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La propreté suisse

La vigne - n°98 - avril 1999 - page 0

Plusieurs communes du Valais, en Suisse, se sont équipées d'une station de lavage pour les pulvérisateurs. L'épuration des eaux sales coûte entre 400 à 500 F/m³.

Une fois le traitement terminé, se pose la question du rinçage du pulvérisateur. Les guides de bonnes pratiques agricoles préconisent la pulvérisation à grande vitesse du reste de la bouillie, après l'avoir dilué à l'eau claire. Si cette technique est facilement envisageable en grandes cultures, elle est plus problématique en viticulture. Il n'est pas toujours possible d'équiper les enjambeurs d'une cuve de rinçage. Dans les vignobles en coteaux ou sur les sols caillouteux, la vitesse de passage ne peut pas être augmentée. Ainsi, certains professionnels envisagent la création d'une aire de rinçage individuelle ou collective.Dans le Valais (Suisse), les communes de Vetroz et de Conthey en sont déjà équipées. Leur exemple est intéressant, même s'il n'est pas directement transposable en France en raison d'importantes aides cantonales et fédérales. Jusqu'à l'installation des aires de lavage, les viticulteurs rinçaient le plus souvent à l'exploitation. Les eaux étaient déversées dans le tout-à-l'égout, mais les stations biologiques auxquelles il conduit ne semblent pas en mesure de traiter les pesticides. Une étude menée en Allemagne, dans le Land de Hesse, montre qu'elles éliminent moins de 50 % de ces substances.Dans le Valais, ces éléments ont entraîné une directive cantonale en 1989. Ce texte précise que les communes à vocation essentiellement agricole, ou ayant une surface agricole de plus de 100 ha, doivent s'équiper d'une unité pour l'épuration des eaux résiduaires provenant des traitements. Vetroz et Conthey, qui couvrent une surface d'environ 500 ha de vignes et d'arbres fruitiers, ont étudié, avec le concepteur Zamatec (1), un projet d'aire de lavage qui a abouti en 1994. Actuellement, douze autres communes du Valais ont opté pour le procédé de récupération et de traitement des eaux de rinçage du pulvérisateur.Une concertation avec les associations professionnelles de viticulteurs et d'arboriculteurs a permis de dégager les principes pour que le système fonctionne. L'installation ne devait pas être située trop loin des parcelles, d'où la création de deux aires. L'une est en plaine à proximité de la station d'épuration. Une autre se trouve dans le coteau, au centre du vignoble. La gratuité de l'opération devait être assurée afin d'encourager les viticulteurs et les arboriculteurs. De ce fait, l'exploitant investit son temps et sa peine alors que la commune prend à sa charge les frais de traitement.La zone de lavage se compose d'une aire bétonnée, recouverte d'un tunnel pour éviter de récupérer les pluies. Les eaux de lavage s'écoulent par gravité vers une cuve de stockage. Il est également important de bien gérer l'eau utilisée au cours du lavage. Un surpresseur (Kärcher) fournissant de l'eau chaude par système de jeton a été mis en place. Ces jetons sont distribués gratuitement par la commune. Il faut en moyenne 50 l d'eau par ha et par traitement.Après un déshuilage, les eaux de rinçage sont pompées, puis traitées par l'intermédiaire d'une unité mobile dénommée Epumobil. Le traitement s'apparente au collage des vins grâce à des produits floculants spécifiques. Ensuite, interviennent une décantation, puis une filtration sur charbon actif. Des essais réalisés en France, par le CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne), ont montré que le niveau d'épuration de ce système était globalement satisfaisant et permettait, dans la plupart des cas, d'atteindre la norme des eaux potables (0,1 microgramme d'un pesticide donné par litre).Si la démarche suisse a intégré une gratuité du rinçage pour le viticulteur, il est peu probable que ce principe s'applique en France. Le coût de l'investissement, associant à la fois l'aire de lavage, la haute pression et le stockage, serait de l'ordre de 400 000 F selon le concepteur. Le prix de l'unité mobile, à amortir sur plusieurs installations, est d'environ 550 000 F. Les frais d'exploitation peuvent être évalués à 270 F/m³ traité. En imaginant que le traitement intervienne sous forme d'une prestation de service intégrant l'amortissement et le fonctionnement, le coût pourrait se situer dans une fourchette de 400 à 500 F/m³.' Le déchet le plus facile à éliminer est celui que l'on n'a pas produit. ' Cet adage souligne l'importance de la réduction, à la source, des fonds de cuve. Pour cela, plusieurs solutions sont envisageables (régulation du débit, conception des cuves et des cannes d'aspiration...). La technique d'injection directe par pompe hydraulique peut également faciliter la gestion des eaux de rinçage.Lorsqu'une aire de rinçage est mise en place, d'autres solutions peuvent être envisagées : le traitement par évaporation ou par lit biologique. Ce dernier système fait intervenir une fosse étanche dans laquelle est introduit un mélange de terre, de tourbe et de paille. Des essais prévus au cours de la prochaine campagne devraient nous apporter quelques éclairages sur leur performance.(1) 39, avenue de la gare, 1964 Conthey, Suisse. Tél. : 00.41.27.346.44.36

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