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Réduire les pollutions sur l'exploitation

La vigne - n°100 - juin 1999 - page 0

Manipuler des produits phytosanitaires n'est pas sans danger de pollution. Bien concevoir les locaux de stockage et les postes de chargement des pulvérisateurs permet de limiter les risques pour l'environnement et l'utilisateur.

L'utilisation de produits phytosanitaires comporte le risque d'engendrer des pollutions ponctuelles. Chaque année, des accidents ont lieu : chutes d'emballages, vidanges de fonds de cuves, accidents de stockage et de préparation... Réduire les pollutions à la source a été le but des travaux de l'Agence de l'eau Seine-Normandie. Pour cela, elle a conçu un programme complet ' du magasin à l'après-traitement ' et elle a entrepris de le tester. Ce programme comprend plusieurs étapes. Le présent article ne porte que sur les trois premières : les transferts de produits, le local de stockage et l'aire de remplissage.Le règlement du transport des matières dangereuses par route précise les règles à respecter. Des quantités maximales sont fixées pour les véhicules ' ordinaires ' (1 000 kg) et les volumes unitaires des emballages à emporter dans ces véhicules (10 l ou kg). L'arrimage des contenants est indispensable. Dans une fourgonnette, les emballages peuvent être brêlés sur les ridelles intérieures au moyen de sangles. Sur un plateau de remorque de tracteur, on peut visser un ' palox ' sur le plancher et y sangler les emballages. Si la palette est revêtue d'un plastique thermorétractible, on peut glisser des barres de fer dans les passages réservés aux broches du chariot élévateur et les boulonner sur le plateau.Dans tous les cas, il faut disposer un losange orange à l'arrière de l'attelage et un extincteur à la portée de main du chauffeur, âgé de plus de dix-huit ans.Ces règles sont applicables avec des moyens modestes et un peu d'astuce. Quand les emballages, ou les quantités, sont importants, il est préférable de se faire livrer par un négociant dont les véhicules sont spécialement équipés.Sur l'exploitation, les produits sont stockés dans un local spécial, de préférence proche du poste de chargement. Les éléments inflammables de la structure du local doivent être isolés à l'aide de matériaux coupe-feu, comme de minces feuilles de plâtre. Le sol, étanche, sera en légère pente avec un puits pour récupérer les produits renversés. Posé dessus, un caillebotis évitera de patauger dans le liquide répandu. Des palettes feront l'affaire. Pour faciliter la récupération des produits renversés, prévoir un sac de copeaux près de la porte. Ces copeaux, une fois imbibés, seront incinérés dans un dispositif agréé pour ce type de déchets.Dans le lieu de stockage, les étagères permettent de ne pas déposer les produits à même le sol. A propos des supports horizontaux, une astuce consiste à monter des cornières retour vers le haut pour placer les étagères à l'envers. Elles deviennent alors des minibacs de rétention. Le classement des produits peut être effectué par cibles (herbicides, fongicides...) ou par types de cultures. Les liquides et les gros emballages sont placés en bas et les poudres (à bannir dans l'avenir) en haut. Il faut veiller à ne pas faire voisiner un produit inflammable avec un autre susceptible d'entretenir un incendie.La sécurité est assurée par des extincteurs à poudre en bon état (il vaut mieux disposer de deux petits, l'un au fond et l'autre près de la porte plutôt que d'un gros extincteur situé à un endroit inaccessible), par la ventilation, et par une bonne installation électrique. Les deux ventilations, haute et basse (naturelle ou forcée), doivent être de surfaces suffisantes (pour un local de 6 m² elles seront de 200 cm² chacune). Elles peuvent déboucher sur des façades, elles seront alors protégées contre le vent soufflant de face. Si elles débouchent sur une toiture, on peut installer un champignon de toit, voire un aérateur statique. Evidemment, les conduits reliant les grilles aux éléments du toit doivent comporter des sections suffisantes. Les grilles peuvent être en aluminium, en laiton, ou en acier, mais surtout pas en plastique qui, en brûlant, fond et peut occasionner des lésions très graves.L'installation électrique doit répondre aux spécifications de la norme C-15 100 dans les locaux humides, pour la section des fils et les conduits (simples câbles, fils sous gaine ou câbles protégés) pour les appareils. Il vaut mieux être équipé de boutons poussoirs qu'à basculement. Le local sera protégé des visites intempestives par une fenêtre, équipée de barreaux, et d'une porte solide, fermant à clef. Un panonceau y sera apposé, affichant l'avis d'interdiction de pénétrer dans le lieu pour les personnes non habilitées, et les informant des risques encourus si elles ne respectent pas cette interdiction.A l'intérieur du local, une armoire regroupera gants, masques, bottes et combinaisons, réservés à la manipulation des produits. Dans le cas de salariés, le vestiaire doit être séparé du local de stockage. Un lavabo est utile, de même qu'une douchette flexible (tous les appareils électriques doivent alors être reliés à la terre). Une douche fixe doit aussi être prévue à l'extérieur (mise en service de l'intérieur et commande extérieure par tirette à filin) et peut être placée sur le poste de remplissage.Autre équipement bien utile dans ce lieu : une table, ou une paillasse, supportant les matériels spécifiques (balances, éprouvettes, doseurs) ne sortant pas du local.Bien entendu, il n'est pas question d'y entreposer autre chose, comme des denrées comestibles, des combustibles ou du carburant.Le poste de chargement du pulvérisateur peut être à réservoir-tampon ou en ligne. Leur point commun est la plate-forme conçue pour recevoir les pulvérisateurs portés ou traînés. La dalle a pour principale fonction de récupérer les produits et les bouillies projetés accidentellement sur le sol.Toutefois, les eaux de pluie ne doivent pas perturber cette récupération. A cet effet, on peut placer cette dalle sous un auvent ou, à défaut, disposer d'une goulotte placée sur un côté aboutissant à un dispositif qui oriente les eaux vers le bac de récupération quand le pulvérisateur est sur le poste, et évacue les eaux de pluie quand le poste n'est pas en service.Les postes à réservoir-tampon sont équipés d'une cuve dont le volume est légèrement inférieur à celui du pulvérisateur. Elle se remplit pendant que le pulvérisateur traite. Le réservoir d'un ancien pulvérisateur pourra faire l'affaire.Dans les postes en ligne, le volume de bouillie à délivrer est fixé avant le chargement. Ainsi, le remplissage s'arrête au moment voulu et la protection du réseau contre un éventuel retour de liquide pollué est assurée.

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