Les titres qui parlent du vin ne manquent pas. Et quoi de plus normal que de vouloir y figurer. Sésame.
Entrer dans la presse grand public n'est pas affaire aisée. C'est une bonne façon de se constituer un fichier de clients potentiels car les articles sont souvent suivis de nombreux contacts ou de commandes. Divers titres existent : Vintage magazine, La revue du vin de France, Cuisine et vins de France, GaultMillau, La revue des sommeliers, La toque et le verre, Cuisine et gastronomie. La noblesse des grands vins se situe un peu à part, associant des cotations à des publi-reportages. Il y a aussi les revues propres à la grande distribution et celles des cafetiers.Avant d'entamer des démarches, il faut savoir quelle cible on veut viser : les professionnels, les fins connaisseurs, ou le consommateur lambda à la recherche d'un bon conseil pour un accord mets-vin au meilleur rapport qualité-prix.Jacques Sall, rédacteur en chef de Vintage magazine, est aussi viticulteur à Quincy (Cher). ' Il faut s'abonner ou acheter régulièrement la presse, conseille-t-il. Repérer les signatures, savoir avec quels titres les journalistes collaborent. Il n'y a rien de pire que de ne pas reconnaître l'auteur d'un papier qui a occasionné des ventes. ' L'AFJEV (1) est une association qui regroupe tous les journalistes écrivant sur le vin. Elle édite un annuaire permettant de s'y retrouver.La première étape est d'adresser des échantillons lors des dégustations, qui constituent la base d'information essentielle des journalistes. La presse est sensible à la mode, au marché, aux saisons. Elle parle des rosés en été, des vins moelleux en fin d'année. Mieux vaut être en phase avec ses cycles. En une année, le tour des grandes régions viticoles est bouclé.Dans une majorité de cas, les journaux passent par les syndicats et les comités interprofessionnels pour préparer leurs tournées. Soit ces organisations professionnelles préparent les dégustations, soit elles transmettent l'information à leurs adhérents. A charge pour eux d'adresser les échantillons aux rédactions. ' Il y en a toujours qui se réveillent trois semaines après la bataille ', relève Daniel Le Conte des Floris, rédacteur en chef adjoint de La revue du vin de France. Il faut être vigilant aux lettres et aux notes internes des syndicats car on y trouve les plannings des journaux.Certains numéros ou dossiers occasionnent des dégustations marathons de 200 à plus de 500 échantillons sans sélection préalable. Selon les revues, elles ont lieu en présence ou en l'absence des producteurs. Ne ressortent de l'épreuve qu'une vingtaine de sélectionnés dont quelques coups de coeur. ' Nous découvrons alors la fiche technique et l'après-midi, nous allons sur l'exploitation, indique Marie Grézard de la revue GaultMillau. C'est important d'avoir un aperçu de la cave, de la personnalité du vigneron. Souvent, nous connaissons déjà ceux qui sortent du lot. '' On est assailli par les coups de fil des attachés de presse qui veulent faire parler de leur client dans tel ou tel titre ', note Jacques Sallé. Et des dizaines de dossiers de presse arrivent chaque jour sur les bureaux des journalistes, tout comme des échantillons. Il y a ceux qui apprécient d'être ainsi alertés : ' On ne peut pas être au courant de tout, avoue Marie Grézard. Une fois par an, c'est bien que l'information vienne directement des viticulteurs. Ce qui nous intéresse? L'achat d'une nouvelle parcelle, une cuve particulière, un changement de maître de chais, un nouvel investissement en cuverie... ' Certains sont très réceptifs à l'envoi d'échantillons, d'autres moins. Jacques Sallé suggère, si l'on est très fier d'une cuvée particulière, d'envoyer trois millésimes différents pour avoir une idée de continuité. Après l'envoi d'un dossier, il ne faut pas hésiter à relancer les journalistes, en leur proposant des échantillons par exemple. Et autant viser le début de l'année, époque où se constituent les plannings rédactionnels.Les détails techniques (nature des sols, encépagement, densité, porte-greffes, mode de vinification, nombre de bouteilles par cuve...) sont toujours appréciés, ne serait-ce que pour dialoguer avec le viticulteur. Derrière un vin, le journaliste cherche quelqu'un. Or, certains se contentent de mentionner le nom du gérant ou les initiales de la société.' Au papier, on préfère la chaleur humaine ', ajoute Régis Cailleau, rédacteur en chef adjoint de Cuisine et vins de France. Daniel Le Conte des Floris approuve : ' Une belle plaquette me laisse froid. En revanche, une dégustation thématique est toujours intéressante ', dit-il, évoquant la dernière invitation de Louis Latour autour de la question : qu'est devenu le millésime 90 en Bourgogne, est-ce le plus grand depuis 1959?L'enthousiasme à fleur de peau mais toujours exigeants, ces hommes et ces femmes très sollicités ne sont pas inaccessibles. De passage à Paris, il suffit parfois de s'annoncer pour que la porte s'ouvre. La constance paie.(1) Association française des journalistes, chroniqueurs et écrivains de la vigne, du vin et des spiritueux, 43, rue de Naples, 75008 Paris.