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archiveXML - 1999

Résistance aux antimildious

La vigne - n°100 - juin 1999 - page 0

La nouvelle note nationale mildiou, ici raccourcie, a pour objet de faire un état des lieux des connaissances sur les phénomènes de résistance aux antimildious. La note intégrale est distribuée via les Avertissements agricoles.

Toute perturbation de la respiration des cellules d'un champignon peut inhiber ses stades de développement. Chez le mildiou, les produits qui affectent la respiration vont surtout toucher les zoospores. Ces matières actives se répartissent en deux groupes selon qu'elles inhibent plusieurs enzymes : les ' multisites ', ou qu'elles agissent spécifiquement sur la chaîne respiratoire mitochondriale : les ' inhibiteurs mitochondriaux '.Les ' multisites ', exclusivement préventifs, incluent les produits à base de cuivre et diverses molécules (captane, chlorothalonil, dichlofluanide, dithianon, folpel, mancozèbe, manèbe, métiram-zinc, propinèbe, zinèbe). Leur persistance d'action n'excède pas dix à douze jours. Ce sont des fongicides de surface, dont le renouvellement est impératif après 15 à 25 mm de pluie. Les organes formés après le traitement ne sont pas protégés. En conditions de risques élevés accompagnées d'une croissance active de la vigne, ces ' multisites ', utilisés seuls, sont déconseillés.Enfin, étant donné qu'aucune résistance à ce type de fongicides n'a été décelée chez Plasmopara viticola, ils sont largement associés aux antimildious pénétrants et systémiques.L'azoxystrobine (une strobilurine) et la famoxadone (une ' oxazolidinedione ') sont des ' inhibiteurs mitochondriaux '. Bien que chimiquement différents, ils inhibent le transfert des électrons dans les mitochondries en se fixant sur le cytochrome b. Ce mode d'action 'unisite' amène à s'interroger sur les risques de résistance. Le problème rencontré en Allemagne sur l'oïdium du blé avec ce type de fongicide, incite à la prudence. Une mesure pourrait consister à limiter l'utilisation annuelle des spécialités comportant ces fongicides à large spectre d'action. Cette restriction serait plus limitative que celles notifiées par le Comité d'homologation (4, 6 et 4 applications respectivement pour l'azoxystrobine, la famoxadone et le kresoxim-methyl, une autre strobilurine).La persistance d'action des ' inhibiteurs mitochondriaux ' est de dix à douze jours. En cas de risques élevés, l'intervalle entre deux traitements n'excédera pas dix jours. Et même associés au cymoxanil, ils ne seront pleinement efficaces qu'appliqués préventivement.Sont regroupés dans la catégorie des fongicides pénétrants le cymoxanil et le diméthomorphe. Ils inhibent à faibles concentrations l'élongation des tubes germinatifs et des hyphes mycéliens. Corrélativement à cet effet, ces fongicides présentent des activités curatives. Enfin, ils ne protègent pas les organes formés après le traitement.Le cymoxanil n'a jamais été commercialisé seul. Les associations les plus utilisées comportent un (ou des) ' multisite(s) '. Le renouvellement de telles spécialités doit être assuré tous les dix à douze jours. Cet intervalle doit être réduit à huit jours, voire moins si les risques mildiou sont exceptionnels.Les analyses des populations de Plasmopara viticola montrent que la majorité des souches actuelles en France sont moins sensibles que celles trouvées dans d'autres pays, où le cymoxanil a été peu ou pas utilisé. Une situation similaire, signalée en Italie, aurait entraîné des pertes d'efficacité des associations à base de cymoxanil et de ' multisites ' appliquées curativement. Toutefois, les traitements préventifs semblent assurer un niveau de protection correcte.Outre son effet curatif, le diméthomorphe présente une activité antisporulante. Cette propriété, également rapportée pour des ' inhibiteurs mitochondriaux ' et des ' phénylamides ', ne doit pas être exploitée. En effet, des traitements sur mildiou visible pourraient favoriser la sélection de souches résistantes. Le risque doit être pris en considération car des souches de Plasmopara viticola résistantes au diméthomorphe ont été décelées. Leur fréquence semble toutefois encore faible. Face à cette situation, le diméthomorphe est aujourd'hui associé avec des ' multisites '. Ces spécialités doivent être utilisées avec parcimonie. Il a été suggéré de ne pas les appliquer plus de trois fois par saison. Par ailleurs, leur persistance d'action est de l'ordre de dix à douze jours et, en période de risques exceptionnels, la cadence n'excédera pas dix jours.Sont regroupés dans cette catégorie, d'une part, les ' phénylamides ' ou ' anilides ' (bénalaxyl, métalaxyl, ofurace, oxadixyl) et, d'autre part, un ' phosphonate ', le fosétyl-Al. Ces matières actives peuvent, après migration dans la vigne, protéger des organes formés après le traitement. Ce comportement justifie, au moins en partie, leur rythme d'utilisation de quatorze jours (réduit à dix-douze jours en cas de risques élevés).Le bénalaxyl, métalaxyl, l'ofurace et l'oxadixyl inhibent spécifiquement la biosynthèse d'ARN ribosomal en se fixant sur une enzyme. Corrélativement à ce mode d'action, ces ' phénylamides ' présentent une excellente activité curative (sur les souches sensibles!). Des souches résistantes à ces ' phénylamides ' sont observées dans les vignobles français depuis deux décennies. Leur fréquence est élevée. Dans ces conditions, se pose l'intérêt des matières actives de ce groupe.Quoi qu'il en soit, si des associations à base de ' phénylamides ' sont utilisées, elles devront l'être dans des conditions strictes afin que les produits ' compagnons ' jouent pleinement leur rôle. Il est recommandé de limiter à trois le nombre d'applications à base de ' phénylamides ' pendant une campagne ; de proscrire leur utilisation en traitement curatif, sur mildiou déjà déclaré, et tous traitements en pépinières ; de ne pas excéder dix jours entre un traitement à base de ' phénylamide ' et le suivant s'il est réalisé avec un autre type d'antimildiou.Le fosétyl-Al et son métabolite majeur, l'acide phosphoreux, peuvent migrer par le phloème et le xylème. Leur activité antimildiou est corrélée avec une augmentation des teneurs en composés naturels fongitoxiques (comme les phytoalexines) au niveau des sites d'infection. Cette stimulation des réactions de défense de la vigne n'est pas induite directement par le fosétyl-Al mais semble résulter de la production accrue d'éliciteurs d'origine fongique. Ce phénomène serait dû à une interférence des ' phosphonates ' avec le métabolisme de Plasmopara viticola. Ce mode d'action direct sur les cellules fongiques ne nous met donc pas à l'abri de la résistance. Toutefois, les informations disponibles suggèrent que ce phénomène ne concerne pas Plasmopara viticola.La persistance d'action du fosétyl-Al, parfois insuffisante sur les organes traités, et sa faible activité curative justifient son association avec des matières actives d'autres types.

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