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archiveXML - 1998

Les effervescents sont peu valorisés

La vigne - n°90 - juillet 1998 - page 0

Excepté pour les champagnes, les acheteurs des grandes surfaces assimilent plus les vins effervescents à des produits de grande consommation, type épicerie, qu'à des vins. Le manque de dynamisme de la filière est mis en cause par les distributeurs.

En 1996, plus des trois quarts des vins effervescents ont été achetés en grande distribution. Ce circuit de vente commercialise 88 % des mousseux (hors aromatisés) et 64 % des champagnes en France. Si la grande distribution est désormais un intervenant incontournable dans le secteur du vin, on observe des différences de politique d'achat entre les vins tranquilles et les vins effervescents. Pour ces derniers, les centres de décision sont plus concentrés. Probablement en raison d'une plus forte concentration des intervenants et d'un marketing plus poussé.Autre constat de l'étude : les volumes de vins effervescents varient énormément d'une enseigne à l'autre. Même constatation pour les prix : pour un indice 100 de moyenne pondérée, le prix moyen des champagnes va de 120 chez Prisunic à 97 chez Champion et même à 82 pour le hard discount. Pour les vins mousseux, l'échelle est encore plus grande, les indices allant de 141 pour Cora à 90 pour Intermarché et 66 pour le hard discount. Par ailleurs, la proportion de vins d'appellation (champagne et mousseux AOC) peut varier du simple au double dans les ventes globales de vins effervescents.Le marché des vins effervescents se distingue également de celui des vins tranquilles par une forte saisonnalité en fin d'année. Pour un indice moyen de 100 sur l'ensemble des effervescents, le mois de décembre affiche un indice de 179 quand celui de septembre s'élève à 91. Cette saisonnalité est très marquante pour le champagne, dont l'indice de décembre atteint 258!Du côté de la régionalisation, de nombreuses habitudes de consommation semblent bien ancrées. L'Ile-de-France représente 18 % des ventes de vins tranquilles mais 24 % des ventes de champagne. L'Ouest, de son côté, représente 21 % des ventes de vins tranquilles mais 36 % des volumes de mousseux non AOC (cuves closes...). La régionalisation est encore plus perceptible pour les crémants. Pour un indice national de 100, la consommation de crémant d'Alsace est de 588 en Alsace, celle du crémant du Jura de 733 dans le Centre-Est, ou encore celle du crémant de Bordeaux de 953 dans le Sud-Ouest. Certaines grosses AOC, comme la clairette de Die, la blanquette de Limoux ou encore le saumur, apparaissent plus comme des produits marketés que comme des AOC régionales de terroir. Elles sont donc mieux diffusées dans l'ensemble des régions mais présentent le handicap d'être substituables.Sur les 46,9 millions de bouteilles de champagne, 7,5 % ont été achetés en direct par les magasins, sans référencement dans les centrales nationales. Pour les mousseux, les distributeurs s'avèrent moins exigeants et directifs, laissant une place plus grande aux référencements régionaux. Ce qui est logique, étant donné la forte régionalisation de ces produits et leur valeur ajoutée moindre. Ces possibilités restent néanmoins limitées.L'Onivins remarque par ailleurs que l'engagement des acheteurs vis-à-vis des vins effervescents est beaucoup moins fort que pour les vins tranquilles, où chacun souhaite ajouter sa touche personnelle à la politique de l'enseigne. Il s'agit ici d'un marché de marques, de conditions commerciales, de remises, bref de rentabilité. ' Seules quelques AOC vierges de toute implication de grands groupes internationaux de spiritueux, comme les crémants, peuvent encore bénéficier d'une attention particulière et se permettre de tenir un discours produit ', estiment les enquêteurs de l'Onivins. Comme en témoigne ce chef de rayon, ' le mode d'achat des mousseux s'apparente plus à celui des eaux ou du Coca-Cola qu'à celui du vin, où la dégustation et les millésimes sont pris en compte. Le marché des mousseux semble très industrialisé '.C'est pour ces différentes raisons que les effervescents sont peu mis en avant lors des foires aux vins, contrairement aux vins tranquilles où l'offre est élargie de cuvées spéciales ou millésimées. Par ailleurs, les consommateurs ne stockent pas les vins effervescents - avec raison - mais achètent à court terme avant une fête. Ils se vendent donc au gré des événements familiaux, souvent concentrés lors de périodes comme le printemps et la fin d'année.Source : étude Onivins ' La filière des vins effervescents en GMS ' (avril 1998) et DVA Consultants.Etude réalisée auprès des enseignes.

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