerne les vignobles du Languedoc : une carte globale 88 × 66 cm, plus des cartes pour chacune des appellations en 55 × 44 cm. Un gros travail dont le budget avoisine 1 MF. Pour tous ces documents, les tarifs publics à la vente s'échelonnent de 45 à 250 F par carte (de la version pliée au poster plastifié). Il existe aussi des versions carte postale (4 FF TTC/carte).La société travaille à partir des cartes IGN (Institut géographique national) et des décrets d'appellation publiés par l'Inao. Pour chaque AOC, on localise toutes les communes où se trouvent des parcelles de l'aire délimitée (plantées ou non). A partir de là, on détermine la dimension de la carte (contraintes de pliage), l'échelle et donc le prix. La numérisation sera sûrement une étape ultérieure. ' Après scannage du fond cartographique, toutes les données planimétriques (routes, voies ferrées...), hydrographiques (rivières, canaux...) et orographiques (courbes de niveau, points d'altitude...) sont traitées par informatique, explique Benoît France. Pour cela, on se procure, auprès du centre Inao d'Avignon, les plans cadastraux par commune viticole. Ils arrivent sous forme papier (120 × 80 cm). ' Une épreuve réduite est ' intégrée ' dans la commune préalablement présente à l'écran. ' Chaque commune est redessinée par les informaticiens de la maison, en s'appuyant sur notre culture du vin : choix des couleurs, enlever ou garder telle route... Le but est d'obtenir à la fois une carte précise, esthétique et peaufinée. ' Pour la carte du Languedoc, avec ses 430 communes viticoles, quatre personnes y ont travaillé pendant huit mois! C'est du sur-mesure.' Nous avions un besoin impératif de cartes ', explique-t-on au Comité interprofessionnel des vins du Languedoc, commanditaire de ce dernier travail. ' Il n'existait que des cartes trop touristiques ou trop professionnelles. Pour une région comme la nôtre, c'est un acte important : on montre où sont nos AOC. Les cartes sont un outil de communication. '' Nous ne sommes pas de simples dessinateurs, explique-t-on chez Benoît France. Il y a derrière chaque carte toute une dynamique de diffusion. Le retour sur investissement existe pour le financeur de la carte : vente dans notre boutique et dans une quinzaine de pays à l'étranger, fichier de 800 cavistes hexagonaux auxquels nous proposons ces produits, créneau du cadeau d'entreprise et demain, Internet. ' Le marché potentiel est immense : nombre de vignobles ou d'appellations n'ont encore que des représentations géographiques tout à fait approximatives. Des cartes de Provence et de Corse sont à venir. A titre indicatif, il faut compter quelque 100 000 F pour concevoir la carte d'une appellation.