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Les vignerons découvrent le GPS

La vigne - n°98 - avril 1999 - page 0

Utilisable pour l'arpentage des parcelles, le GPS (global positioning system) fournit les données pour la création d'un parcellaire informatisé. Adapté à une gestion fine, au rang ou au pied, cet outil sera indispensable à la viticulture de précision.

Le GPS est un système de repérage (voir encadré) qui offre des possibilités intéressantes pour la filière viticole. La première application est l'arpentage. Beaucoup de vignerons en sont demandeurs car pour cartographier précisément leur parcellaire, ils ne disposent que du cadastre, qui n'est pas toujours exact et ne correspond pas toujours aux limites des parcelles culturales.Disposer d'un parcellaire représentatif permet de faire des simulations de plantation. La pépinière Bouges, située à Camiran en Entre-deux-Mers (Gironde), a fait appel à Satel-vigne pour proposer cette prestation à ses clients. Une fois le relevé de la parcelle effectué, le client donne la densité qu'il souhaite et la largeur des tournières. La simulation est ensuite faite par un logiciel, qui donne le nombre de pieds, le nombre de piquets et les mètres de fil qui seront nécessaires, en fonction de l'orientation des rangs.' Sur les parcelles de forme irrégulière, il peut y avoir des erreurs d'appréciation de l'ordre de 15 à 20 %. Une simulation précise permet au vigneron de prévoir au mieux le devis de sa plantation et pour nous, une meilleure gestion des stocks ', explique le pépiniériste. Lors du relevé, il est possible d'affiner et de prendre en compte la variabilité de la parcelle. Par exemple, si la parcelle comporte deux zones, qui justifient le choix de deux porte-greffes différents, en relevant la limite, on l'intègre à la simulation et on prévoit de la même façon le nombre de greffés-soudés nécessaire. ' Pour plusieurs viticulteurs regroupés, nous avons prévu un coût par prestation de 500 F ', annonce Yvan Merlet, fondateur de la jeune société Satel-vigne dont le siège est en Gironde.Les vignerons qui souhaitent instaurer une gestion informatisée de leur parcellaire peuvent également faire appel à l'arpentage par GPS, qui permet de récupérer les données sous n'importe quel logiciel de gestion parcellaire. Pour informatiser un parcellaire, trois solutions sont offertes au vigneron. Scanner le cadastre et, dans ce cas, tout l'environnement des parcelles apparaît (routes, maisons...), numériser les parcelles cadastrales une par une, ou faire un relevé sur le terrain par GPS. ' L'arpentage par GPS reste la solution la plus coûteuse, de l'ordre de 40 F/ha en grandes cultures et davantage en vignes où le parcellaire est plus éclaté. La numérisation coûte environ 20 F par parcelle, le scanner 300 F par feuille cadastrale ', explique Antoine Du Reau, chez Isagri, leader de l'informatique agricole en France. Chez Satel-vigne, on annonce des tarifs de 150 F par parcelle, en ajoutant : ' Par rapport au plan cadastral, le relevé GPS donne les surfaces réelles de travail '.La connaissance des surfaces réelles de travail permet ensuite d'ajuster au mieux la dose d'intrants. Pierre Paquet, vigneron à Jarnac (Charente) explique : ' Depuis que j'ai fait faire un relevé par GPS, j'ajuste mes doses de produits phytosanitaires et d'engrais à la surface réelle occupée par les pieds. J'économise ainsi 10 à 15 % de produits. Sur un vignoble de 30 ha, 3 ha sont inutilisés car les tournières sont larges en Charente. Selon les parcelles, il y a plus ou moins de terrain perdu. Disposer du parcellaire exact me permet d'en tenir compte '.Mais l'arpentage par GPS offre une souplesse et une précision bien supérieures lorsqu'on souhaite identifier des points particuliers : emplacement de drains, position de l'échantillon d'une analyse de sol... On peut plus facilement prendre en compte l'hétérogénéité d'une parcelle. Il est possible de découper les parcelles en zones homogènes, selon l'âge des vignes, le sol, la vigueur, la sensibilité à certaines maladies... Archivées, exploitables par des tris, visualisées par différentes couleurs sur la carte, les données sont facilement accessibles pour affiner la gestion technique ou économique. C'est dans un objectif de gestion technique que le château Lagrange, dans le Médoc, s'est équipé. ' Les parcelles ont été découpées en fonction des prix faiteurs. Le chef de culture pourra ainsi suivre précisément l'avancée des travaux viticoles. Lors des récoltes, si une parcelle est vendangée sur deux jours, nous pourrons ainsi conserver la limite précise ', explique le directeur technique. Il est facile d'imprimer des fonds de carte. ' On peut éditer des fiches de travail, destinées aux tractoristes, sur lesquelles les parcelles où ils doivent intervenir figurent en couleur ', explique Cyril Campo, de la société Lamouroux (Gironde).Philippe Gard, conseiller indépendant en Gironde, travaille avec Satel-vigne et utilise ces fonds de cartes pour le compte-rendu de ses visites de parcelles. ' Plutôt que des tableaux de chiffres et des paragraphes de commentaires, les risques sur chaque parcelle figurent en couleur. Une présentation plus synthétique qui facilite la lecture et l'intégration des données ', ajoute-t-il. ' Si le vigneron le demande, nous descendons à l'échelle du rang pour repérer, dans certaines parcelles, des rangs-tests pour les contrôles de maturité ou de rendement. Certains pourront être intéressés par le repérage précis sur la carte des pieds complantés, par exemple ', poursuit Yvan Merlet.La deuxième grande perspective d'application est le recours au GPS embarqué. Pellenc travaille actuellement sur le prototype d'une machine à vendanger équipée d'un GPS, d'un système de pesage, de capteurs de sucre et d'acidité. L'acquisition des données géographiques, des rendements et des caractéristiques du raisin récolté, presque au ' pied par pied ', permettra de cartographier la variabilité au sein de la parcelle et d'en tenir compte pour la gestion des travaux. C'est la viticulture de précision, et c'est pour demain...

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