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Revenir à des vignes étroites

La vigne - n°93 - novembre 1998 - page 0

Les deux frères, à la tête d'un vignoble en pleine transformation, recherchent la solution la plus favorable pour parvenir le plus rapidement à de hautes densités.

François-Xavier et Pierre de Saint-Exupéry possèdent une exploitation viticole dans l'appellation Pécharmant (Dordogne) et un élevage de bovins à viande. Cette double activité a en partie orienté leur choix, à la suite du grand gel de 1956 qui a détruit 90 % de leur vignoble, de replanter des vignes larges, à la place des parcelles à 5 000 souches par hectare (densité traditionnelle de l'appellation à cette époque). Ainsi les tracteurs de polyculture pourraient-ils être utilisés dans la vigne. Les autres vignerons de l'appellation, souvent dans une situation identique, ont fait de même et une proportion importante des surfaces s'est trouvée plantée à 2 500 pieds/ha.En 1987, à la suite d'une réflexion sur les densités de plantation, le décret de l'AOC Pécharmant a été modifié, imposant une densité minimale de 4 000 pieds/ha, la transformation devant être effectuée avant 2020. Au-delà de cette date butoir, les parcelles inférieures à 4 000 pieds/ha perdront le droit à l'AOC.Au château de Tiregand, c'est en 1989 que les premières vignes à 4 000 pieds/ha sont replantées. Depuis, 7 ha sont à la densité requise par l'appellation Pécharmant. ' C'est une transformation très coûteuse par les frais d'arrachage et de plantation, que j'estime à eux seuls à 90 000 F/ha, et ensuite par le manque à gagner des quatre années où l'on ne récolte pas la parcelle, explique François-Xavier de Saint-Exupéry. Mais la différence qualitative est marquée. La surface foliaire est plus importante, ce qui permet une meilleure maturation. En 1998, les vignes de merlot plantées à 2,50 m ont été ramassées à 13°5 potentiels une semaine avant les vignes larges qui, elles, étaient à 12°8 en moyenne. Cette avance d'une semaine peut sauver la vendange de la pluie ou de la pourriture certaines années. De plus, les ceps sont moins chargés, les grappes moins entassées et l'état sanitaire est meilleur. 'En vignes étroites, le nombre de bourgeons à l'hectare est supérieur, ce qui garantit une récolte plus importante en cas de gel. C'est également la raison pour laquelle elles ont un rendement à l'hectare supérieur, malgré une charge par souche plus faible. ' Nous avons fait une vendange verte en juillet et, malgré tout, elles ont produit 48 hl/ha en 1998, contre 41 hl/ha pour les vignes larges que nous n'avions pas éclaircies. En conservant des vignes larges, nous nous privons en moyenne d'un demi-tonneau (un tonneau contient 900 l) de vin de qualité par hectare, ce qui représente environ 6 000 F ', ajoute François-Xavier de Saint-Exupéry.Ces replantations ont également été l'occasion de choisir des sols plus chauds pour les cabernets francs et laisser les sols plus froids aux merlots, ce qui était négligé dans les plantations précédentes.' Il nous reste 32 ha à planter et si nous voulons être prêts en 2020, il faut soutenir le rythme de 1,5 ha/an. Nous ne pouvons pas trop accélérer le mouvement avec cette méthode, en raison des années sans production, constate notre interlocuteur. Mais le problème, c'est que pendant plusieurs années, nous garderons une part importante du domaine en faible densité, produisant des raisins moins mûrs et moins concentrés... ' Actuellement, la politique du château de Tiregand est de faire deux cuvées, les meilleures parcelles (dont font partie les vignes étroites chaque année), servant pour le premier vin.L'une des solutions envisageables, testée par quelques vignerons de Gironde et de Dordogne, serait de replanter un rang entre les deux, soit un écartement de 1,75 m. Au printemps, l'épamprage doit être fait manuellement afin de sélectionner un pampre bien placé, que l'on laissera aoûter. A la taille suivante, on rabaisse à 60 cm les pieds précédemment établis à 110 cm. La replantation est précédée d'un sous-solage du rang.' Dans les exemples que j'ai vus, le seul pampre produisait 25 hl/ha la première année, puis donnait beaucoup l'année suivante, mais la production se régularisait par la suite ', ajoute François-Xavier de Saint-Exupéry.Il lui reste désormais à faire toute l'étude de faisabilité de cette solution. Pour passer dans des vignes à 1,75 m, il faudra s'équiper d'un tracteur vigneron. ' Jusqu'à présent, nous ne voulions pas car, d'une part, quelques parcelles sont en coteaux, inaccessibles au tracteur vigneron, et d'autre part, ce type de tracteur ne nous est d'aucune utilité pour l'élevage. Cette décision accompagnera le recentrage de notre activité sur le métier de vigneron. ' L'épamprage et l'effeuillage thermique sont effectués grâce à des outils portés : pour travailler les vignes larges, ils sont portés sur le côté. Ils pourront être utilisés pour les vignes étroites, à condition d'être portés devant ou derrière.Les temps de travaux ne seront pas nécessairement beaucoup augmentés, grâce à une évolution judicieuse de la mécanisation. En effet, le vieil atomiseur, utilisé en face par face, a été remplacé par un pulvérisateur pneumatique traitant deux rangs à la fois. François-Xavier de Saint-Exupéry souhaiterait également s'équiper d'un outil permettant de rogner deux rangs à la fois.

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