Dans la plupart des régions, les vignerons ont dû traiter plus que d'habitude. Les coûts phytosanitaires seront élevés mais, globalement, l'état sanitaire du vignoble a bien été préservé.
Cet été, la pluviométrie a été abondante. Quelques zones ont échappé aux orages en juin et juillet, mais dans la plupart des situations, la vigne n'a pas subi de stress hydrique.En Champagne, le vignoble était encore très vert fin août et la maturation se faisait doucement, avec un bon état sanitaire. 'Nous n'avions jamais vu autant de verdure à la veille des vendanges', souligne un conseiller de Saône-et-Loire. Ici, le mildiou, qui a exercé une forte pression dans le Chalonnais et le nord du Mâconnais, n'a pas toujours été bien maîtrisé, certaines matières actives ayant, semble-t-il, montré des limites. L'oïdium s'est déclaré début août juste avant la véraison ; il a surpris quelques vignerons, mais il n'y a pas eu de dégâts sur grappes. Les deux générations de tordeuses ont été étalées, rendant parfois difficile le positionnement des traitements. L'abondance de la végétation ainsi que l'alternance de la pluie et du vent ont gêné les traitements contre le botrytis, qui s'est développé dans le sud du Mâconnais sur les parcelles les plus chargées.Dans beaucoup de régions, les vignerons espéraient, fin août, que le vent se lève pour sécher toute l'humidité. 'Début août, il est tombé jusqu'à 100 mm d'eau. Cette année plus que d'autres, il était essentiel de bien aérer le feuillage et d'adapter la charge, ce qu'ont fait la plupart des vignerons. Mais dans les vignes poussantes où la végétation n'avait pas été maîtrisée, il y a eu des foyers de botrytis', souligne-t-on à la chambre d'agriculture de la Gironde.Dans cette région, les vers de la grappe, très présents, ont parfois été difficiles à maîtriser. Problème de positionnement ou d'efficacité des matières actives? Il faudra l'analyser en fin de campagne, mais cela a accru d'autant le risque botrytis. La pression de l'oïdium s'est révélée faible, mais le mildiou a été virulent, imposant une augmentation du nombre de traitements. Fin août, il y avait encore des attaques sur les jeunes feuilles. 'Pour amener à maturité toutes les grappes, nous aurons besoin d'une bonne surface foliaire.'Dans le Val-de-Loire, le mildiou a été relancé par les pluies en juillet, après une accalmie en juin. Présent dans presque toutes les parcelles, il a été globalement bien maîtrisé. L'oïdium est resté virulent sur des cépages sensibles comme le chenin, sans atteindre la pression des années précédentes. Les traitements contre les vers de la grappe ont été effectués avec soin, mais il a parfois fallu les renouveler, car la première et la deuxième générations ont été abondantes. Les pluies d'août ont relancé le grossissement des grains, qui était bloqué dans certaines parcelles, mais ont aussi entraîné le développement ponctuel de botrytis.Dans les Charentes, l'oïdium a été peu présent. Par contre, les cadences de traitements contre le mildiou ont dû être accélérées et la protection maintenue tard en saison. Il y a eu quelques dégâts sur grappes ainsi que des défoliations, qui risquent d'avoir des conséquences négatives sur la maturation lorsque la charge est importante. Fin août, on notait la présence de foyers de botrytis.Dans les vignobles de Jurançon et de Madiran, le mildiou a été très présent et les conditions météorologiques n'ont pas facilité la lutte. 'Il y a eu quelques dégâts sur grappe. C'est la qualité de l'application qui a fait la différence', souligne-t-on à la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques.Dans le Haut-Rhin, 'les jeunes vignerons ont découvert les dégâts que peut faire le mildiou', relève un conseiller. Avec des pluies très fréquentes, il a fallu pratiquement doubler le nombre de traitements. Ceux qui n'ont pas pu tenir les cadences pour palisser, rogner et traiter, faute de matériel ou de personnel suffisant, ont subi des pertes importantes dues au mildiou, mais aussi à l'oïdium qui a été très virulent. Dans le Bas-Rhin, la pression du mildiou a été moindre, mais l'oïdium a été présent plus tardivement.En Languedoc-Roussillon et en Provence, l'oïdium a été bien maîtrisé grâce à des cadences suivies et à une bonne couverture de la période sensible. Malgré une forte pression, il n'y a eu que quelques dégâts ponctuels sur carignan. La présence du mildiou a également été forte dans les Pyrénées-Orientales, l'Aude, l'Hérault, le Gard, obligeant les vignerons à rester sur le qui-vive tout l'été. Dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et le Var, qui ont plus souffert de la sécheresse, elle a été beaucoup plus modérée.'Les coûts seront élevés. A cause des orages, il a fallu renouveler les applications contre le mildiou et doubler certains traitements contre les vers de la grappe en troisième génération. Mais globalement, l'état sanitaire est bon', souligne un conseiller du Gard. Quelques attaques d'acariens ont un peu abîmé le feuillage dans certaines parcelles de syrah et de cabernet. Les vers de la grappe ont également été plus présents que d'habitude et il y a eu quelques perforations qui, ajoutées aux impacts de grêle dans les secteurs touchés, offrent une bonne entrée au botrytis et à la pourriture acide. Pour éviter de vendanger certaines parcelles plus tôt que prévu, il reste à souhaiter que le vent et le soleil soient au rendez-vous. La charge étant importante, la maturation sera longue et le climat décisif pour obtenir une belle qualité.