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Une vie animale riche, des plus grands au plus minuscule

La vigne - n°96 - février 1999 - page 0

Renards, hérissons, chauves-souris, chats sauvages... fréquentent nos vignobles. On y trouve aussi le plus petit mammifère de la planète, une musaraigne particulière, la pachyure étrusque.

Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour les goujats. ' On connaît la réaction dépitée du renard de La Fontaine, dans l'impossibilité d'atteindre des raisins bien mûrs mais haut perchés. Le renard n'est pas le seul mammifère à fréquenter les vignobles. Bien d'autres espèces y vivent ou les visitent à l'occasion. Ils sont le plus souvent furtifs, discrets, nocturnes et, de ce fait, beaucoup moins visibles que les oiseaux auxquels nous avons consacré un précédent article (La Vigne de mars 1996, p. 79).Ainsi donc, Maître Renard vient croquer quelques grains de raisin, de même que la fouine, moins strictement carnivore qu'il ne semblerait, ou le blaireau, omnivore pataud pour lequel tout fait ventre. D'autres visiteurs sont davantage importuns : les vignerons doivent parfois prendre des mesures de protection à l'encontre des lapins et des sangliers; ces derniers labourent le sol de leur groin.Revenons aux carnivores avec le chat sauvage (à ne pas confondre avec le chat domestique redevenu plus ou moins sauvage) : splendide félin à la queue en massue et annelée, pesant jusqu'à 12 kg, le chat sauvage vagabonde quelquefois dans les vignobles, en Bourgogne notamment.Si vous rencontrez dans votre vigne un hérisson présentant au milieu du front, une raie nette entre les piquants, vous avez découvert une rareté. Encore faut-il que vos vignes se situent en Provence et que vous ayez une chance insigne. Le hérisson en question est certainement d'Algérie. Cette rare espèce a pu être considérée comme une ' relique ' de l'ère tertiaire. Il est plus probable qu'elle a été introduite par les hommes en Europe.Rhinolophe signifie houppe sur le nez. C'est le nom donné à des chauves-souris qui portent sur le nez une sorte de ' feuille ' en trois parties, l'une d'elles ayant une forme de fer à cheval. Cette ' feuille ' sert à guider les ultrasons que l'animal émet par... les narines (et non par la bouche). Or, le plus rare de nos rhinolophes, le rhinolophe euryale, est l'hôte des vignobles. Long de 5 cm, avec une queue de 3 cm, c'est une espèce méridionale qui occupe la moitié sud de notre pays. Son pelage dorsal est gris-brun, avec une nuance lilas. Son ventre est crème. Cette espèce étrange, considérée comme archaïque, est en voie de disparition.Avec un peu de chance, vous pouvez encore observer au crépuscule, venu d'une grotte voisine, un rhinolophe euryale chassant les insectes au-dessus d'un vignoble.Gardons-nous de confondre les musaraignes avec les souris. Ce ne sont pas des rongeurs mais des insectivores. D'une voracité extrême, elles dévorent non seulement des insectes mais aussi.... des souris. C'est la musaraigne des jardins que l'on rencontre surtout dans les vignes. Elle peuple les régions méridionales de France et d'Europe. Gris roussâtre dessus et gris jaunâtre dessous, elle mesure 6 cm auxquels s'ajoutent 3 cm pour la queue. Appréciant maquis et terrains secs, elle fréquente les vignobles en terrasses dans les Pyrénées-Orientales, où elle élit domicile sous les murets en pierre sèche, les ' feixas ' propres au Roussillon.Nous avons gardé pour la bonne bouche le plus remarquable des mammifères des vignes, car c'est tout simplement le plus petit de la planète... Qu'on en juge par ses dimensions lilliputiennes. Tête et corps : 3,5 à 5 cm; queue : 2,4 à 3 cm; poids : 1,5 à 2,6 g. C'est aussi une musaraigne, la pachyure étrusque. Pachyure parce qu'on lui attribuait une queue épaisse, étrusque parce qu'elle habite l'Italie. Son pelage est gris, plus clair dessous. Elle est l'hôte de la moitié sud de la France. L'oeil vif et nez mobile, elle fréquente donc les vignobles et notamment, elle aussi, ceux du Roussillon. Ce petit monstre est réputé pour sa voracité : elle engloutit sauterelles, scarabées, mantes religieuses, etc. Comme la musaraigne des jardins, la pachyure étrusque présente une charmante habitude : les caravanes. Autrement dit, l'un des jeunes prend entre ses dents la queue de sa mère, un autre prend la queue du premier, et ainsi de suite pour les cinq à dix jeunes que la femelle entraîne vers un abri sûr.

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