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Une manifestation nationale pour défendre la viticulture

La vigne - n°98 - avril 1999 - page 0

Pour la première fois dans l'histoire récente de notre filière, des vignerons de toutes les régions de France ont manifesté à Montpellier, le 19 mars. Au-delà de la pression sur l'OCM, ce mouvement unitaire a traduit la volonté de toute une profession d'être considérée et reconnue.

L'appel lancé par l'Association générale de la production viticole (organisme regroupant les principales instances professionnelles hexagonales du pays) était national, mais avant le 19 mars, personne n'aurait pu prévoir avec certitude que toutes les régions allaient se mobiliser. Ce jour-là, dans le centre-ville de Montpellier (Hérault), les manifestants ont eu la surprise et l'émotion de voir que des vignerons de toutes les régions s'étaient déplacés, malgré les kilomètres à parcourir : les banderoles reflétaient la diversité des vignobles de France, du plus petit au plus grand!Près de sept mille vignerons, producteurs de vins d'appellation, de vins de pays ou de vins de table, en caves coopératives ou particulières, se sont retrouvés pour défendre leur avenir, accompagnés par des salariés du secteur venus exprimer leur solidarité. Certains n'avaient jamais manifesté de leur vie. Ils ont franchi le pas pour exprimer leur inquiétude face à une réforme européenne où priment les impératifs budgétaires; leur colère face à ceux qui dénigrent leurs produits (différents rapports récents sur le vin et la santé publique); leur désir de continuer dans ce métier et de voir des jeunes prendre leur suite, avec un cadre de travail bien défini qui permette d'affronter la concurrence. ' Nous réclamons un droit à la croissance pour rester leader face aux autres régions du monde, qui plantent sans subir de limitation. Sur ce point, le ministre de l'Agriculture a marqué un essai à Bruxelles, qui doit être transformé au sommet de Berlin les 24 et 25 mars ', a affirmé Philippe Feneuil, le président de la CNAOC, qui s'est exprimé après quelques mots d'accueil de Jean Huillet, le président de la Fédération des caves coopératives de l'Hérault. L'essai a été bien transformé à Berlin (voir page 24 l'accord politique sur l'OCM vitivinicole).' Interdire les plantations dans l'Union européenne tout en autorisant les importations de moûts n'a pas de sens. N'anticipons pas sur les négociations de l'OMC (organisation mondiale du commerce) en ouvrant une possibilité de dérogation sur ce thème. A l'heure où la traçabilité devient essentielle pour apporter des garanties aux consommateurs, nous devons veiller à ce que l'origine du vin reste clairement identifiée et liée au terroir de production des raisins ', a ajouté Philippe Feneuil.Henri Gualco, le président de la Fédération nationale des caves particulières, a ensuite souligné que cette manifestation constituait un premier tour de chauffe et qu'après la réforme de l'OCM, il faudrait aborder unis les négociations qui vont démarrer l'an prochain dans le cadre de l'OMC. Il a également appelé les élus des régions viticoles à soutenir la filière, créatrice d'emplois et de richesses. Jacques Mestre, le président de la Confédération française des vins de pays, a dénoncé dans le projet de réforme de l'OCM l'absence de mécanismes de gestion du marché bien définis et la suppression des aides à l'utilisation de MCR en France.' Il n'est pas question de faire les frais du compromis sur l'agenda 2000 et de voir le budget viticole encore réduit. Nous avons besoin de poursuivre la rénovation qualitative du vignoble et les investissements productifs dans nos entreprises ', a affirmé Denis Verdier, le président de la Confédération des coopératives vinicoles de France, qui a rappelé que le secteur du vin représentait 15 % de la production agricole française, mais qu'il ne touchait que 3 % des aides européennes. En comparaison, le secteur céréalier, qui représente 16 % de la production, perçoit 56 % des aides.Jean Huillet a ensuite souligné qu'installer des jeunes, c'était créer des emplois et une économie de proximité, dans le cadre d'une agriculture durable respectant l'environnement. ' Les vignerons ont largement anticipé en matière de production raisonnée ', a-t-il rappelé, avant de demander un allégement des contraintes en tout genre pesant sur le secteur. ' Organiser le marché ne veut pas dire fermer les frontières. Nous voulons rester dans la compétition, à condition de ne pas courir avec des semelles de plomb alors que les autres ont des baskets! 'Tous les professionnels ont également dénoncé l'amalgame abusif entre le vin et l'alcoolisme. Après le rapport Roques qui a classé l'alcool parmi les drogues dures, c'est un décret élargissant à l'alcool et au tabac le champ d'action de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies qui est en préparation (voir page 59). ' Nous ne sommes pas des dealers! A l'heure où les Etats-Unis autorisent la mention des effets bénéfiques du vin sur la santé sur les bouteilles, ne laissons pas dénigrer nos produits, préservons leur image. '

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