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Vendre du vin sur Internet

La vigne - n°92 - octobre 1998 - page 0

Internet, réseau mondial de communication, est maintenant une réalité. On y trouve des centaines de sites viticoles, français et étrangers... qui ne sont souvent qu'une plaquette publicitaire améliorée. Mais il existe aussi des sites pionniers, à travers lesquels on vend directement du vin.

Le potentiel du commerce électronique en matière de vin est colossal. Sur ce point, les jeunes sociétés conceptrices de sites viticoles que nous avons rencontrées sont toutes d'accord : Internet est aussi un outil de vente. Sans bouger de chez lui, un internaute français ou étranger peut commander du vin, le payer et le recevoir à domicile. Mais avant d'analyser comment s'y prennent concrètement ces entreprises pionnières, il convient de resituer Internet dans sa globalité, tant il est vrai que ce ' machin ' fait parfois peur. Pour preuve, le témoignage d'une vigneronne du Beaujolais qui a fini par suivre une formation. ' On est souvent sollicité par fax, courrier... pour être sur Internet mais nous ne savons pas si c'est intéressant et à quel prix. 'Internet (le Web, le Net ou la ' toile ') est un réseau mondial de communication, comme si tous les ordinateurs de tous les pays étaient connectés par le biais des lignes téléphoniques. Il y aurait 150 millions d'internautes sur la planète. Chacun peut donc aller voir des sites dans le monde entier pour y chercher tout type d'information, dialoguer mais aussi acheter ou vendre. C'est interactif. Chaque site a une adresse, comme une adresse postale ou un numéro de téléphone quand on désire joindre quelqu'un. Certains n'hésitent pas à être dithyrambiques sur le sujet : ' Ce n'est pas d'évolution mais de révolution qu'il faut parler. Avec Internet, le rapport au monde se trouve modifié, à tel point que les véritables possibilités du réseau n'apparaissent encore que de manière diffuse. Après le passage de l'oral à l'écrit, celui du manuscrit à l'imprimé, nous connaissons une troisième mutation majeure. Elle est à la fois technologique et sociale ', explique-t-on chez France Télécom (ou d'ailleurs on lance Télécommerce pour créer et héberger des sites à des fins commerciales).Dans tous les cas, on prédit à Internet un boom proche, au moins égal à celui du fax il y a dix ans ou de la téléphonie mobile depuis deux ans. Mais il faut garder la tête froide : ce réseau n'est qu'un média. De plus, comme tout le monde peut y mettre ce qu'il veut (à condition de respecter la loi), il convient de conserver un esprit critique et vigilant, même si le réseau à terme s'autorégulera. Les informations n'y sont pas vérifiées (comme pour les pages d'une revue écrite par des journalistes, par exemple).Pour être connecté à Internet, la procédure est simple et peu onéreuse : avoir un ordinateur, un modem et prendre un abonnement auprès d'un des nombreux fournisseurs d'accès (AOL, Wanadoo...).Vous pouvez les contacter par téléphone et recevoir un kit de connexion. Pour moins de 100 F/mois (les prix sont à la baisse car la concurrence est féroce), il est possible d'obtenir une durée de connexion illimitée, une ou plusieurs adresses électroniques (pour recevoir et envoyer du courrier) et un service d'assistance. Le tout en payant, le plus souvent, le prix d'une communication locale pour la connexion, quel que soit l'endroit d'où est issu le site consulté. Une fois installé, la planète est à vous : vous pouvez ' naviguer ' sur le Web, c'est-à-dire gambader de site en site. Un site peut avoir de quelques pages à plusieurs centaines; elles peuvent contenir du texte, des photos, des films... (c'est du multimédia) et également renvoyer à d'autres sites.Deux accueils peuvent décourager l'internaute débutant. D'abord, les différentes pages du site consulté peuvent tarder à venir à l'écran : s'il y a beaucoup de monde sur le réseau, c'est l'embouteillage comme sur une autoroute. Un sentiment de lenteur. Ensuite, comme il se crée des milliers de sites quotidiennement dans le monde, on peut avoir du mal à s'y retrouver avec le sentiment d'être inondé de tout et de n'importe quoi. Le mieux est évidemment d'avoir l'adresse d'un site. Mais Internet, c'est aussi l'intérêt de la découverte. On peut donc taper un mot, par exemple ' vin ', et grâce à un moteur de recherche, voir apparaître la liste de tous les sites viticoles qu'il a recensés (comme on est recensé auprès d'une grande surface). Une dizaine de moteurs de recherche existent dans le monde (Yahoo, Altavista...). Ils sont souvent américains.C'est aux Etats-Unis que les balbutiements d'Internet ont