MacDo ou cassoulet?

Depuis le début de l'été, le monde paysan est sur le pont. Tout le monde paysan? Non, pas la viticulture. Alors que les manifestations se sont multipliées, notre filière est restée d'une étonnante apathie, comme en dehors des débats. Que la crise du secteur fruitier la laisse de marbre, passe encore, même si on a connu de plus fortes solidarités. Que la concentration du monde de la distribution ne l'inquiète pas parce que les vignobles sont bien organisés et que la conjoncture économique est bonne, pourquoi pas. Mais que dire du 'choix de société' qui se profile derrière les attaques incessantes contre les MacDonald's, en représailles aux mesures de rétorsion décidées par les Etats-Unis dans l'affaire du boeuf aux hormones? A l'inverse du foie gras et du roquefort, les vins n'ont pas été pris (cette fois) en otage, dans ce litige incarnant jusqu'à la caricature l'opposition entre les modèles européen et américain de consommation. Est-ce la raison du silence, au-delà de la torpeur de l'été et de la préparation des vendanges? Si les vins ne sont pas dans la balance, c'est parce que la filière américaine ne l'a pas voulu... Une chance qui ne doit pas se transformer en aveuglement. La filière n'avait-elle pas crié au scandale (et à la solidarité) lorsqu'elle fût prise pour cible il y a quelques années? Le vin n'est-il pas un symbole fort de l'art de vivre à la française? Nous n'avons pas fini d'explorer les enjeux des prochaines négociations de l'Organisation mondiale du commerce. Dans le cadre d'une libéralisation accrue, la viticulture française (et européenne), leader mondial à l'exportation, a beaucoup à gagner. En revanche, sur les fronts de la traçabilité, de l'étiquetage, des pratiques oenologiques ou de la protection des appellations, il y a du souci à se faire. Le débat est d'envergure. MacDo ou cassoulet? Doit-on laisser les autres choisir pour soi?