Jusqu'au XVe siècle, les vignes de la région de Liège (Belgique) parviennent, tant bien que mal, à assurer la consommation de cette principauté gouvernée par l'évêque de la ville.
Au Moyen Âge, même dans les régions septentrionales où l'on n'est pas sûr de faire régulièrement du vin, et surtout du bon vin, on s'acharne à cultiver la vigne pour produire au plus près. Dès le Xe siècle, tous les grands établissements religieux de la région de liège possèdent des vignobles sur les bords du Rhin et de la Moselle, et même dans les régions de Laon et de Soissons. Rapidement, les religieux s'aperçoivent que ces vignobles, déjà lointains pour l'époque, sont difficiles à surveiller et que les transports coûtent cher. Ils décident alors de planter de la vigne aux abords de la ville qui dispose de coteaux et de replats favorables le long de la Meuse. Le réchauffement climatique des XIe et XIIIe siècles incite d'ailleurs à étendre les vignobles vers le nord.Vers 1300, le chapitre cathédrale de la ville possède ainsi 16 ha de vignes, à l'intérieur des murs de la cité et hors de la ville. Il s'agit de vignes closes concédées à des colons, qui les exploitent à mi-fruits et qui ont, en plus pour leur subsistance, la jouissance d'un lopin de terre. Les religieux assurent la police des vignes et publient le ban des vendanges. Les raisins sont foulés dans des cuves aux pieds des vignobles et les marcs portés en ville où se trouvent les pressoirs. A partir du XIIIe siècle également, on voit les habitants les plus riches de la ville (les patriciens) acquérir des vignes pour placer les bénéfices tirés de leurs activités urbaines.Dès la fin du XIIIe siècle, les vignerons sont regroupés en une corporation dont le premier règlement connu date de 1343. Deux gouverneurs représentent la profession au conseil de la cité et sont chargés de faire leur rapport après avoir visité les vignes. Des amendes sont infligées aux vignerons qui ne respectent pas les règles de l'art. Le temps d'apprentissage du métier est fixé à trois ans et les vignerons doivent participer aux quatre grandes processions annuelles qui se déroulent dans la ville. Ils ne travaillent pas le samedi après-midi, ni le dimanche. Ils participent aux obligations militaires et fêtent la Saint Vincent le 22 janvier. Tout vol dans les vignes d'autrui fait perdre l'appartenance à la corporation. Les vignerons, gagés pour la plupart, peuvent aussi posséder leur petite maison, un jardin et une petite vigne, quelques dizaines d'ares.Les marchands de vin (les viniers) forment une corporation particulière, complètement distincte de celle des vignerons. Enrichis par le commerce, ils peuvent accéder aux fonctions urbaines (échevinat) et à la noblesse. Ils achètent et transportent surtout les vins étrangers, dont ils doivent indiquer le cru et ne pas les mêler aux vins locaux. Il leur arrive également de proposer les vins du pays quand il y a des excédents commercialisables, principalement les années abondantes. Ils doivent vendre purs les vins importés et interdiction leur est faite de mélanger les crus. De même, à une époque où l'on vend en tirant directement un broc ou un pot du tonneau, il leur est interdit de reboucher un tonneau mis en perce et de passer à un autre, comme il leur est interdit de mêler vin vieux et vin de l'année.Par charrois ou par bateau (la Meuse n'est navigable qu'à partir de Mézières), les vins arrivent de Beaune, de la rive droite de la Marne, du Laonnais, d'Auxerre ou de Bar-sur-Aube. Mais on trouve aussi des produits plus lointains : vins d'Alsace, très prisés; vins du Poitou qui arrivent par Damme, l'avant-port de Bruges; vins de Vienne (vallée du Rhône) et même vins d'Espagne ou vins grecs. Le refroidissement du climat, sensible surtout à partir des années 1550, ruine le vignoble local et provoque sa reconversion.A la fin du XVIIIe siècle, seuls quelques coteaux privilégiés sont encore voués à la vigne. Depuis longtemps déjà, les cultures maraîchères et les vergers ont remplacé les ceps et ont fait disparaître une vieille tradition.