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archiveXML - 1998

Traiter en fractionnant

La vigne - n°92 - octobre 1998 - page 0

Une collaboration entre l'équipe de biotransformation des dérivés agro-industriels de l'Inra de Pech Rouge (Aude) et la société Imeca Della Toffola a permis de mettre au point un système de traitement des effluents par séparation puis concentration des différents constituants.

L'étude détaillée des effluents vinicoles montre que l'éthanol et les sucres sont les principaux responsables de la charge polluante. Ils représentent en effet entre 91 et 98 % de la DCO de l'effluent. Cette demande chimique en oxygène donne la quantité totale de pollution oxydable contenue dans l'effluent. Les autres constituants de l'effluent sont les acides tartrique, malique et/ou lactique, le glycérol, l'acide succinique et l'acide acétique, présent en proportion variable. En sortie de cave, les effluents sont dégrillés pour éliminer les particules solides puis envoyés dans une cuve tampon. Les sucres contenus dans les effluents pendant les vendanges sont alors transformés en alcool par fermentation.Le procédé d'évapo-concentration à condensation fractionnée (ECCF) entre alors en jeu. L'effluent passe dans un premier temps sur une colonne de fractionnement. L'alcool, récupéré et condensé, se situe entre 30 et 40 %. L'effluent désalcoolisé est ensuite concentré. On obtient, d'une part, un condensat et, d'autre part, un concentré.Le condensat représente plus de 98 % du volume d'effluent initialement traité. Il s'agit d'eau susceptible d'être rejetée dans le milieu naturel. Elle est en effet déminéralisée, stérile et ne contient ni matières en suspension, ni azote, ni phosphore. Si l'effluent était riche en acétique, on peut en retrouver à ce niveau. Mais il semble envisageable de l'éliminer préalablement au cours du process. La partie concentrée renferme tous les éléments non volatils comme l'acide tartrique et le glycérol.Les différentes fractions obtenues peuvent être éliminées ou valorisées. La phase alcoolique est susceptible d'être vendue aux distilleries qui l'utilisent comme alcool industriel après rectification. Le concentré peut aussi être amené en distillerie au même titre que le marc mais il n'y a pas de rémunération. Enfin, le condensat, qui constitue la plus importante des trois fractions, peut être rejeté dans le milieu naturel ou réutilisé sur le site, par exemple pour le lavage d'éléments qui ne sont pas en contact direct avec le vin.Le rendement d'épuration annoncé de l'ECCF se situe entre 97 et 99 %. Le procédé a déjà fonctionné sur des sites de préparation d'apéritifs à base de vin et de traitement des pruneaux. Pour cette campagne, l'installation tourne à la cave des Vignerons du Roy René, à Lambesc (Bouches-du-Rhône) afin de valider le système en site viticole.L'un des intérêts de cette installation est la facilité de la mise en oeuvre. Elle fonctionne à plein régime dès le premier jour, contrairement à certains systèmes biologiques. Elle supporte aussi d'importantes variations de charge, ce qui permet de traiter les effluents en continu. D'un point de vue économique, on estime que l'investissement n'est envisageable que pour des caves produisant plus de 30 000 hl (en considérant qu'1 hl d'effluent est rejeté pour 1 hl de vin produit). On peut donc imaginer de traiter sur un même site les effluents de plusieurs caves. Le dimensionnement de l'installation dépend des pics d'apport. Mais on peut trouver un compromis en prévoyant un stockage plus ou moins important, ce qui évite de surdimensionner l'appareil. Des essais en cours devraient permettre de déterminer combien de temps et dans quelles conditions les effluents vinicoles peuvent être stockés sans altérer leur composition. On teste notamment l'intérêt d'un léger sulfitage après fermentation alcoolique des sucres de l'effluent.Pour son fonctionnement, l'ECCF a besoin d'énergie, de vapeur et d'air comprimé. La valorisation des différentes phases semble pouvoir couvrir une grande partie des frais de fonctionnement. L'installation peut tourner 24 h/24 et demande un nettoyage hebdomadaire d'après les fabricants. Enfin, pour ce qui est du suivi, il est prévu de relier les installations au siège d'Imeca par informatique.

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