eu lieu dans les années soixante. Depuis le début de la décennie, c'est la ruée. Là-bas, où le taux d'informatisation des entreprises mais aussi des particuliers est élevé, nombreux sont les utilisateurs de cet outil au quotidien.Comme toujours, l'Atlantique a été traversée quelque temps plus tard : d'abord en Europe du Nord puis maintenant en France. Avec un million d'utilisateurs individuels d'Internet (2,7 millions si on ajoute les universités et les entreprises), l'Hexagone arrive en troisième position sur le continent européen, derrière la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Point intéressant : il s'agit des deux principaux clients des vins hexagonaux!Le terrain se prépare en France. D'un côté, le gouvernement a lancé des programmes d'équipement dans les écoles... où sont les internautes de demain (et qui arrivent à convaincre les parents). De l'autre côté, le prix des équipements est à la baisse : tout le monde a vu les offres d'ordinateurs à moins de 4 000 F dans les supermarchés, en septembre.Les besoins des internautes vont dans trois directions principales. Premièrement, chercher de l'information auprès de banques, d'universités, de fournisseurs potentiels, etc., comme si on consultait de chez soi des bibliothèques, des notices de matériels... Cette information est le plus souvent gratuite, mais parfois aussi payante (code d'accès, abonnement...). Deuxièmement : le courrier électronique (e-mail en anglais). On peut converser avec un client, un importateur ou un ami en composant un texte sur son ordinateur et en l'envoyant dans la boîte aux lettres du destinataire. C'est plus rapide et moins cher que le téléphone, le fax ou le courrier papier. C'est une fonction ' forum ' : des groupes de discussion sur des thèmes précis se forment dans le monde. On peut aussi imaginer des réseaux internes à certaines professions, appelés Intranet. Troisième fonction d'Internet : le commerce. C'est avoir sur son bureau une fenêtre ouverte sur une galerie marchande mondiale, ouverte 24 h/24, 7 jours/7.' Internet, c'est la revanche du consommateur ', claironne même Bill Gates, le ' pape ' américain de l'informatique, patron de Microsoft. Il est directement en contact avec le fournisseur, sans intermédiaire. Aux Etats-Unis, il est possible de commander, via Internet, un pantalon ' à façon ' : on donne ses mesures, le fabricant le réalise et le livre. Il en est de même pour des ordinateurs avec le type d'écran, la puissance, la couleur... souhaités. En France, on a été un peu sensibilisé à cette approche via le Minitel (instrument unique au monde) mais Internet, c'est mondial et bien plus puissant!Dans l'Hexagone, la quasi-totalité des sites viticoles que nous trouvons sur la toile sont des sites vitrines. Des syndicats, interprofessions, caves particulières, coopératives, châteaux, maisons de cognac ou de champagne... présentent leurs activités et leurs produits. Souvent pour se faire plaisir car ces sites sont plus ou moins regardés, le grand enjeu d'Internet étant d'être vu au milieu de la masse! En fait, la logique est là, entre la plaquette (que l'on pourrait se procurer dans un syndicat d'initiative) et la prévente (contact commercial).C'est là, par exemple, qu'en est Isagri, leader de l'informatique agricole en France. Cette entreprise, basée à Beauvais (Oise), a lancé Terre-net l'année dernière. On y trouve notamment vingt-cinq exploitations viticoles qui ont fait confectionner leur site par cette entreprise, pour un prix allant de 7 000 à 20 000 F.' Des contacts débouchant sur des ventes ont déjà eu lieu. Même si nous sommes prêts, nous ne proposons pas encore la possibilité d'acheter directement du vin sur le Net, nous attendons que le paiement par carte de crédit soit plus sûr ', indique un responsable.Car voilà le principal obstacle (apparent?) de ce commerce électronique. En la matière, il est difficile d'y voir clair : pour certains, ce n'est pas plus dangereux que le Minitel ou que laisser un relevé dans un distributeur automatique; pour d'autres, un risque existe, celui du piratage de son numéro de carte de crédit.Dans tous les cas, des sociétés de commerce électronique viticole se sont lancées. Nous les avons rencontrées. Dans un milieu en voie de structuration, elle ont choisi des chemins différents mais avec la même finalité : mettre en contact des producteurs, petits ou moyens, qui veulent développer leurs ventes, notamment à l'exportation, et qui souhaitent ne pas se compliquer la vie avec toutes les tracasserie administratives inhérentes au commerce du vin (accises, TVA, transport...).

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