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Des produits phytosanitaires encore mal utilisés

La vigne - n°102 - septembre 1999 - page 0

L'agriculteur ne se protège pas toujours correctement lors des traitements et il ne fait pas forcément attention aux conséquences de ses actes sur l'environnement. Pourtant, de petits efforts pourraient grandement améliorer les choses.

Peu mieux faire, dirait un examinateur. Les agriculteurs peuvent encore largement améliorer leur façon d'utiliser les produits phytosanitaires. Les quelques chiffres diffusés lors des journées Phyto mieux, qui s'est déroulée en Loir-et-Cher, le prouvent.Déjà avant le traitement, beaucoup de progrès restent à faire. Par exemple, un peu plus de 80% des agriculteurs considèrent avoir un local spécifique pour stocker leurs produits. La réalité est cependant bien différente. L'hiver, les bidons peuvent être installés dans le bureau ou dans un couloir. Ils sont également parfois stockés près du congélateur ou, pire, dans le coin de l'atelier, pas très loin du gasoil!Un traitement ne se fait pas sans protections individuelles adaptées. 'Il faut notamment utiliser des vêtements spéciaux et se changer pour déjeuner, expliquait, Michel Gautier, de la MSA, lors de la journée Phyto mieux. Les masques antipoussières ne protègent pas. Pour savoir quel masque et quelle cartouche il faut utiliser, les vignerons peuvent contacter les conseillers de la Mutualité sociale agricole', poursuivait-il. Il faut également lire avec attention les étiquettes et ne pas faire d'amalgames. Comme le souligne Richard Planas, de la chambre d'agriculture de l'Aude, 'les vignerons ont tendance à associer et à confondre produits phytosanitaires doux pour les typhlodromes et produits doux pour l'homme. Or, cela n'a rien à voir! Un insecticide comme Ekalux, qui s'est avéré moins dépressif que d'autres sur les populations de typhlodromes dans nos essais, est classé toxique'.Le réseau toxicovigilance en agriculture recense les problèmes de santé supposés découler de l'usage de produits phytosanitaires, qui peuvent aller de maux de tête ou d'irritations à des ennuis bien plus graves. Au mois de mars 1999, 765 dossiers avaient été étudiés (22% concernaient la viticulture). Dans 60% des accidents répertoriés, les agriculteurs ne portaient aucune protection! Seul un agriculteur sur quatre disait avoir mis un masque, 22,6% admettaient porter des vêtements adaptés et seulement 20,8% portaient des gants!Le fond de cuve représente environ 15% de la pollution émanant de l'usage des produits phytosanitaires. 'Il peut représenter de 50 à 150 litres', expliquait Jean-Christian Faure, conseiller machinisme à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher. Pour éviter ces problèmes, il faut utiliser du matériel précis, connaître exactement les surfaces à traiter. 'Et ne pas prévoir trop de bouillie, insiste-t-il. Il faut accepter de préparer au dernier moment les 50 ou 100 litres manquants. Le vigneron doit donc s'équiper d'une réserve d'eau claire supplémentaire qu'il utilisera si nécessaire. Mais cela se voit rarement en viticulture. La surcharge de travail est pourtant largement compensée par l'économie du produit préparé en trop!'La qualité de la pulvérisation semble également pouvoir être améliorée. Un pulvérisateur s'use et peut se détériorer. Il faut donc l'entretenir. Il existe un label appelé Pulvémieux qui certifie que l'appareil est en bon état de fonctionnement.La région Centre a souhaité contrôler environ le dixième de son parc de pulvérisateurs. Après les grandes cultures, les contrôles ont porté sur le matériel viticole et arboricole. La méthodologie de diagnostic a été adaptée à la viticulture. Onze pendillards (jet projeté) et neuf pulvérisateurs pneumatiques ont été contrôlés en 1998. Seuls deux des pendillards étaient labellisables. Les neufs autres présentaient notamment des différences trop importantes de débits entre les buses. Les pneumatiques, de conception plus récente, ont obtenu de meilleurs résultats. Si on ne tient pas compte du critère 'absence de manomètre' (certains pneumatiques n'en sont pas équipés d'origine), cinq de ces neuf pulvérisateurs obtiennent le label. 'Environ un tiers des appareils peut recevoir le label Pulvémieux en l'état, un autre tiers l'obtiendra après quelques modifications minimes et le dernier tiers nécessite de sérieuses réparations', conclut François Capitan, de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher. Une enquête nationale lancée par l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes) en janvier 1999, portant sur 1 154 agriculteurs, dont 301 viticulteurs, confirme que des progrès restent à faire.Environ 6% des personnes interrogées avouent ne jamais rincer leurs bidons, près de 12% ne les rincent qu'une fois. Moins de la moitié des personnes sondées, 43% exactement, rince suffisamment les emballages. Pour qu'un bidon devienne un déchet banal, il doit être rincé trois fois. Il existe des systèmes de rinçage, mais très peu d'agriculteurs en sont équipés. La grande majorité des lavages se fait à la main.L'enquête révèle que plus de 70 % des agriculteurs brûlent les emballages plastiques et 85 % les emballages en carton, alors qu'environ 20 % les jettent comme des ordures ménagères.La législation concernant l'élimination des emballages spécifie que ceux-ci ne doivent être ni abandonnés, ni réemployés, ni brûlés! Les 'hors-la-loi' sont donc nombreux. Mais que faire lorsque les déchetteries refusent ces bidons? Les repreneurs d'emballages vides ne se bousculent pas (lire La Vigne n° 97, page 53), même si des initiatives existent localement.

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