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Glyphosate : les formulations font la différence

La vigne - n°91 - septembre 1998 - page 0

Contre les plantes annuelles, on observe peu de différence d'efficacité au sein de la multitude d'herbicides à base de glyphosate. En revanche, certains creusent l'écart face aux vivaces. Leur formulation est meilleure.

Visiblement, le glyphosate n'a pas pris trop de rides : près de trois cents spécialités en contiennent, dont une centaine homologuée sur la vigne. Depuis que cette molécule de Monsanto est tombée dans le domaine public, une quarantaine de sociétés se sont mises à la produire. Comment faire le bon choix parmi ces herbicides? Quelles sont les différences entre les produits prêts à l'emploi et les génériques? Autant de questions autour de cet herbicide, dont les utilisations augmentent toujours après vingt-cinq ans d'existence.Le glyphosate peut se présenter sous différentes formes. La plus connue est le sel d'isopropylamine, qui est employée dans deux cents spécialités (Azural AT, Buggy, Roundup Bioforce, Sting ST, Arrow 120...). Egalement courant, le sel de sodium tel qu'on le trouve dans le Roundup Géoforce ou le Buggy GS. Ces deux formes présentent des propriétés très proches. Le glyphosate sous forme de sel d'ammonium est beaucoup plus rare. Mais c'est peut-être une voie d'avenir pour développer un herbicide encore plus efficace. Enfin, le sulfosate fait lui aussi partie de la famille : c'est un sel de trisemium de glyphosate. La France est le seul pays ayant enregistré de façon distincte glyphosate et sulfosate.Deuxième différence entre formulations : les surfactants, qui ont pour rôle de faire pénétrer la matière active dans la plante. Une mission capitale! Après deux décennies de recherche, les firmes avouent qu'elles n'ont sans doute pas trouvé le surfactant idéal. ' Nous continuons à travailler sur les formulations, sachant qu'il faut huit ans pour en développer une nouvelle! ' explique Hervé David, de Monsanto. Des améliorations sont déjà là. Autrefois, le Roundup nécessitait d'être mélangé à la propriété avec son surfactant. Aujourd'hui, il existe des produits prêts à l'emploi, avec surfactant incorporé. Parmi ceux-ci, le Roundup Bioforce est le seul qui soit formulé avec des surfactants doux. Il se distingue par son absence de classement toxicologique.Les autres produits prêts à l'emploi renferment des surfactants classiques et sont classé Xi, c'est-à-dire qu'ils présentent des risques d'irritation pour la peau et les yeux. Le sulfosate est classé Xn, c'est-à-dire nocif. Les génériques sont le plus souvent des copies du glyphosate (sous forme de sel d'isopropylamine) avec une formulation minimum : on doit leur ajouter un surfactant. Sans cet adjuvant, on risque une mauvaise pénétration de la matière active, même en poussant la dose.Attention : certains génériques importés ne sont pas aux normes car ils contiennent trop d'impuretés, telles que les nitrosamines. Et la qualité de leur formulation peut varier d'une année sur l'autre, ce qui joue sur l'efficacité. Les distributeurs sont compétents pour conseiller des glyphosates de bonne qualité (Shadow, Cosmic...) avec le surfactant approprié. ' Des adjuvants tels que Génamin, Frigate, Oura S qui sont des amines grasses, conviennent bien. En revanche, d'autres tels que Li 700 n'apportent rien. On ne doit pas ajouter n'importe quoi au glyphosate ', signale Hervé David. Certains distributeurs le confirment : un générique nécessite de pousser un peu la dose pour obtenir l'efficacité voulue sur des vivaces ou des mauvaises herbes un peu difficiles. En raison du prix, l'utilisateur peut s'y retrouver : le litre de Roundup banalisé tourne autour de 35-40 F contre 60-70 F pour le Roundup Bioforce.Après avoir travaillé la réduction de doses dans les années quatre-vingt, on revient à l'application plus stricte des doses homologuées. Sur vivaces, des doses réduites ont montré leurs limites. Plusieurs essais réalisés par Maïsadour ont été menés sur potentille, liseron, chiendent... ' Le Roundup Bioforce semble moins efficace que l'ancienne formule Roundup + Génamin que l'on employait autrefois, sans que l'on puisse expliquer pourquoi ', avoue Didier Darrieutor, de Maïsadour. A tel point qu'il faut souvent monter les doses à 8-9 l de Roundup Bioforce pour obtenir de bons résultats sur vivaces.Monsanto recommande pour sa part de respecter les doses homologuées sur vivaces, soit 10 à 12 l/ha. A la CAPL (Coopérative d'approvisionnement Provence-Languedoc) dans le Vaucluse, des essais sont conduits sur vivaces depuis deux ans. ' Nous avons testé à la dose homologuée le Roundup Bioforce, le Roundup Géoforce, le Roundup Expert, l'ancien Roundup, du sulfosate et un glyphosate banalisé, explique Alain Martin, du service technique de la CAPL. Fin septembre, la meilleure efficacité sur chiendent développé a été obtenue avec le Roundup Expert avec 85 %. Ensuite venaient le Roundup Bioforce (80 %), le Roundup Géoforce (75-78 %), le sulfosate (74 %), l'ancien Roundup (72 %)... puis le glyphosate banalisé décrochait à 50 %. En regardant les repousses quelques mois plus tard, on a vu que les Roundup Bioforce et Expert donnaient la meilleure efficacité. 'Sur chiendent, en particulier, et sur la plupart des vivaces, la formulation semble jouer fortement. Il ne faut pas oublier que les surfactants présents dans les formules prêtes à l'emploi renforcent la pénétration sur les feuilles et dans les rhizomes. Pour contrôler les mauvaises herbes annuelles, les écarts entre formulations semblent moins nettes. D'après les travaux du pool Uncaa, le générique se montre parfois équivalent aux formulations prêtes à l'emploi. C'est en fonction de la flore que l'on pourra miser à moindre risque sur un générique.

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