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Des gestes propres

La vigne - n°96 - février 1999 - page 0

Les fonds de cuve sont une source de pollution. Il faut les éliminer intelligemment.

Ce sont des conseils de bon sens. Mais si l'on en juge par le résultat de certaines enquêtes, ils ne sont pas appliqués. Et pour cause : une part importante de la pollution des eaux serait due au déversement sauvage de produits phytosanitaires dont on ignore ou sous-estime les conséquences.Si l'on exclut les actes malveillants, ces déversements ont lieu au moment du remplissage des pulvérisateurs ou à la fin des traitements. L'accident le plus fréquent est le débordement par manque de surveillance. On le prévient en restant sur place ou, de façon moins contraignante, en s'équipant d'une vanne volumétrique. Ce genre d'accessoire coupe l'eau dès que le volume programmé s'est écoulé.Le traitement terminé, il reste le fond de cuve. Il est trop souvent vidangé dans les cours, sur les chemins ou en bout de champ sans autre forme de procès. Ce déversement est l'acte polluant par excellence. Comme il se produit sur une surface compactée, voire étanche, la bouillie court immédiatement vers les fossés ou les cours d'eau. Il y a deux manières d'y remédier : soit on recueille le fond de cuve, soit on le dilue et on l'épand.Selon la Protection des végétaux de Bourgogne, la première solution convient davantage aux herbicides. Le volume recueilli peut être cédé à un voisin ou utilisé dans un appareil à dos pour désherber les recoins de parcelles inaccessibles au tracteur. La seconde solution est plus appropriée à l'élimination des bouillies fongicides ou insecticides. Pour ce faire, on dilue le reste dans quatre à cinq volumes d'eau puis on repasse sur la parcelle à grande vitesse. Bien que des vignes soient traitées deux fois, le risque de les intoxiquer par surdosage est infime.Avant de songer à éliminer le fond de cuve, il faut veiller à le diminuer. Ceci nécessite une intervention car rares sont les cuves conçues pour réduire au maximum le volume mort. La plupart d'entre elles ont un fond plat. En fin de traitement, elles contiennent encore une dizaine de litres. Avec un puits d'aspiration, ce volume chute à quelques litres. Il s'agit d'une déformation en creux dans laquelle plonge le tuyau relié à la pompe. Des artisans proposent d'en installer sur des cuves existantes. Ce petit équipement s'amortit rapidement du fait des économies qu'il occasionne. Il en est de même des systèmes antigouttes dont l'intérêt vis-à-vis de l'environnement est de supprimer les écoulements en bout de rang.Associées au rinçage soigneux des bidons, ces mesures porteront leurs fruits si elles sont appliquées par tous. Elles éviteront que l'Administration en prenne d'autres sous la pression du ministère de l'Environnement, où des fonctionnaires espèrent voir tous les villages agricoles s'équiper de stations de lavage des pulvérisateurs et de traitement des restes de bouillie. Un village suisse a concrétisé ce rêve. Il coûte 540 F/ha en frais de fonctionnement et d'entretien. C'est à coup sûr plus cher qu'un peu de rigueur dans l'élimination des fonds de cuve!

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