A sa reprise de l'exploitation familiale, Vincent Grégoire a souhaité marquer un changement mais dans la continuité.
J'étais partagé entre l'envie de changer et l'attachement au modèle de l'étiquette que mon père a toujours eue , attaque Vincent Grégoire. Déjà installé à Bourgueil (Indre-et-Loire) depuis 1988, il était à la tête d'une exploitation séparée fiscalement et administrativement de celle de son père. Au départ en retraite de celui-ci, Vincent Grégoire reprend tout le domaine familial. La raison sociale de l'exploitation ayant changé, il a donc fallu modifier l'étiquette, ce qui fut l'occasion de revoir sa présentation globale.' Notre étiquette a toujours représenté l'habitation de ma grand-mère, avec le bâtiment de la cuverie sur la droite. C'est une maison qui a plus de cent ans. Je pense qu'elle représente un repère, une identification pour les clients, poursuit Vincent Grégoire. Depuis une dizaine d'années, nous sommes passés aux étiquettes autocollantes, ce qui nous a poussé à changer une première fois. Nous avions une étiquette rectangulaire et une collerette, et les machines capables d'appliquer les deux simultanément en version autocollante étaient beaucoup plus chères. Nous avons donc abandonné la collerette et choisi une étiquette ' en chapeau de gendarme ', sur laquelle nous apposons nous-mêmes le millésime par thermo-impression. De plus, ce système nous évite de gaspiller des étiquettes. 'En 1997, un projet de nouvelle étiquette est demandé au fabricant. Un nouveau papier, crème et toilé, remplace l'ancien, blanc et brillant. Vincent Grégoire souhaite rester dans la gamme de prix des étiquettes monocouleur et se décide pour une impression bleue. La mention ' domaine des Geslets ' apparaît plus large. ' Il faut choisir entre mettre en avant le nom du vigneron ou celui du domaine. Je pense que c'est le nom du domaine que les clients retiennent le mieux. Dans cette même optique, je vais changer le panneau qui signale l'exploitation. Il est ancien et porte encore le nom de mon père. Mais il va être remis à neuf pour la route des vins de Bourgueil et portera le nom du domaine, peut-être le mien mais en plus petit, raconte Vincent Grégoire. J'ai tenu à conserver la mention ' viticulteur-propriétaire ' car je pense que c'est une notion à laquelle les clients accordent de l'importance. J'ai également ajouté mon numéro de téléphone sur l'étiquette : lorsque le vin passe par le circuit CHR (cafés-hôtels-restaurants), les clients qui l'ont apprécié peuvent le noter et nous contacter plus facilement. Mais comme cela fait juste un an, je n'ai pas pu évaluer l'impact de cet ajout. 'Sur les nouvelles étiquettes bleues, le millésime s'imprime en lettres dorées. Une nouvelle capsule bleue, à liseré et inscription ' Val-de-Loire ' dorés, a remplacé l'ancienne capsule rouge. Pour parachever l'ensemble, Vincent Grégoire a adopté la bouteille développée par la verrerie Tourres, en collaboration avec le syndicat des vins de Bourgueil : sur le modèle de la bourguignonne traditionnelle, cette bouteille a une bague plate et porte à l'épaule la signature ' Bourgueil ' et des emblèmes (clés entrecroisées, fleur de lys et tour d'un château).' Tout ceci m'a finalement peu coûté, explique Vincent Grégoire. La nouvelle maquette d'étiquette coûtait 500 F; la bouteille n'est pas plus chère que la bourguignonne traditionnelle que nous avions; seule l'étiquette est passée de 29 à 35 centimes, en raison du changement de papier. 'Le prochain projet de Vincent Grégoire est d'améliorer la présentation des cartons et des courriers. Il utilise des cartons de 3 et 6 bouteilles mais prévoit de n'utiliser que des cartons de 6 bouteilles. Sur ceux-ci ainsi que sur les courriers et enveloppes, il souhaiterait faire imprimer le logo du domaine en fond et d'une couleur plus pastel.' Nous nous sommes posés beaucoup de questions sur la taille et la police des mentions de l'étiquette, et la seule chose qui frappe les clients, c'est le changement de papier et la couleur de la capsule. Certains n'ont rien vu du tout! Mais c'est conforme à ce que j'attendais : je n'aurais pas voulu que ce changement soit trop flagrant et interprété comme une rupture avec la période où mon père était en activité. '