Peu consommateur de vin, le monde étudiant reste cependant l'un des viviers de la clientèle de demain. Un public d'autant plus pro metteur qu'il ne demande qu'à apprendre...
Bien souvent, la consommation de vin chez les jeunes apparaît comme l'ultime étape transitoire vers le monde des adultes. Elle coïncide presque toujours avec l'entrée dans la vie active. Dans bien des cas, en raison de l'allongement de la durée des études, c'est à partir de vingt-cinq-trente ans que l'on se met à apprécier un produit qui, jusqu'alors, était considéré comme trop complexe ou pas assez fun.Partant de ce constat, les professionnels du secteur pourraient être tentés de délaisser ce public jugé trop peu consommateur de vin. ' C'est raisonner à court terme, remarque Thierry Leiseing, de l'agence de communication du CIVB Terre d'idées. Le monde viticole joue gagnant en rencontrant le monde étudiant car c'est celui de ses futurs consommateurs. ' Consciente de l'enjeu, la profession développe sa communication vers les universités et autres grandes écoles.' Je suis convaincue que pour un jeune, il est préférable de boire un verre de bon vin de temps en temps plutôt que de se gaver de Coca-Cola ', explique Catherine Miaux, directrice du Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (Crous) de Pau (Pyrénées-Atlantiques). Pour la deuxième année, elle organise des dégustations de vins dans les deux restaurants universitaires de la ville. ' En avril, ce sont cinq viticulteurs de la cave de Plaimont (Gers) qui sont venus présenter leur production. Il ne s'agit pas uniquement de faire goûter les vins. Nous souhaitons développer auprès de nos étudiants la connaissance d'un métier et d'un produit qui font partie de leur patrimoine culturel. Cette année, nous avons renouvelé l'opération avec le syndicat des bordeaux et bordeaux supérieur. 'Même constat dans le département de l'Hérault : l'aspect pédagogique des dégustations est essentiel. Il y a deux ans, une opération autour des vins primeurs a été menée. ' Jugée trop commerciale, cette première tentative n'a pas reçu un très bon accueil ', se souvient Laurent Larrieu, gestionnaire principal du Crous de Montpellier. Cette année, l'idée d'une dégustation au restaurant universitaire de Vert Bois (3 000 étudiants) est reprise, mais largement aménagée par les vignerons coopérateurs de l'Hérault. Du 15 au 17 mars, ces derniers ont présenté une exposition intitulée ' Le vin : l'équilibre au quotidien ', dont l'objet est de mettre en évidence les effets bénéfiques d'une consommation modérée et régulière de vin sur la santé. ' Nous voulons réhabiliter auprès des jeunes, le vin en tant qu'aliment ', explique l'une des participantes. La dernière journée sur le campus était consacrée à la dégustation de 300 bouteilles de vins de cépage et d'appellation dans les trois couleurs.' Nous ne nous sommes pas contentés d'un simple stand de dégustation. Nous sommes allés à la rencontre des étudiants en faisant un tour de table. Cela nous a permis d'engager la discussion, raconte Jean-Luc Bousquet, président de la commission des Jeunes vignerons coopérateurs (JVC). Ce qui m'étonne, c'est la faible proportion de jeunes qui ont eu l'occasion de déguster du vin. Ils connaissent le produit, traditionnellement présent sur la table familiale, mais ils n'ont eu que rarement l'occasion de le goûter '.L'opération a reçu un bon accueil de la part des étudiants et des enseignants. Selon le gestionnaire principal du Crous de Montpellier, elle pourrait être étendue aux autres restaurants universitaires de Montpellier, voire à ceux de Nîmes et Perpignan. Du côté des organisateurs, les JVC se félicitent de cette rencontre avec le monde étudiant. Depuis, un projet est à l'étude : faire un vin répondant au goût de la jeune génération pour l'an 2000.Moins grand public, les opérations menées par le CIVB (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux) qui cible les galas des grandes écoles comme Polytechnique, les Arts et Métiers, HEC (hautes études commerciales). ' Nous proposons un parrainage sous la forme d'un espace 'Découverte des vins de Bordeaux', aménagé sur les lieux de la soirée et animé par des professionnels viticoles. L'idée est d'offrir un endroit convivial où les jeunes peuvent goûter des vins, tout en discutant avec ceux qui les ont produits ', explique Thierry Leising.En un an, une dizaine de galas ont été couverts. ' Ces soirées prestigieuses représentent entre 1 500 et 10 000 invités. A chaque fois, l'espace 'Découverte' a remporté un franc succès. Suivant l'importance du gala, on sert entre 400 et 2 000 verres. 'Autre point fort de la communication du CIVB : ' Les bons plans Bordeaux ' qui, comme leur nom l'indique, visent un public jeune, ' facilement 'zappeur' et uniquement 'branché' par les idées originales '. Thierry Leising explique : ' Par définition, le 'bon plan' est unique. En l'occurrence, il s'agit de la rencontre de trois éléments : un invité vedette, un lieu qui sort de l'ordinaire, un thème captivant. Le tout est présenté en accompagnement d'une dégustation de vins de Bordeaux, commentée par des professionnels '. En un an, cinq opérations ont été organisées. Parmi les invités, on peut citer : Jean-Luc Marty (rédacteur en chef du magazine Géo), Franc Margerin (dessinateur de bandes dessinées), Yvan Le Bolloch'(animateur radio)... On s'en doute, de telles opérations ont vocation à déclencher des raz-de-marée de participants. C'est pourquoi les invitations aux ' Bons plans Bordeaux ' sont réservées aux leaders étudiants : présidents de bureaux des élèves et d'associations universitaires... A noter que le CIVB tente ce type d'opérations avec les jeunes en Belgique et aux Etats-Unis.