Le 26 février 1999, les décrets sont signés : les AOC Viré-Clessé et Irancy sont nées. Après de longues années de démarches, les vignerons bourguignons ont vu leurs efforts couronnés de succès.
Il aura fallu pratiquement trente-cinq ans d'efforts pour que l'appellation Viré-Clessé (Saône-et-Loire) voit le jour! Dans les années soixante, les vignerons de Viré faisaient leur première demande de classement. Elle fut refusée pour cause de surface insuffisante. Dix ans plus tard, les professionnels récidivaient en réunissant cette fois dix-sept communes. Le projet était encore repoussé : surface trop importante. Le syndicat de Viré est reparti à l'assaut en 1988 et le dossier a stagné un certain temps. En 1991, la commune de Clessé déposait, elle aussi, une demande d'appellation communale. La commission d'enquête de l'Inao, dans son rapport de 1994, donnait un avis favorable, à condition que les deux villages fassent cause commune et qu'une seule appellation village voit le jour.Grâce aux trésors de diplomatie déployés par quelques-uns, la fusion des deux syndicats a été votée. ' Chaque village pensait avoir les meilleurs vins. Nous avons donc organisé des dégustations à l'aveugle avec des mâcon-viré et mâcon-clessé. Les producteurs eux-mêmes n'arrivaient pas à les départager ', se souvient André Bonhomme, vigneron de Viré et président du syndicat Viré-Clessé. Les vignerons étaient donc convaincus du bien-fondé et de l'intérêt de ce rapprochement... En revanche, les négociants voyaient d'un mauvais oeil ce passage vers l'appellation communale, préférant ne pas parcelliser la production et conserver un volume significatif de mâcon. Ils ont d'ailleurs voté contre le dossier à l'Inao en novembre 1996. La demande était encore une fois recalée à une voix près. Un an plus tard, le négoce votait toujours contre mais cette fois, les représentants de la viticulture étaient venus nombreux : le dossier était accepté.Le décret a été signé le 26 février 1999. La toute nouvelle appellation Viré-Clessé couvre 400 ha en superficie plantée, ce qui représente un potentiel de production de 26 000 hl. Pour la récolte 1998, environ 30 % des volumes produits ont été revendiqués en Viré-Clessé, le reste étant commercialisé en Mâcon villages. Les professionnels ont en effet voulu éviter d'aller trop vite de manière à créer doucement la demande.' Nous avons obtenu la reconnaissance de l'Inao et, finalement, d'une partie du négoce qui a décidé de faire contre mauvaise fortune bon coeur. Mais tout n'est pas gagné. Nous devons convaincre les consommateurs ', explique le directeur de la Cave coopérative de Viré. Une grande fête est organisée les 23, 24 et 25 avril pour présenter une cuvée spéciale de Viré-Clessé 1998, vinifiée à partir de raisins donnés par l'ensemble des producteurs. Chacun d'eux pourra aussi faire déguster son propre vin.Autre nouveauté, Irancy a rejoint Chablis dans le club des appellations villages de l'Yonne. C'est la première AOC communale rouge du département. Dans les années trente, lors de la mise en place des AOC, les vignerons d'Irancy avaient demandé l'appellation Bourgogne. Puis, peu à peu, ils ont souhaité se démarquer et faire reconnaître leurs spécificités. En 1977, l'appellation Bourgogne-Irancy est acceptée. Les démarches pour obtenir l'appellation communale sont lancées en 1991 et elles ont abouti le 26 février dernier par la signature du décret.Seuls les vins rouges produits sur l'aire d'appellation peuvent bénéficier de l'AOC Irancy, à condition de respecter un rendement de base de 45 hl (contre 50 hl auparavant). La mesure prend effet dès le millésime 1998. La production moyenne de Bourgogne-Irancy rouge, et donc désormais d'Irancy, se situe entre 6 000 et 6 500 hl par an avec 157 ha revendiqués. Toutes les parcelles classées ne sont pas plantées, certaines étant encore occupées par des cerisiers qui, il y a quelques années, rapportaient autant que la vigne. C'est d'ailleurs l'un des charmes du ' cirque ' d'Irancy que les vignerons du village entendent préserver.Sur le millésime 1998, les deux tiers des volumes ont été revendiqués en Irancy et, dès 1999, la dénomination Bourgogne-Irancy disparaîtra afin d'éviter toutes confusions.Les ventes au négoce représentent de faibles volumes (environ 1 000 hl/an) et la nouvelle AOC ne semble pas avoir provoqué de réactions particulières. Les principaux débouchés sont la vente aux particuliers et aux restaurateurs. L'export demeure anecdotique, même si la demande commence à se faire sentir. Quant à l'évolution des prix, elle devrait rester raisonnable pour ne pas décourager la clientèle.La fête de la nouvelle appellation est prévue le 7 mai 2000 pour laisser au millésime 1998 le temps de se faire.