Comme tous les ans, la floraison a été une période délicate, pendant laquelle on redoute les excès climatiques qui peuvent perturber la fécondation. Une fois la nouaison achevée, dans la plupart des régions, on a pu relever des taux de coulure faibles et estimer globalement une récolte moyenne. Par ailleurs, après une précocité remarquable en 1997, la phénologie est dans la moyenne en 1998.En Alsace, où les températures étaient fraîches lors de la floraison, on a noté environ 10 % de coulure et la récolte 1998 s'annonce moyenne, sans excès. ' Le muscat ottonel, cépage le plus sensible chez nous, a beaucoup coulé. Heureusement, il représente une faible part de l'encépagement, explique Jean Schwach, de la chambre d'agriculture du Haut-Rhin. Dans le nord de Colmar, des comptages ont relevé une grappe à une grappe et demie par sarment, contre deux et demie à trois l'année passée. Par ailleurs, on observe des décalages importants, allant jusqu'à deux semaines entre parcelles, voire au sein d'une même parcelle. ' Dans le Loir-et-Cher, les médiocres conditions climatiques à la floraison ont fait craindre le millerandage sur gamay, mais il arrivera fin juillet au début fermeture de la grappe, sans encombre.Dans beaucoup de régions, on déplore un décalage des stades phénologiques. En Anjou, le froid a induit une hétérogénéité dans le développement des vignes et trois semaines de décalage. ' Compte tenu de l'étalement de la floraison, le positionnement des traitements antibotrytis est hasardeux. Il faudra voir leur efficacité en fin de campagne ', témoigne Claude Landron, de la chambre d'agriculture de l'Anjou. A Bergerac, la floraison s'est étalée; elle est hétérogène, surtout dans les parcelles qui ont subi quelques dégâts de gel. Début juillet, les vignes sont entre nouaison et fermeture, sans que le merlot ait coulé, et la récolte s'annonce bien, équivalente à 1997. Dans le Libournais et l'Entre-deux-Mers, les inflorescences sorties le plus précocement en avril ont coulé plus que les autres à la suite du froid. En Gironde, Bertrand Sutre, conseiller indépendant, constate : ' On dénombrait peu de grappes mais elles sont grandes. A la suite de la coulure, elles sont un peu plus lâches; les grains risquent de grossir avec les pluies de début juillet. De toute façon, la récolte s'annonce plus faible qu'en 1997. 'L'étalement des stades est également l'une des conséquences des gelées d'avril. Dans la Drôme, les vignes gelées sont bien reparties; elles auront une charge inférieure puisque des bourgeons ont été éliminés, mais peu de décalage car la gelée est intervenue sur des vignes peu avancées. Dans le Gard et l'Aude, les vignes gelées sont à nouaison, voire mi-floraison début juillet, alors que les parcelles ou les ceps non touchés sont à la fermeture de la grappe. ' Il y aura certainement un rattrapage mais il demeurera une hétérogénéité lors de la maturation, qui pourrait poser un problème à la récolte ', estime Gilbert Cazals, à la chambre d'agriculture de l'Aude.Dans les Pyrénées-Orientales, on attend également cette année une production inférieure à 1997. ' Depuis le début de la végétation, la vigne est en déficit hydrique. La croissance s'est interrompue sur certains terroirs, où cela n'a lieu habituellement qu'à partir du 14 juillet. La vigne commence à souffrir, les feuilles jaunissent. Par ailleurs, la sortie des grappes est faible à moyenne. Avec les conditions de sécheresse, on risque de produire des petits grains ', commente Alain Halma, de la chambre d'agriculture. Même constatation dans les Bouches-du-Rhône, où Didier Richy déclare : ' Sur les zones précoces, nous sommes au stade grappe fermée. Il n'a pas plu depuis le 10 juin et du mistral est annoncé. Les premiers symptômes de stress hydriques apparaissent, notamment sur les sols filtrants autour de l'étang de Berre. S'il ne pleut pas, on craint un blocage de la plante, des défoliations et un retard de maturité. '