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Un faible danger

La vigne - n°96 - février 1999 - page 0

Les concentrations en herbicides dans les nappes sont très inférieures au seuil de toxicité pour l'homme. Les niveaux observés dans les rivières n'inquiètent pas les poissons, mais les algues.

Est-ce vraiment si grave que cela? Même si la question peut sembler téléguidée par les firmes et, à ce titre, pernicieuse, posons-la. Si l'on s'en réfère aux normes en vigueur dans l'Union européenne, on répondra de manière affirmative. L'eau potable ne saurait contenir plus de 0,1 microgramme par litre d'une matière active donnée. La somme de toutes les matières actives ne peut dépasser 0,5 microg/l. Or, ces seuils sont souvent dépassés. Selon un bilan récent (1), dans les eaux souterraines, l'atrazine est, en France, le principal pesticide en dépassement. Sur dix analyses, on la retrouve deux fois à une teneur supérieure à 0,1 microg/l. Mais comme les vignerons ne l'utilisent pas, ils ne peuvent rien contre elle.En revanche, ils peuvent réduire la pollution par la simazine. Elle dépasse la norme dans 5 % des cas, ce qui la classe au troisième rang des substances contaminantes. Le chiffre est faible. Lorsqu'on y regarde de plus près, il semble bien qu'il ne représente qu'un danger infime. Selon les analyses de la DDASS, jamais la concentration en simazine ne dépasse 0,5 microg/l dans les captages d'eau potable. Ce niveau est quatre fois inférieur à la valeur indicative de l'OMS (Organisation mondiale de la santé). Or, cette valeur présente une grande marge de sécurité.Reste le problème des épouvantables cocktails de pesticides pour lesquels il n'existe aucune norme de santé publique. On ne peut totalement l'écarter. Mais il faudrait d'extraordinaires synergies pour que les substances aient ensemble un effet qu'elles n'ont pas seules, tellement leurs concentrations sont inférieures aux seuils toxiques. La santé des hommes ne semble donc pas mise en danger.Et celle des poissons? Ils sont aux premières loges. Les rivières renferment bien plus de pesticides que les nappes souterraines. Ils arrivent en masse au moment des orages. Lors de précipitations exceptionnelles, l'Inra de Montpellier a mesuré jusqu'à 1 mg/l de simazine et de diuron dans les eaux de ruissellement à la sortie de parcelles, soit dix mille fois plus que la norme européenne. Dans les rivières, les concentrations sont bien moindres du fait de la dilution. Pour une matière active donnée, on dépasse exceptionnellement 50 microg/l. Les poissons ne souffrent pas de nager dans de telles eaux. Les seuils de toxicité pour eux sont mille fois supérieurs. D'après les maigres informations dont nous disposons, les algues ne sont pas du tout dans le même cas. A la suite des pluies, les concentrations en herbicides grimpent jusqu'aux niveaux toxiques pour ces plantes aquatiques. Elles chutent ensuite à des valeurs beaucoup plus basses. Parmi tous les êtres vivants qui peuplent les rivières, les algues sont les plus menacées. Comme elles sont au début de la chaîne alimentaire, leur destruction ne saurait être sans conséquences. Les rivières méritent donc d'être protégées.(1) 'Les pesticides dans les eaux', de l'Institut français de l'environnement. Octobre 1998.

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