Alors que la campagne 1998-1999 arrive à son terme, les bourses régionales affichent des bilans d'activité variables. Certaines sont excédentaires, d'autres déficitaires. Les unes 'traquent' activement les droits disponibles, les autres se mobilisent peu et vivent sur leurs acquis.
Les bourses de plantation sont ' chargées d'améliorer les échanges entre acheteurs et vendeurs de droits de replantation en facilitant les transactions et les démarches administratives ' indique l'Onivins. La plupart ont été mises en place en fin d'année 1997 ou courant 1998 tandis que dans d'autres régions, la gestion syndicale des droits existait déjà. Chaque bourse s'est engagée à ne pas prospecter sur le territoire des autres et les échanges entre deux bourses doivent faire l'objet d'accords. En revanche, rien n'empêche des particuliers de réaliser une transaction entre deux régions soit directement, soit par l'intermédiaire d'un courtier, soit encore par l'entremise d'un pépiniériste (La Vigne avril 1999, pages 30 à 35).La bourse Méditerranée travaille sur les départements des régions Paca et Languedoc-Roussillon, la Drôme et l'Ardèche. Sur la campagne 1997-1998, elle a réalisé 154 ha de transfert sur les 620 ha globalement réalisés, soit 25 %. Sur la campagne 1998-1999, cette bourse a transféré 350 ha de droits, soit 31 % des autorisations d'achat délivrées. Mais ce pourcentage est provisoire puisque certains bénéficiaires d'autorisation n'achèteront les droits que sur la prochaine campagne.La bourse d'Oc, qui travaille sur les quatre départements viticoles du Languedoc-Roussillon, a transféré 60 ha de droits sur la campagne 1998-1999. Profitant de l'existence de deux bourses, il semble que les professionnels de la région ont tendance à contacter les deux organismes pour s'assurer d'être servis.Afin de mobiliser les droits de replantation arrivant à péremption, des courriers ont été adressés aux détenteurs en leur signalant la possibilité qu'ils avaient de les vendre et en indiquant un prix moyen. Ceci a fonctionné de façon variable selon l'état de pénurie des régions. En plus de cette démarche, certaines bourses ont mené des campagnes d'information et, éventuellement, de terrain. Cela s'est fait de façon plus ou moins dynamique selon les moyens et les motivations politiques des régions concernées. ' Dans ce contexte, des droits continuent à se périmer. Pour tout hectare perdu sur une aire, il faudrait soustraire un hectare des droits gratuits attribués l'année suivante car cela signifie que la bourse n'a pas fait correctement son travail ', estime un observateur.En fait, l'objectif premier de chaque structure est de satisfaire la demande locale. Les bourses étant des associations à but non lucratif, elles ne retirent pas de bénéfice des transactions qu'elles organisent entre acheteurs et vendeurs de droits. Contrairement à des entreprises privées, elles n'ont donc pas de motivation financière pour traquer les droits. Quand au simple intérêt de ne pas voir de droits perdus à l'échelle nationale, il peut exister mais ne se traduit pas nécessairement par des actes.La bourse de Savoie-Bugey-Dauphiné a trouvé facilement les 10 ha de droits dont elle avait besoin pour ses adhérents. Des droits en plus ont été revendus aux bourses de Bourgogne et de Bordeaux. Mais il en reste encore qui arriveront à péremption au 31 août prochain et dont le responsable de la bourse espère qu'ils seront prorogés. ' Nous aimerions aussi prospecter pour limiter les pertes de droits mais nous ne disposons pas de moyens à mettre en oeuvre ', regrette-t-il.La bourse du Val-de-Loire a réalisé un important travail de mobilisation pour sa première année de fonctionnement en 1997-1998, avec l'aide des douanes et des syndicats ainsi que l'embauche d'une personne qui est allée sur le terrain éplucher les déclarations de récolte en mairie. Sur la campagne actuelle, 60 ha ont été transférés par la bourse, ce qui représente près d'un tiers des échanges sur la zone. Des droits ont été cédés à l'Alsace et à la Bourgogne mais il en reste tout de même 145 ha en portefeuille. A priori largement de quoi couvrir les besoins de la prochaine campagne.Le portefeuille de la bourse Midi-Pyrénées est lui aussi bien garni puisqu'il s'élève à près de 450 ha de droits, 100 à 150 ha étant utilisés chaque année. Cette bourse travaille en contrat avec une société de courtage qui se charge de la ' chasse aux droits '. Sur 1998-1999, Midi-Pyrénées a aussi cédé quelques droits à Bordeaux et à la Bourgogne. La bourse de Bourgogne a distribué cette année 80 ha de droits, dont 40 ha provenaient d'autres bourses.La bourse alsacienne, elle, s'est procurée la totalité des droits recherchés (près de 50 ha) par l'intermédiaire d'un courtier auprès de la bourse du Val-de-Loire.En Corse comme dans les Charentes, les bourses ne font que démarrer leur activité. La Champagne, après plusieurs années sans planter, cherche 300 ha de droits pour la prochaine campagne. Or, elle ne peut pratiquement pas compter sur les droits locaux et a donc informé l'ensemble des autres bourses de ses besoins.En Aquitaine, les 440 ha demandés à la bourse pour la campagne en cours seront servis grâce notamment au rachat dans les autres régions de France de droits en péremption au 31 août prochain. Pour la campagne 1999-2000, 350 ha restent en portefeuille.Dans toutes les régions déficitaires, une certaine inquiétude perce pour la prochaine campagne. L'annonce de la distribution de droits nouveaux (lire nos pages d'actualité) rassure mais il reste encore l'incertitude de la répartition de ces droits. ' Tout cela est très inconfortable car nous devons attendre les décisions. La recherche de droits se fera donc au dernier moment dans un marché tendu, ce qui risque de provoquer une hausse des prix ', constate un professionnel.