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Des métis en bonne voie

La vigne - n°97 - mars 1999 - page 0

L'Inra a obtenu de nouvelles variétés en croisant certains cépages entre eux. Deux d'entre elles sortent du lot dans le Midi. Une troisième semble prometteuse à Cognac.

L'Inra a croisé des cépages afin d'obtenir de nouvelles variétés, appelées métis. L'un des rôles du domaine de Cazes, acheté en 1967 par la chambre d'agriculture de l'Aude, est d'étudier ces obtentions. ' Avec cette acquisition, les professionnels ont voulu tester toutes les possibilités qui s'offraient à eux afin de faire progresser la qualité ', explique Camille Vilotte, le responsable du domaine.Le portan, le chenanson et le ganson ont été obtenus à l'Inra de Montpellier il y a une quarantaine d'années. Le portan est précoce et peu sensible à la pourriture et à la coulure. ' Il est sensible au gel et à cause de son débourrement précoce, ne repousse pas fertile, signale Camille Vilotte. Il donne des vins peu agressifs, avec des caractères aromatiques floraux. Il est souvent élaboré en vins primeurs. ' Tout comme le chenanson et le ganson, il a été créé à une époque où le caractère aromatique n'était pas encore un critère de sélection. ' Ces métis sont donc un peu dépassés actuellement ', souligne Camille Vilotte.En blancs, l'Inra de Montpellier a donné naissance au chasan (listan × chardonnay). Ce cépage a conservé le caractère aromatique du chardonnay mais il a emprunté au listan son manque d'acidité, ce qui l'empêche de se développer en zone trop méridionale. La sélection bordelaise a, quant à elle, créé l'arriloba (raffiat de Moncade × sauvignon) et le perdea (raffiat de Moncade × chardonnay). Ces deux variétés manquent aussi d'acidité.On voit ensuite apparaître à Montpellier le caladoc (grenache × cot) et le marselan (grenache × cabernet sauvignon). Le caladoc se développe bien en zone méridionale. Il est plus aromatique qu'un grenache. C'est un cépage productif, qui donne un vin charpenté avec une bonne intensité colorante. Le marselan semble prometteur pour le Languedoc-Roussillon. Il possède un port très érigé, ses baies sont très petites. Il ne semble montrer pour l'instant aucune sensibilité particulière aux maladies. La seule interrogation, comme le souligne Camille Vilotte, risque d'être son comportement vis-à-vis de l'eutypiose. Ses feuilles sont découpées comme le cabernet sauvignon et brillantes comme le grenache. Il supporte bien les zones sèches. ' C'est une variété qui colle au goût du consommateur ', dit-il.Ces deux cépages ont été étudiés par l'ICV (Institut coopératif du vin). Pendant trois années de suite, les raisins issus du domaine de l'Inra, à Villeneuve-lès-Maguelonne (Hérault) ont été suivis analytiquement et vinifiés. A la dégustation, il est noté que ' les vins de marselan possèdent les caractéristiques aromatiques et gustatives correspondant à un positionnement sur le marché des vins de cépages haut de gamme. La nature et la complexité de leurs arômes (notes de poivre noir, confiture et réglisse), la puissance et la rondeur des sensations en bouche, alliées à une grande finesse du grain des tanins, les situent sans conteste parmi les grands vins méditerranéens '.Dominique Forget, ingénieur recherche et développement à l'ICV, poursuit sa description avec les vins issus de caladoc : ' Leurs caractéristiques gustatives les positionnent davantage en milieu de gamme du créneau des vins de cépage où la puissance tannique prime sur la rondeur en bouche '.Venant de Bordeaux, l'arinarnoa (merlot × petit verdot) possède quelques caractéristiques intéressantes. C'est un cépage rustique à débourrement tardif. Il est productif. Son vin est coloré, avec des arômes intéressants, qui lui viennent sans doute du petit verdot; il manque de gras et l'acidité est un peu élevée, défaut qui peut être gommé en coteaux secs. L'égiodola (fer servadou × abouriou) a un débourrement précoce, qui le rend sensible au gel. Il donne des vins colorés, avec des arômes et une structure moins marqués que l'arinarnoa. Il peut servir en primeur. Camille Vilotte signale que ces deux variétés l'ont intéressé pour leur aptitude à remplacer l'alicante bouschet, cépage teinturier de la région.Toutes ces nouvelles variétés sont freinées dans leur développement : il faut de longs essais avant de les inscrire et de les multiplier. Il peut donc y avoir un décalage entre les critères de sélection et la demande du marché. Ensuite, on ne peut pas les utiliser en AOC. De plus, à part le chenanson, le portan et le chasan, on ne peut pas en faire des vins de pays d'Oc. Malgré ces obstacles, certaines sortent de l'ombre du fait de leurs qualités.

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