La norme internationale Iso 14 001 prend en compte tous les aspects environnementaux de l'activité vitivinicole, depuis l'utilisation des produits phytosanitaires jusqu'à la gestion des effluents ou des sous-produits de la vinification. Plusieurs caves ont déjà entamé la démarche.
En Iso 9 002, on apporte une garantie sur tout ou partie du procédé de fabrication, de conditionnement ou de commercialisation. On se fixe donc de manière volontaire des objectifs, des règles et des moyens pour y parvenir. La certification Iso 14 001 traite de management environnemental. Dans cette notion s'intègre la maîtrise des déchets générés mais aussi le raisonnement au niveau de l'utilisation des intrants. La démarche reste volontaire mais contrairement à l'assurance qualité, elle doit s'inscrire dans un cadre réglementaire et prévoir une mise en conformité par rapport à la législation existante ', indique un postulant.A l'heure actuelle, aucune cave n'est encore certifiée Iso 14 001 mais plusieurs ont entamé la démarche. Dans la plupart des cas, cela fait suite à une certification Iso 9 002.La maison Albert Bichot, à Beaune (Côte-d'Or), a obtenu la certification 9 002 pour son activité de négoce. ' Notre souhait est maintenant d'étendre cette démarche aux trois domaines de la maison, basés à Chablis, à Vosne-Romanée et à Pommard. Nous mènerons alors de front les certifications 9 002 et 14 001 car une partie du travail est commune aux deux démarches. La réflexion doit aussi s'engager pour le site de Beaune. Dans tous les cas, nous avons prévu une période d'observation et de collecte des données d'environ un an de manière à cerner précisément les consommations, les rejets et leur impact sur l'environnement. A partir de ces informations, nous essaierons d'apporter des modifications pour diminuer les consommations et donc les rejets. Cela peut passer, par exemple, par l'utilisation de terres régénérables pour les filtrations (voir La Vigne n° 86, pages 58-59). Viendra une autre période d'observation au terme de laquelle il sera possible de monter le dossier. La gestion environnementale s'appuie nécessairement sur un historique, ce qui explique que la démarche soit longue ', explique Jérôme Faure-Brac, oenologue et responsable qualité.La première étape d'une certification Iso 14 001 est l'étude de la législation existante. La réglementation émane à la fois des agences de bassin, qui fixent des seuils de rejet selon la sensibilité du milieu récepteur, et de la Direction régionale de l'industrie et de l'environnement (Drire) ou de la préfecture qui gèrent les dossiers installations classées. ' Il n'existe pas de règles valables sur tout le territoire, précise Jean-Philippe Moulin, consultant à Hautvillers, en Champagne. Tout dépend de l'environnement de l'exploitation, de la proximité d'une rivière, d'une nappe phréatique, d'une ville, d'un parc naturel. Des arrêtés municipaux peuvent aussi modifier les données du problème. L'étude peut commencer ensuite en considérant les grands niveaux d'impact que sont l'air, l'eau, le sol, le bruit, les hommes, l'intégration dans le paysage... Pour chaque activité, on regarde où l'on se situe par rapport à la législation. Ceci doit s'effectuer sur un cycle de production pour faire les observations au fur et à mesure sans rien oublier. 'A la cave des vignerons de Beaumes-de-Venise (Vaucluse), le diagnostic a été fait par un cabinet extérieur. ' A partir de là, nous savons sur quoi nous devons travailler. Nous allons donc choisir les points les plus critiques et nous fixer des objectifs ', explique la responsable qualité. A Saint-Emilion (Gironde), l'Union de producteurs a réalisé un premier diagnostic environnemental. Mais celui-ci devra être revu à la suite de la délocalisation d'une partie de l'activité de la cave.Au château de Boursault (Marne), la rédaction des procédures a commencé. ' Nous travaillons depuis la plantation jusqu'à la commercialisation avec l'aide d'un consultant car la norme est très difficile à interpréter. Pour chaque opération, il faut décrire la procédure, le mode opératoire... Dans le cas de la pulvérisation, on explique pourquoi c'est nécessaire, la façon de raisonner le traitement ainsi que le côté pratique de l'entretien et du réglage du pulvérisateur. Et ainsi de suite pour chaque opération pouvant avoir un impact sur l'environnement. Au niveau de la vinification, il existe des systèmes de collecte des sous-produits. L'une des difficultés vient des emballages plastiques (housses des palettes de bouteilles vides, sacs d'engrais...). Il est difficile de trouver un interlocuteur qui se chargerait de leur collecte. En ce qui concerne la commercialisation, il faut adhérer à un système d'écotaxe, Adelphe pour la France et son équivalent pour les autres pays dans lesquels nous vendons ', explique François Cuchet, régisseur du château de Boursault.L'une des principales difficultés rencontrées par les entreprises en cours de certification Iso 14 001 concerne la veille réglementaire. ' Nous devons obligatoirement nous tenir informé d'éventuelles modifications des textes. Mais l'information n'étant centralisée nulle part, cela demande un gros travail, d'où l'intérêt de s'entourer de spécialistes ', assure un responsable de cave. Pour autant, une cave peut être certifiée Iso 14 001 sans être en conformité avec la loi, dès lors qu'elle s'est fixée des objectifs et des moyens pour y parvenir selon le principe de la roue de Deming.Les motivations des différentes structures varient : laisser une planète propre pour les uns, respect de la notion de terroir pour d'autres, suite logique de la certification 9 002... Dans tous les cas, tous espèrent valoriser commercialement cette démarche respectueuse de l'environnement dans un contexte de grande sensibilité des consommateurs.