Afrique du Sud, la seconde vague de cépages français

A Fairview, un domaine de Stellenbosch (sud du pays), on cultive le malbec, le mourvèdre, le carignan, et le viognier sur une dizaine d'hectares. Ces nouvelles plantations visent à élargir la gamme des vins du domaine. Ici, on crée des assemblages connus ou inconnus destinés à séduire des amateurs en quête de nouveaux noms et de nouveaux arômes : zinfandel-carignan, malbec-merlot, syrah-mourvèdre...Le winemaker de Fairview s'intéresse au mourvèdre pour la structure tannique qu'il peut apporter à la syrah. Sur les collines de Stellenbosch, ce cépage demeure anecdotique : 1,2 ha pour 1,7 ha pour l'ensemble du pays. Mais d'autres plantations sont annoncées par Fairview et dans la Walker bay, près d'Hermanus. 'On essaie de reproduire ici les assemblages qui ont fait le succès de la France' explique-t-on. Mourvèdre, carignan, cinsaut et syrah sont assemblés pour élaborer un vin de type côtes-du-rhône ou languedoc. Sans grenache, dira-t-on. Mais ce cépage n'aurait jamais donné de bons résultats sous le climat chaud de l'Afrique australe.Autres nouvelles stars, le petit verdot et le malbec. Les domaines Backsberg, Rickety bridge, Buitenverwachting, Ashanti, Fairview ou Simonsig possèdent l'un ou l'autre de ces deux cépages du Sud-Ouest français. Pour répondre à la demande, les winemakers locaux n'hésitent plus à se lancer dans des vins plus complexes. Les premiers pieds de petit verdot de Simonsig (Stellenbosch) ont été plantés en 1994. Issus de plants garantis non virosés du clone PR 8719, les résultats sont satisfaisants. Bien que les rendements soient élevés (24 t/ha en 1999), le vin possède une belle structure amenant un plus à l'assemblage avec le cabernet et le merlot. Car là encore, les Sud-Africains essaient de reproduire au plus juste les bordeaux...Cépage typique de Cahors, le malbec se développe aussi dans la région de Stellenbosch. A Ashanti, le jeune winemaker français utilise les 1,5 ha de malbec de la propriété en assemblage ou en monocépage. Et cet exemple semble se généraliser. Troisième cépage d'Argentine, le malbec s'adapte bien aux climats chauds. Le pinot meunier, cépage typique de Champagne, a fait aussi son apparition à Simonsig en 1994 : ses petites baies juteuses semblent mieux adaptées à la production de vins effervescents que le pinotage, cépage local...Dans ce pays, le mouvement est donc amorcé. Il ne peut que se développer. En effet, pour la première fois depuis que les marchés internationaux se sont ouverts aux vins sud-africains, en 1994, une crise de surproduction se profile. La récole 1999, qui s'est achevée en mai, est surabondante pour les blancs classiques.