La biodynamie passionne les médias et dérange bon nombre de scientifiques par son côté plus intuitif que rationnel. Les biodynamistes, eux, estiment avoir trouvé la voie d'une agriculture plus équilibrée. A chacun de se faire son opinion.
Comme en agriculture biologique, les produits de synthèse sont proscrits en biodynamie. Mais à la différence de l'agriculture biologique, la démarche du biodynamiste ne s'arrête pas là. L'objectif central de la biodynamie est de ' rétablir puis de maintenir l'équilibre qui devrait exister entre la plante cultivée et son milieu, tant terrestre qu'aérien '. On estime en effet que meilleur est cet équilibre, moins la plante sera sensible aux attaques des maladies et des parasites (voir La Vigne n° 42, p. 32). Le travail du biodynamiste s'articule donc autour de deux axes : équilibrer et lutter.Pour lutter, il dispose d'un arsenal classique comme le cuivre, le soufre, les Bacillus thuringiensis, les prédateurs naturels et des préparations moins conventionnelles, basées sur le principe de l'homéopathie.La recherche de l'équilibre s'appuie sur d'autres préparations, destinées au sol, au développement des racines, du feuillage.... Pour renforcer la structure du sol, on apporte de la matière organique sous forme d'un compost. En plus ou en remplacement du compost, de manière à stimuler la dégradation de la matière organique et à apporter des micro-organismes au sol, les biodynamistes utilisent du compost de bouse. La préparation 500 (bouse de corne) agit, elle, sur le système racinaire et favorise son développement. La préparation 501 (silice de corne) est utilisée pour stimuler la partie aérienne de la plante. Ces trois préparations sont dynamisées dans de l'eau puis pulvérisées sur le sol pour les deux premières, sur le feuillage pour la troisième. La dynamisation consiste à mélanger la préparation à l'eau pendant vingt minutes à une heure, en tournant alternativement dans un sens puis dans l'autre. Cela crée un tourbillon grâce auquel le mélange capte l'influence cosmique du moment. La position des planètes et des constellations revêt en effet une grande importance en biodynamie, de même que les forces ascendantes ou descendantes du soleil. On cherche donc au maximum à choisir les dates et les heures d'intervention en fonction de ces paramètres.Les biodynamistes peuvent aussi utiliser un certain nombre de tisanes à base d'achillée, de valériane, d'ortie, d'écorce de chêne, de prêle... Selon les cas, elles sont utilisées pour ensemencer les tas de compost ou en pulvérisation sur le sol ou la vigne, seules ou associées.Ces différents éléments constituent une base de travail que chaque biodynamiste adapte à son vignoble.De nombreux observateurs, très sceptiques quant à l'utilité des tisanes, des différentes préparations ou de la dynamisation, n'hésitent pas à parler de fumisterie, voire de charlatanisme et demandent des preuves. Beaucoup estiment en effet que seuls le cuivre et le soufre permettent aux biodynamistes de préserver leur récolte, le reste n'étant que poudre aux yeux.' Cette pratique repose sur un certain nombre de concepts non vérifiables. Certains vignerons en biodynamie ont de très bons résultats mais est-ce lié à cette méthode ou simplement à une bonne maîtrise générale de la viticulture en terme de rendement, de vigueur... Toute la difficulté vient du fait que l'on se base sur des observations et non sur des expérimentations rigoureuses permettant de porter un jugement objectif. Finalement, on est réduit à y croire ou à ne pas y croire, ce qui est scientifiquement gênant, considère un technicien.De leur côté, les biodynamistes estiment que les résultats obtenus sur leurs exploitations sont des preuves suffisantes et qu'il ne leur appartient pas de mener des expérimentations pour convaincre qui que ce soit. Après quelques années où les deux communautés ont gardé leurs distances, le dialogue semble renaître. L'Inra de Bordeaux projette une réunion d'information informelle entre des biodynamistes et des enseignants-chercheurs car même si le scepticisme demeure, c'est une occasion d'ouvrir le dialogue.En Champagne, l'interprofession va suivre sur plusieurs campagnes deux parcelles, l'une menée de façon classique, l'autre en biodynamie en analysant différents paramètres du sol, de la vigne et du vin. Un projet semblable pourrait voir le jour avec la chambre d'agriculture de Gironde. Là encore, il ne s'agit ni de cautionner, ni de critiquer mais d'essayer de se faire une opinion de la manière la plus objective qui soit. Une attitude raisonnable et constructive qui devrait contenter l'ensemble des protagonistes.La dynamisation se fait dans des récipients dont l'intérieur est rond et à bord droit. On tourne à la main ou mécaniquement dans un sens puis dans l'autre. De cette manière, l'eau s'enrichit de la préparation ajoutée et de l'influence cosmique du moment. Une pratique regardée avec beaucoup de scepticisme par les chercheurs et les techniciens.