ImprimerLorsque la mine de Portel-des-Corbières (Aude) a fermé, la cave coopérative a aménagé une partie des galeries en chai d'élevage. Conçu pour la visite, ce lieu majestueux abrite également des objets retraçant la vie des hommes de ce terroir.
Les raisins ont besoin du soleil pour mûrir alors que les vins, eux, apprécient l'obscurité. Les visiteurs qui découvrent le chai d'élevage des caves Rocbère, à Portel-des-Corbières (Aude), éprouvent physiquement ce contraste. Après avoir parcouru un sentier à flanc de colline, qui surplombe le village et le vignoble, ils descendent à 80 m sous terre par une galerie boisée d'une centaine de mètres de long. Ils arrivent dans une vaste cathédrale creusée dans le gypse, qui abrite un millier de barriques. La température (entre 16 et 17°C) et l'humidité (proche de 90 %) offrent au vin de bonnes conditions d'élevage. Le visiteur, lui, trouve calme et fraîcheur dans ce monde souterrain, animé par des jeux de lumière qui mettent en valeur la roche.Dans cette petite région des Corbières, les habitants ont longtemps vécu de la mine et de la vigne. Commencée en 1807, l'extraction du gypse s'est achevée en 1992. Les plâtres Lafarge, qui exploitaient alors le site, ont accepté de le céder à la cave coopérative pour y créer un chai. Le projet, conçu au moment où la loi Evin sortait (janvier 1991), a intégré dès le départ un volet communication. Les lieux sont aménagés pour recevoir le public et la sécurité y est renforcée. Pour animer la visite, la cave s'est appuyée sur l'association ' Les amis de Portel '.Présidée par un ancien mineur qui avait à coeur de conserver la mémoire du lieu, elle a récupéré auprès des habitants de nombreux objets dormant au fond des greniers et des caves, et les a installés dans les galeries. Le visiteur peut découvrir la reconstitution d'un atelier de tonnelier, une série d'outils destinés au travail du sol, à la pulvérisation et à la vinification, un camion-plateau Citroën datant de 1932, une maquette grandeur nature d'une villa gallo-romaine ou encore une mise en scène du travail à la mine en 1950.Les trois guides, qui se relaient pour accompagner les groupes, ajoutent des commentaires qui donnent vie à ces objets.' Notre but n'est pas de détailler toute la chaîne technique de la vigne jusqu'au vin ou du gypse jusqu'au plâtre, mais plutôt de piquer la curiosité des gens et de provoquer des questions ', explique Dominique Mallet, la directrice de Terra Vinea. Ouvert en 1994, le lieu a vu sa fréquentation augmenter rapidement.' L'été reste la saison de forte affluence, avec 25 000 à 30 000 personnes en deux mois, mais hors saison, il y a également des visiteurs, ce qui nous permet de rester ouvert en continu et de pérenniser des emplois. 'Le prix d'entrée (30 F) couvre les amortissements et les frais de fonctionnement. La vente directe au caveau dépasse les 100 000 cols par an. La beauté du site souterrain attire des personnes qui ne se seraient pas forcément déplacées uniquement pour déguster, mais qui profitent de l'occasion pour découvrir les vins de la région. Ce lieu, qui intéressait la Cogema pour y stocker des déchets industriels, est finalement devenu un site touristique apprécié par les visiteurs mais également par les habitants, qui y amènent leurs amis. Il contribue à faire connaître les vins de la cave, les terroirs de l'appellation Corbières et, plus largement, le métier de vigneron.