Assis sur son tracteur, le tractoriste viticole est soumis à des vibrations qui se transmettent à l'ensemble du corps. Une bonne assise, régulièrement vérifiée, permet de préserver son dos.
Lors de chaque journée de travail avec un tracteur, les vignerons et les salariés des exploitations viticoles sont soumis aux vibrations de la machine. En descendant du tracteur, leur corps n'a pas forcément de répit car, en agriculture, de multiples outils sont sources de vibrations. Cependant, elles ne s'exercent pas toutes de la même manière et, par conséquent, ne produisent pas les mêmes effets.Le corps humain réagit de façon extrêmement différenciée en fonction de la direction de la vibration, de son amplitude et de sa fréquence. D'autre part, les vibrations peuvent altérer les réponses des récepteurs sensoriels et gêner l'appréciation des situations auxquelles le viticulteur est confronté.Les vibrations transmises à l'ensemble du corps sont de loin celles auxquelles un tractoriste est le plus exposé.Lors de la conduite du tracteur, les vibrations se propagent dans les trois directions de l'espace. Leur importance et leur nocivité ne sont pas de même nature.Ainsi les vibrations de plus grande amplitude sont généralement celles transmises verticalement, du plancher vers le tractoriste. Les vibrations transversales sont moins nocives, avec une amplitude plus faible. Néanmoins, dans des situations de dévers, elles sont source de gêne et provoquent un déhanchement douloureux. Les vibrations longitudinales (avant-arrière) sont également à l'origine de traumatismes. Dans ce cas, il vaut mieux parler de secousses. Les tractoristes parlent communément de ' coups de bélier ', en particulier lorsqu'ils effectuent des traitements avec une cuve pleine.La posture adoptée par le tractoriste est déterminante. Imaginons-le en train de traiter. Il freine et se retourne pour vérifier l'état de son action. Sa colonne vertébrale effectue un quart de tour, ses disques intervertébraux se vrillent et, dans le même temps, il reçoit le ballant de la cuve dans le bas du dos.Si ce phénomène, et d'autres, se reproduisent, on peut craindre la détérioration de la colonne. Cette observation renvoie au problème de la durée d'exposition aux vibrations, et donc à la question de l'organisation du travail afin d'éviter une accumulation d'heures passées sur le tracteur. Or, il est rare qu'il soit question d'aspects concernant la santé lors des arbitrages effectués pour l'organisation du travail. C'est pourtant une nécessité qui revient comme un effet boomerang avec l'âge.Les tractoristes âgés de plus de cinquante ans le savent, même si quelques-uns ont cru que le port d'une ceinture de maintien était suffisant pour protéger leur dos. La durée de vie d'un siège est plus courte que celle d'un tracteur. Pourtant, rares sont les vignerons qui pensent à le remplacer. Le siège est pourtant le premier moyen efficace pour amortir les vibrations. Il est composé de deux parties : la sellerie et le système d'amortissement, dont la qualité est primordiale pour la filtration.Lorsque l'usure s'installe, les mécanismes se grippent, la sellerie se détériore et le siège ne remplit plus correctement son rôle. Il peut même amplifier les vibrations. Selon l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité), un siège peu ou mal entretenu est usé au bout de cinq ans. Son entretien allonge sa durée de vie. On peut prévoir au moins deux sièges pour une vie de tracteur.Le tracteur vigneron se caractérise par son étroitesse. Tous les sièges ne peuvent pas lui convenir. Mais il faut surtout bien choisir son système d'amortissement. La suspension peut être mécanique ou pneumatique. Cette dernière présente l'avantage de permettre l'automatisation du réglage du poids. Elle est aussi susceptible de moins s'user.D'autres critères doivent être pris en compte lors d'un achat, comme l'ajustement à la morphologie du tractoriste : le réglage de la hauteur du siège, différent de celui du poids. Ce réglage en hauteur favorise l'accessibilité aux commandes et un bon rapport angulaire de maintien des segments corporels (jambes par rapport au plancher, pieds par rapport aux pédales). Il est complété par un réglage avant-arrière. Pour accroître le confort, le siège peut être équipé d'une capacité d'inclinaison du dossier. Sur des sièges haut de gamme, installés plutôt sur des tracteurs plein champ, on trouve des accoudoirs réglables, une rotation partielle ou une compensation angulaire transversale (correction du dévers).Sur certains tracteurs vignerons, il est possible d'installer des sièges munis d'accoudoirs, mais la rotation partielle du siège n'est pas possible, faute d'espace.Aujourd'hui, les premières plaques d'amortissement longitudinal font leur apparition. Peu épaisses (5 cm environ), elles s'installent sur le plancher du tracteur, sous le siège. Elles sont munies de deux ressorts, placés dans le sens arrière-avant, et accompagnent ainsi les secousses provenant du ballant. Le corps du tractoriste se déplace de façon synchrone avec le siège, ce qui lui évite un cisaillement au niveau des vertèbres lombaires, le fameux 'coup de bélier'.Le seul moyen objectif de savoir si l'amortissement du siège est toujours efficace consiste à évaluer des vibrations par la mesure de ' l'accélération équivalente '. Sous réserve d'être équipé d'un matériel adéquat, et bon nombre de services de la MSA le sont, cette mesure est assez simple. On place un accéléromètre sur le plancher (accéléromètre A) du tracteur, qui mesure les vibrations directement issues du terrain ; dans le même temps, on glisse un second accéléromètre (B) sur le siège, sous les fesses du tractoriste. Le tracteur effectue une tâche définie pendant une durée déterminée.Pendant ce temps, les accéléromètres reçoivent les vibrations et les envoient au vibromètre, qui les stocke dans une mémoire. A la fin du test, on obtient l'accélération équivalente calculée sur chacun des deux appareils. Il ne s'agit plus alors que d'effectuer le rapport (appelé SEAT) de l'une sur l'autre.Si B/A est supérieur à 1, le siège amplifie les vibrations, il y a donc un risque important pour la santé du tractoriste. Si B/A est inférieur à 1, le siège amortit convenablement. Un bon siège amortit au moins 30% de celles-ci. Une autre information intéressante donnée par le vibromètre est le niveau global de l'accélération reçue par le conducteur. Si cette accélération est supérieure à 0,63 m/s², pour une équivalence de temps égale à huit heures de conduite, la norme française NF E 90-401-2 indique que ces vibrations sont dangereuses pour la santé du tractoriste.Les vignerons sont très exposés aux vibrations, qu'il s'agisse de celles transmises aux membres supérieurs que de celles transmises à l'ensemble du corps. Pour ces dernières, un bon moyen de se protéger, outre limiter les temps de conduite, consiste à équiper le tracteur d'un bon siège, si possible avec un système d'amortissement pneumatique, et de vérifier régulièrement son état.