Deux installateurs de matériels de cave proposent des systèmes de sulfitage de la vendange qui résolvent, en partie, les difficultés et les imprécisions liées à cette opération.
Depuis deux ans, André Serret est débarrassé d'un souci. Il a trouvé le moyen de sulfiter avec précision ses vendanges. ' Quand on veut 10 ou 15 mg de libre sur des jus de muscat, on les a, affirme l'oenologue de la cave coopérative de Baixas (Pyrénées-Orientales). Avant, ce n'était pas le cas : on en mettait de trop ou pas assez. ' Quel utilisateur de pompe doseuse n'a pas connu ces difficultés de réglage? Avec la plupart des matériels en service, elles sont si rémanentes que bien des vignerons sont régulièrement contraints de faire des corrections. Plutôt que de continuer à tâtonner, la cave de Baixas a décidé d'investir dans un doseur Ossa venu d'Espagne qui, tout équipé, coûte 25 000 F HT.' C'est notre première installation ', raconte Gérard Escande, de la société Sotécor (Carcassonne). Pour lui, elle présente plusieurs avantages. Le doseur fonctionne avec du SO2 conditionné en bouteilles sous forme de gaz liquéfié, ce qui limite l'exposition aux vapeurs irritantes. Le produit étant pur, l'utilisateur est dispensé d'en vérifier le titre alors qu'il est amené à le faire avec les solutions sulfureuses. Par ailleurs, une sonnerie l'avertit lorsque la bouteille est vide ou que sa sortie se bouche par une particule de rouille.A chaque impulsion, l'appareil délivre exactement 10 g de SO2. L'utilisateur en programme le nombre pour obtenir la quantité d'antiseptique qu'il désire. Le voilà prêt pour sulfiter une cuve. ' Ensuite, il suffit de brasser à l'azote pour homogénéiser ', conseille Gérard Escande. Dans la pratique, le doseur Ossa sert bien plus à protéger les raisins que les vins. Il est alors asservi à la pompe à vendange afin qu'il s'enclenche et s'arrête au même moment qu'elle. Et c'est son débit que l'on règle en programmant le temps qui s'écoule entre deux impulsions. ' Pour traiter à 5 g/hl d'une vendange transportée par une pompe qui débite 50 à 60 t/h, il faut compter une temporisation de 22 secondes entre deux giclées de SO2 ', détaille Gérard Escande.Cependant, si la vitesse de libération du SO2 est bien maîtrisée, il n'en est pas de même du rythme de pompage. Ce dernier continue de varier au gré de multiples facteurs. Or, pas plus que les autres installateurs, Sotécor ne fait dépendre le sulfitage du débit réel de transfert de la vendange. Il reste donc là une source potentielle d'erreur que seule l'expérience permet de contenir. Et lorsque la pompe tourne à vide, rien n'arrête le doseur. Voici une seconde source d'erreur qui impose une surveillance. Pour y remédier, Imeca, à Clermont-l'Hérault, propose d'asservir ses propres sulfidoseurs à l'ampérage (intensité de courant) absorbé par la pompe à vendange. Comme il chute dès qu'elle tourne à vide, sa mesure en continu peut être mise à profit pour stopper l'écoulement de SO2. Mais ce fabricant reconnaît que sa formule a peu de succès.Sodimel, un installateur bordelais à Talence, en a davantage. Il commercialise deux systèmes. Le premier s'adresse aux caves qui pèsent la récolte à son arrivée au chai. C'est le Sulfidose. Il coûte 12 900 F HT. L'utilisateur lui indique le poids de vendange ou le relie à une bascule électronique qui lui transmet directement cette donnée. Puis il choisit le niveau de sulfitage recherché parmi quatre possibles. Partant de ces informations, l'appareil calcule sa durée de fonctionnement. Elle correspondra à celle du pompage pour le niveau maximum de sulfitage. Mais elle sera plus brève lors d'une protection plus modérée de la récolte : le Sulfidose s'arrêtera avant la pompe, laquelle transférera une partie de l'apport sans qu'il soit sulfité.Le second système est le poste de sulfitage automatique, facturé 18 105 F HT. Il réunit sur une table en PVC, une pompe Dosapro et son armoire de commande. ' Il suffit de deux heures pour l'installer dans un chai alors qu'il en faut bien davantage lorsqu'il faut monter la pompe sur place ', affirme Aquilino Castanon, de la société Sodimel. Le poste présente d'autres intérêts. Il est doté d'un débitmètre gradué de 15 à 160 l/h. L'utilisateur bénéficie ainsi d'une lecture directe, ce qui facilite les réglages. De plus, le débit est contrôlé par deux capteurs, l'un vérifiant qu'il n'est pas trop élevé, l'autre qu'il n'est pas trop bas. Ils enclenchent un avertisseur lorsqu'il s'écarte de plus de 10% de la valeur demandée. Ces capteurs réduisent les erreurs dues à l'imprécision des pompes et de leur réglage. En revanche, rien n'est prévu pour arrêter l'écoulement de SO2 en fin de déchargement du conquet. En matière de sulfitage de la vendange, on ne peut pas tout avoir.