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Vin de l'Egypte

La vigne - n°95 - janvier 1999 - page 0

Bien que la vigne ne soit pas indigène dans la vallée du Nil, elle fut cultivée avant les premiers pharaons. Elle est venue sans doute de la côte orientale de la Méditerranée.

Les plus anciens pépins retrouvés en Egypte datent du IVe millénaire avant J.-C. et la plus vieille amphore des environs de 3 000 ans avant J.-C. On connaît surtout le vin égyptien par les pancartes d'offrandes présentes dans les tombes et qui indiquent la liste des denrées offertes au mort pour sa seconde vie. On le connaît aussi par les étiquettes des jarres qui ont servi au transport marchand.La vigne est surtout cultivée dans le delta du Nil, où elle trouve à la fois des coteaux bien exposés et des sols de graviers stabilisés, favorables à la production du vin. Plus on va vers le sud, plus la culture se raréfie, mais on en trouve encore en Nubie. Un peu partout, la vigne prend le nom de plante du coteau. C'est une variété noire qui est cultivée, à grosses baies, et il semble qu'on ait surtout élaboré des vins rouges.Il ne faut pas imaginer de grands vignobles. Ce sont plutôt des jardins clos de murs, où la vigne voisine avec les oliviers, les figuiers et les grenadiers, où elle est arrosée par les eaux du fleuve ou par les jardiniers qui, les peintures le montrent, portent la palanche et deux jarres d'eau en équilibre sur l'épaule. C'est dire que les vignobles sont de petites tailles. La vigne est conduite en berceau, treilles ou pergolas et on ne connaît guère de vignes basses.Les vendanges ont lieu généralement au début du mois de juillet. Les raisins sont mis dans des couffins et portés à la cuve de foulage montée sur place. Cette cuve en pierre est surmontée d'une grosse corde à laquelle les fouleurs se tiennent pour ne pas glisser. Des musiciens rythment le travail; un déversoir permet de faire couler le moût dans un bassin situé un peu plus bas; c'est là qu'on le puise, un peu décanté, pour le mettre dans les jarres où il va fermenter. Parfois, on laisse la fermentation commencer dans le bassin même.Pendant ce temps, le marc est recueilli dans des sacs dont les deux extrémités sont attachées à deux forts montants de bois plantés dans le sol. A l'aide d'un bâton de torsion, on comprime le contenu du sac et le moût est recueilli au-dessous. Les peintures des tombes et des temples représentent bien ces plus anciens pressoirs. Le vin de presse est mêlé au vin de goutte dans les jarres.Le moût fermente d'abord à l'air libre dans les jarres. Après quelques jours, il est transvasé dans des jarres propres et on le filtre. Les jarres sont alors touchées par un tampon serré de feuilles de roseau qu'on enduit d'argile afin de constituer un gros bouchon qui enserre le col de la jarre. L'argile étant encore fraîche, on pratique latéralement un petit trou dans le bouchon pour permettre aux gaz de s'échapper sans compromettre la solidité du récipient. Ce n'est que lorsque cette seconde fermentation est achevée qu'on bouche le trou latéral. Les jarres de vin, surtout celles qui sont destinées à la vente, portent les mentions de l'année et du cru; le vin ne se conserve pas plus d'une dizaine d'années parce que les jarres sont poreuses; les Egyptiens ne connaissent pas l'enduit résineux qui assura plus tard la parfaite étanchéité des amphores grecques et romaines. Généralement, on distingue trois mentions sur les étiquettes d'accompagnement : ' vin ', ' bon vin ', ' très bon vin '; il existe aussi du vin doux et du vin mélangé, notre piquette.Tous ces vins, produits en petites quantités (un vignoble royal ne dépasse pas 8 ha et 150 hl de vin), sont destinés aux temples pour les libations qui accompagnent le culte et aux classes supérieures. Jamais l'Egyptien moyen de l'époque ne boit de vin, sauf distribution exceptionnelle opérée par les Autorités, par exemple pour fêter une victoire. Une petite partie de ces vins est exportée, soit vers l'est (Palestine et Syrie), soit vers la Grèce où ils sont appréciés comme les meilleurs vins étrangers. Ce n'est qu'à partir de l'occupation romaine que le vignoble égyptien deviendra un vignoble industriel de masse qui alimentera tout le bassin de la Méditerranée.

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