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Le coût réel d'un salarié

La vigne - n°97 - mars 1999 - page 0

De l'avis des conseillers de gestion, la main-d'oeuvre reste le poste de charges le plus fluctuant entre les différentes exploitations de même taille.

Souvent, des viticulteurs me demandent quel serait le salarié le plus intéressant en terme de coût, selon les aides à l'emploi, les exonérations... , témoigne Gaby Wampfler, du centre de gestion du Bas-Rhin. Je leur rappelle que la priorité reste de trouver la bonne personne. ' La main-d'oeuvre représente un poste important en viticulture. De nombreux vignerons se focalisent donc sur cette charge en cherchant à la réduire. ' On retrouve le même raisonnement pour les successions, poursuit un conseiller. Au premier rendez-vous, l'objectif est de minimiser les coûts. Mais dès que le processus de réflexion est engagé, c'est l'équilibre du partage entre les enfants et la pérennité de l'entreprise qui prédominent. 'La gestion de la main-d'oeuvre suppose un arbitrage entre la qualité et l'ambiance de travail, la disponibilité des salariés en cas de travail urgent et, bien sûr, le coût. La majorité des exploitations viticoles comptent des salariés avec des statuts divers : permanent, CDD saisonnier, apprenti... Le château Haut-Bailly, dans les Graves (Gironde), est une belle illustration de cette diversité. Douze salariés sont permanents, dont neuf sont affectés au travail de la vigne. ' Parmi ces neuf salariés, deux femmes sont payées au prix fait mensualisé et s'occupent seules de leurs parcelles, explique Serge Charritte, responsable technique. Les autres salariés sont en équipe de deux ou trois, jamais plus, de façon à maintenir l'efficacité du travail. 'Le roulement des stagiaires, de tous niveaux, équivaut à un plein temps. Serge Charritte complète son effectif en faisant appel à la société de travail temporaire Manpower, qui lui propose ponctuellement une ou deux équipes de six salariés, avec un chef d'équipe. Pendant quelques années, 30 000 pieds ont été sous-traités par un CAT (Centre d'aide par le travail). Le comportement des salariés varie-t-il selon leur statut? ' Les personnes employées à plein temps s'investissent globalement plus dans leur travail, estime Serge Charritte. Néanmoins, la présence de main-d'oeuvre extérieure apporte un peu de compétition et rappelle à chacun que nul n'est indispensable. ' Le calcul du coût réel d'un salarié doit donc intégrer des données économiques mais aussi plus subjectives (capacité d'initiative en cas d'absence de l'employeur, absentéisme...). ' La viticulture affiche de bons résultats, rappelle un vigneron. N'oublions pas notre rôle social et ne favorisons pas la précarité des salariés. 'Le Centre départemental de gestion rurale de la Marne (CDER) estime que la main-d'oeuvre représente 20 à 25 % des coûts de production. ' Entre deux exploitations de même taille, les coûts de main-d'oeuvre peuvent varier du simple au double, voire même au triple, analyse Jean-Pierre Rouffet, conseiller de gestion. Pour les vendanges, les coûts vont de 10 000 à 25 000 F/ha. Les facteurs de fluctuation sont multiples : l'âge du viticulteur, la présence d'enfants, le morcellement ou non de la vigne, l'âge de l'équipement, la pente du vignoble, les cépages, la conduite en lutte raisonnée... Pour un salarié du niveau C, échelon 1 (tâcheron), le salaire horaire brut s'élève à 49,19 F, soit un salaire annuel brut de 95 700 F. Avec les charges patronales, le coût de ce salarié sera de 136 000 F. Si le vigneron est dans la tranche d'imposition de 30 %, le coût sera de 95 000 F après les déductions de charges sociales de l'exploitant et les impôts sur le revenu du foyer. Si le foyer est dans une tranche d'imposition de 50 %, le coût s'élèvera à 65 000 F. ' En Champagne, 1 ha de vigne nécessite entre 500 et 1 000 heures de travail. Or, un contrat de tâche comprend habituellement 490 heures auxquelles il faut ajouter 50 heures de travaux mécaniques (traitements, rognage...). La différence du nombre d'heures travaillées par hectare est assez significative (15 à 20 %). En déduisant la prime de précarité de 10 % qui n'existe pas pour les salariés permanents, la baisse du coût de la main-d'oeuvre est généralement comprise entre 10 et 15 %. Ce raisonnement est transposable dans la majorité des vignobles.La grille des salaires de l'agriculture est déterminée lors des commissions paritaires, où siègent les représentants des salariés et des employeurs. Elle varie selon les régions, les écarts étant toutefois assez faibles. Pour le paiement à la tâche, tous les départements n'ont pas de tarifs officiels. Dans le Vaucluse, par exemple, les prix sont fixés entre les deux parties sans accord départemental. En Gironde, ils sont décidés selon la région viticole et le statut du prix faiteur. Pour un prix faiteur intégral qui s'occupe de l'ensemble des travaux d'une parcelle, le temps passé pour tailler 1 000 pieds en guyot simple, en dehors du Médoc, est estimé à 9 h 30 pour une rémunération brute de 407,08 F.Pour favoriser l'emploi, les différents gouvernements ont mis à la disposition des employeurs des aides (voir tableau). Pour les embauches à temps partiel (32 heures maximum) en CDI, les cotisations pour les assurances maladie et vieillesse, les accidents du travail et les allocations familiales sont réduites de 30 %.Les contrats initiative emploi (CIE) bénéficient également de mesures avantageuses. Le CIE peut être un CDI ou un CDD de 12 à 24 mois. Un temps partiel de 16 heures minimum entre aussi dans ce cadre. Ce contrat, qui s'adresse à certaines catégories de chômeurs, comprend une exonération partielle des cotisations patronales et des subventions, pouvant aller jusqu'à 2 000 F/mois pendant 24 mois. La liste exhaustive de ces aides est disponible auprès de la FNSEA ou de certains syndicats viticoles. Mais à l'heure où un salarié spécialisé en viticulture est difficile à trouver, la recherche de ces aides reste secondaire...

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