ImprimerLe vigneron est bien placé pour transmettre au consommateur, la connaissance du vin et de l'art de vivre qui lui est associé. Une façon d'éviter les excès.
Les vignerons sont conscients que le vin contient de l'alcool et que l'abus pose un problème. Mais ils ne sont pas responsables des comportements d'autrui. Ils n'ont donc pas d'obligation morale à s'impliquer dans la lutte contre l'alcoolisme, pour ' racheter ' une faute qu'ils auraient commise en produisant une boisson dangereuse. Ils n'ont pas non plus à se poser en acteurs d'une politique de santé publique, qui reste du ressort de l'Etat.En revanche, ils ont le devoir d'informer sur le vin, sa composition, ses modes de consommation et sur les risques liés à l'abus d'alcool. De ce point de vue, des initiatives, comme l'Univers du goût ou Educ'Alcool, sont tout à fait légitimes. ' Je ne vois pas ce qui nous empêcherait de nous impliquer dans l'éducation des jeunes. Cela nous concerne au même titre que tous les citoyens de ce pays ', affirme Olivier Ravier, un vigneron du Beaujolais.C'est dans cette région que l'association Univers du goût, en 1994, a été créée et qui représente la Cnaoc (Confédération nationale des AOC) au sein du groupe ' vin et société ', association animée par les professionnels de la filière. L'objectif de cette action, qui s'adresse aux enfants de l'école primaire, est d'éveiller leurs sens gustatifs en leur faisant découvrir l'infinie palette des saveurs.L'Univers du goût intervient en proposant aux enseignants, dans le cadre d'une convention avec l'Education nationale, des formations spécifiques sur le goût. Ceux-ci peuvent ensuite mettre en place leur propre programme pédagogique. Démarrée en Beaujolais, cette action a inspiré des démarches similaires en Champagne et en Gironde.' Il ne s'agit pas d'amener les enfants à boire du vin, mais de leur donner les moyens d'acquérir une autonomie de jugement pour mieux consommer. Dans notre société, il y a une certaine dérive des comportements, que ce soit par rapport à l'alcool ou à d'autres aliments, qui se traduit par des problèmes d'alcoolisme mais aussi d'obésité, par exemple. ' En trente ans, la proportion d'enfants obèses en France est ainsi passée de 3 à 10 %.Toujours en relais avec l'école, l'opération Educ'Alcool s'adresse aux adolescents. Elle a été mise en place en 1994 par des organisations interprofessionnelles qui se sont inspirées d'une action québécoise. Dans ce cadre, elles financent des kits pédagogiques contenant des cassettes vidéo et des fiches, qu'elles proposent ensuite aux enseignants. L'objectif est d'accompagner les jeunes dans leurs premiers rapports avec l'alcool, en leur apportant des informations objectives et en les amenant à se poser des questions sur leurs comportements. ' Présenter l'alcool comme un produit interdit, réservé aux adultes, ne peut qu'accroître son attrait pour les jeunes à la recherche de transgression. Plutôt que de diaboliser le produit, mieux vaut en parler et informer pour responsabiliser ', souligne Philippe Verdier, d'Inter-Rhône. Le vin est un symbole de convivialité et de partage. Il est ancré dans l'histoire et la culture. ' Communiquons sur ces valeurs et donnons du sens à la consommation. Nous avons tous à y gagner. '