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Les qualités des bouchons synthétiques remises en cause

La vigne - n°98 - avril 1999 - page 0

Deux études, menées en France et en Allemagne, comparent différents bouchons. Il en ressort que les synthétiques sont de qualité très variable, certains n'étant pas étanches et d'autres pas neutres gustativement.

Existe-t-il des alternatives valables au liège naturel? Voici le point de départ des deux études menées, l'une en France au laboratoire Excell (Gironde) par Pascal Chatonnet et Dominique Labadie, l'autre en Allemagne au centre de recherche de Geisenheim par Rainer Jung et Friedrich Zürn.L'équipe allemande a comparé neuf modalités : une capsule à vis qui sert de témoin, deux bouchons en liège naturel de qualité différente, un aggloméré et cinq synthétiques de plusieurs fabricants. Concernant les propriétés mécaniques des bouchons, les deux chercheurs constatent que ' les synthétiques testés ont tous une densité bien supérieure à celle du liège naturel qui est constitué à 85 % d'air. Or, c'est cela qui détermine l'élasticité des bouchons. Le synthétique le plus dense demande d'ailleurs une force de compression de 5 500 N alors que la moyenne habituelle est de 2 500-3 000 N '.Quatre-vingts bouteilles ont été fermées avec chaque type de bouchon. Soixante ont été stockées à des températures de 25-30°C, trente à l'horizontal, trente à la verticale. Les analyses ont été faites à trois, six et douze mois. Les vingt bouteilles restantes de chaque lot ont été stockées à 15°C pour vingt-quatre mois, dix debout, dix couchées. Les résultats obtenus lors du stockage à 15°C confirment ceux du stockage ' chaud '.Le volume de vin absorbé par les bouchons est mesuré. Il est constaté que seul un bouchon synthétique n'absorbe pas une goutte de vin. Tous les autres s'en imprègnent et cela, d'autant plus que le stockage est horizontal. ' Le fait que les bouchons synthétiques absorbent du vin suppose que certains de leurs constituants chimiques puissent être extraits et diffusés dans le vin ', explique Rainer Jung. Il montre aussi que deux des échantillons testés ne sont pas étanches (voir infographie). Ces résultats sont confirmés par les analyses de SO2 libre, dont la concentration tombe rapidement en-dessous de 15 mg/l pour ces lots.En terme de dégustation, aucun des bouchons synthétiques ne ressort particulièrement bien. Les deux chercheurs concluent qu'en dehors des capsules à vis, aucune alternative au liège naturel n'est satisfaisante à 100 %. On ne fait donc que déplacer le problème. De nouveaux tests, actuellement en cours sur d'autres échantillons, semblent plus concluants.Au laboratoire Excell, on compare un bouchon en liège naturel, un aggloméré traditionnel, deux agglomérés dits de ' nouvelle génération ', incluant des éléments synthétiques, et trois synthétiques. D'un point de vue dimensionnel, on note une ovalisation et une hétérogénéité plus importantes sur les bouchons de liège que sur les bouchons de type industriel, ce qui peut poser des problèmes au bouchage. Les propriétés mécaniques, comme le retour élastique après compression à la boucheuse, ou la force de compression des bouchons au bouchage, donnent des résultats satisfaisants dans tous les cas.La mesure de l'absorption de liquide montre des valeurs très faibles pour deux des synthétiques. On voit aussi qu'un des agglomérés de nouvelle génération présente une valeur moyenne faible mais une variabilité importante au sein du lot. Un autre test porte sur l'étanchéité du bouchage au liquide en appliquant une pression de 1 puis 2 bars. Sur l'un des lots synthétiques, plus de 50 % des bouchons fuient. Une mesure complémentaire fait apparaître que la surface de ces bouchons est mouillable! Les deux autres lots synthétiques donnent, eux, d'excellents résultats.L'inertie chimique est mesurée de trois façons. Des morceaux de bouchons sont déposés dans un tube fermé que l'on chauffe; les résidus de solvants présents en phase gazeuse sont analysés (voir infographie). Des bouchons sont aussi mis en solution hydro-alcoolique et l'on recherche les migrants. Enfin, les solutions modèles dans lesquelles les bouchons ont macéré sont dégustées. En solution hydro-alcoolique, certains bouchons émettent de nombreux composés volatils et odorants. L'un des agglomérés de nouvelle génération libère notamment de grandes quantités d'esters de l'acide benzoïque, ce qui pose des problèmes car ces molécules ne sont pas autorisées en oenologie. A la dégustation, on détecte un fort goût de plastique sur l'un des synthétiques. Cette première partie d'étude montre donc que sur trois synthétiques testés, l'un n'est pas neutre du point de vue des échanges avec le vin et de l'analyse sensorielle et qu'un autre n'est pas étanche. L'expérimentation va se poursuivre sur les bouteilles bouchées pour voir notamment si les éléments détectés en solution hydro-alcoolique se retrouvent dans le vin.Ces études détaillées permettent d'évaluer les performances d'un nouveau type de bouchon mais elles sont longues et coûteuses. Elles ne sont donc pas à la portée des caves de petite ou moyenne taille qui voudraient tester un nouveau bouchon. En revanche, rien n'empêche de demander aux fournisseurs d'amener les preuves que les exigences minimales, à savoir l'étanchéité et la neutralité, sont bien respectées. Comme le montrent ces études, ce n'est pas superflu.Aucune des deux études ne donne les noms des fabricants dont les bouchons sont testés.

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