L'observatoire viticole du Bergeracois a rendu ses premières conclusions en 1998. Cette photographie de l'ensemble de la filière donne aux professionnels les éléments indispensables à la mise en place d'actions concrètes.
L'activité économique des vins de Bergerac est intimement liée à celle du Bordelais. En 1998, cette règle ne s'est pas démentie. En effet, les acheteurs de vins de Bordeaux se sont reportés sur des produits proches et complémentaires, mais moins chers : les vins de Bergerac. Sur la campagne 1997-1998, 642 000 hl ont été commercialisés. Cela représente une hausse de 27 % par rapport à la période précédente, et un record puisque la barre des 500 000 hl n'avait jamais été franchie. Cette hausse a concerné les ventes en vrac et les ventes directes à la propriété. Dans ce deuxième cas, les plus fortes progressions ont été enregistrées sur les appellations Monbazillac (25 %), Pécharmant (29 %) et Bergerac rouge (33 %). Au niveau des transactions en vrac, les cours ont progressé de 10 % pour les appellations Bergerac rouge, Pécharmant et Bergerac sec. ' Il y a une progression mais on partait de très bas, rappelle Michel Royère-Blanchard, président de la Fédération des vins du Bergeracois. Actuellement, le blanc sec se vend entre 5 et 6 F/l; c'est beaucoup mieux que 2,50 F mais, même à ce prix, on couvre à peine les frais de revient. Cela ne permet pas d'avoir une politique dynamique d'investissement. ' Les bergeracs rouges se situent aux environs de 7 000-7 500 F le tonneau (900 l). ' Il faut souhaiter que nos voisins ne se cassent pas la figure car cela ne manquerait pas de nous entraîner. En effet, quand le tonneau de bordeaux est à 11 000 FF et celui de bergerac à 7 500 FF, les clients peuvent préférer le second. En revanche, si les deux vins sont au même prix, ils choisissent le bordeaux. Notre priorité est donc de fidéliser la clientèle. Cela passe notamment par des prix rémunérateurs tout en restant raisonnables ', constate un professionnel.Pendant longtemps, certains se sont irrités d'être dans l'ombre de ce grand voisin bordelais. Mais, depuis deux ans, la filière vitivinicole a choisi une stratégie de communication différente qui consiste à se positionner comme ' l'autre grand vignoble d'Aquitaine '. C'est dans cet esprit que l'interprofession de Bergerac a organisé pour la deuxième année son rendez-vous aquitain des vins de Bergerac, en présence de représentants du négoce et des courtiers de la région. Il faut en effet rappeler que plus de 60 % des vins de Bergerac sont vendus par le négoce, dont deux tiers par des maisons bordelaises. Cette rencontre a permis de faire le point sur le millésime et les données économiques mais aussi de faire déguster de nombreux échantillons aux opérateurs présents.Les responsables de l'interprofession ont aussi pu présenter les contrats d'achats pluriannuels mis au point à l'automne 1998, dont l'objectif est de limiter les fluctuations de prix. Les deux parties s'engagent pour deux ou quatre ans sur un volume donné, les cours étant précisés au début de chaque campagne. On peut choisir comme référence les prix indicatifs donnés par la Fédération. Le négociant bénéficie d'un délai de paiement supplémentaire; le vigneron peut escompter les traites à un taux préférentiel.C'est pour répondre à cette question qu'une grande enquête a été réalisée dans le Bergeracois. Les professionnels désiraient en effet réaliser un état des lieux complet. Il ressort déjà de l'étude que près de 2 000 ha (sur les 12 000 ha que compte le vignoble) se retrouveront sans repreneur direct dans les années à venir. Les deux tiers de cette surface sont constitués de petites parcelles situées dans les zones périphériques de l'appellation. Les professionnels souhaitent, dans un premier temps, mettre en place un service qui serve d'intermédiaire entre de futurs retraités, désireux de vendre leurs vignes ou leurs droits, et des candidats à l'installation afin d'éviter que des surfaces ne se perdent. Une réflexion est aussi en cours pour essayer, lorsqu'une petite surface se libère en périphérie, de la transférer dans une autre zone pour conforter une exploitation existante ou dans le cadre d'un projet d'installation.Lorsqu'un jeune s'installe, il a besoin de données chiffrées pour monter son dossier. Il est aussi apparu qu'une majorité des vignerons vendant en bouteilles ne connaissent pas leur coût de revient et fixent donc leur prix de vente sans en tenir compte. Le manque de données économiques s'est nettement fait sentir. Les fonds restant au terme de la première enquête seront utilisés pour réaliser ce travail de collecte de données. Ce sont des étudiants de l'Enita de Bordeaux qui mèneront cette étude.L'enquête a aussi fait ressortir un besoin en compétences techniques. ' Les principaux conseils que nous pouvons recevoir viennent de vendeurs de produits, de matériels ou de services. Nous avons besoin de conseils plus neutres et de formations ', souligne Michel Royère-Blanchard. Au niveau de la commercialisation, on regrette l'absence de structures locales susceptibles de négocier de gros volumes, notamment vers la grande distribution. Certains évoquent la possible mise en place de groupements de commercialisation.La grande distribution constitue un débouché important de Bergerac avec 25 % des ventes. Au cours de la dernière campagne, les ventes sur ce secteur ont progressé de 11 % en volume et 14 % en valeur. 65 % des vins vendus sont des rouges. Sur les 35 % restants, un tiers de ces vins sont des blancs secs, deux tiers sont des moelleux et des liquoreux. Monbazillac a d'ailleurs mis en place une grande opération avec les enseignes Leclerc. 250 journées d'animation sont prévues dans toute la France d'ici au mois de mai 1999. Elles sont assurées bénévolement par les vignerons. Pendant la même période, les bouteilles présentes en linéaires portent une collerette présentant l'appellation et un jeu : ' Gagnez de l'or '. Il s'agit de bijoux en or ou de bouteilles de Monbazillac, selon les lots. En effet, la signature de l'appellation est ' l'or, fruit de patience '. ' Comme l'ensemble de notre stratégie de communication, cette opération traduit la volonté des professionnels de sortir de la crise en poussant les ventes de Monbazillac plutôt qu'en restreignant la production. Nous avons aussi besoin de retravailler l'image de l'appellation afin de mieux la positionner ', explique Edgard Goui, président du syndicat.