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Un élevage médiatique dans un site insolite

La vigne - n°98 - avril 1999 - page 0

L'élevage d'une cuvée dans un site inhabituel provoque la curiosité des médias et offre, par son aspect expérimental, un bon support de communication sur le produit.

Pour avoir accès à la télévision et toucher un vaste public, il faut réaliser des 'coups' médiatiques. Lorsque les bouteilles que nous avions immergées en mer ont été remontées, nous étions entourés de journalistes. L'information a été reprise dans de nombreux magazines et dans plusieurs émissions de télévision, en France et à l'étranger. J'ai fait connaître mon entreprise et, au-delà, l'appellation Pouilly fumé. Je n'ai pas constaté de boom dans mes ventes pour autant, mais j'ai amélioré mon positionnement par rapport à mes clients et conforté mes débouchés à l'export ', explique Guy Saget, vigneron et négociant à Pouilly (Nièvre).En 1986, il avait eu l'occasion de déguster, au salon Vinexpo, du monbazillac (Dordogne) retrouvé au large d'Amsterdam, dans un navire qui avait coulé il y a deux siècles. ' Ce vin était encore très bon, mais il n'était plus possible de déguster le vin originel pour voir si le séjour en mer avait conditionné son évolution. 'En 1990, pour comparer un vin de la mer et un vin de la terre, il a immergé sous des casiers à huîtres 300 bouteilles de vins d'appellation, qui ont été remontées en 1994. A la dégustation, les vins élevés en mer se sont révélés différents, en particulier, le pouilly fumé. Pour répondre à la demande de nombreux amateurs, il a décidé en 1995 de renouveler l'opération à 25 m de fond, avec 10 000 bouteilles qu'il a vendues par souscription pour financer l'opération. Cette cuvée sera dégustée à l'occasion de Vinexpo en juin prochain et embouteillée pour le 31 décembre 1999.Au siècle dernier, les barriques descendaient l'Adour en gabare et étaient entreposées plusieurs mois sur les dunes, où le sable les recouvrait peu à peu, avant d'être expédiées vers l'Angleterre. ' Nous avons voulu retrouver ces conditions et voir si le milieu marin apportait un plus à l'élevage ', explique Gilles Lacoste, de la coopérative Les vignerons de Tursan (Landes).En janvier 1996, cinq barriques ont été enfouies dans le sable de la plage d'Hossegor. ' Lorsque nous avons procédé à la première dégustation en mai 1996, nous avons invité la presse. Sur notre stand à Vinexpo, nous avons ensuite reçu un grand nombre de personnes qui voulaient découvrir ce vin. En réalisant cette opération médiatique, nous avons fait parler du tursan ', constate Régis Laporte, l'oenologue de la cave. Quatre barriques sont restées en place pour prolonger l'expérience et devraient être remontées pour l'an 2000.Dans l'Aude, des vignerons du Cabardès et du Minervois ont décidé en 1997 d'utiliser la grotte du Limousis, un site naturel très fréquenté. Les essais oenologiques, menés en collaboration avec l'Institut coopératif du vin de Caunes-Minervois, se sont révélés positifs : aujourd'hui, une vingtaine de fûts sont installés là-haut.' Les guides, lorsqu'ils font visiter la grotte, parlent de cette expérience. Les gens peuvent acheter sur place la cuvée et venir au caveau découvrir le reste de notre gamme. Nous utilisons également la grotte pour des réceptions et l'été, nous organisons une grande fête, ce qui contribue à faire découvrir le site ', explique Michel Tandou, le directeur de la coopérative de Conques-sur-Orbiel, qui est associée dans cette opération avec les caves de Malves-en-Minervois et de Villalier. ' Au-delà de l'aspect communication, nous avons appris à travailler ensemble et à aborder différemment la façon d'élaborer un vin, de la sélection à la vigne jusqu'à l'élevage. C'est peut-être finalement l'aspect le plus positif ', ajoute Adrian Mould, du syndicat d'AOC Cabardès.' Notre vignoble couvre 160 ha. Nous investissons en fonction de nos moyens, dans des animations conviviales menées avec ceux qui veulent promouvoir le Béarn et ses produits de terroir ', explique Rémi Pinos, de la coopérative Les Vignerons de Bellocq (Pyrénées-Atlantiques). Dans le cadre de son partenariat avec la station de ski de La Pierre-Saint-Martin et l'association Septembre en Béarn, qui organise des fêtes traditionnelles, la cave a décidé d'élever une cuvée en montagne.En 1998, une dizaine de barriques ont passé l'hiver et le printemps dans un saloir à fromage, situé à 1 600 m d'altitude. Lorsque les bergers et les troupeaux se sont rendus en estive en juin, le vin a été descendu et mis en bouteilles, pour être dégusté en septembre lors des fêtes. Cette année, la cuvée restera en montagne jusqu'au 31 décembre 1999 et sera mise en bouteilles là-haut, pour accueillir le troisième millénaire dans la neige.

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