ImprimerLa précocité des derniers millésimes se vérifie tout au long des cycles végétatifs. Les raisons avancées sont multiples et pas uniquement liées aux conditions climatiques.
Au cours de la dernière décennie, il n'y a pas eu d'année tardive et les caves ouvrent de plus en plus tôt, constatent de nombreux vignerons et techniciens partout en France. Le réchauffement du climat est l'une des premières explications avancées. Dans la vallée du Rhône par exemple, l'observation des données météorologiques, depuis 1965, montre une augmentation des températures moyennes à partir de 1983. Sur la période 1983-1998, l'insolation moyenne est, elle aussi, supérieure par rapport à la période 1965-1982.En ce qui concerne les précipitations, elles sont constantes en terme de quantité, mais le nombre d'heures de pluie est inférieur. En effet, les précipitations arrivent de plus en plus sous forme d'orages, ce qui n'a pas le même effet sur la vigne. Or, on sait que le stress hydrique, en bloquant la maturation, peut avoir une incidence sur la date de récolte. Parallèlement, des moûts de grenache sont analysés depuis 1983, et toujours à la même date. On constate que la maturité a considérablement évolué.Pour apprécier la précocité d'un millésime, on peut considérer plusieurs dates-clés. Le débourrement en est une, mais il faut l'utiliser avec prudence car la date à laquelle il se déroule ne présage en rien de la date de récolte. En effet, le débourrement peut être précoce et la récolte tardive. Le début des vendanges donne aussi une information, mais elle n'est pas obtenue de la même manière dans toutes les régions.En Champagne, une moyenne pondérée est établie par cépage et pour l'ensemble du vignoble. Dans la plupart des autres régions, on se reporte à des parcelles de référence. L'état sanitaire peut également influer sur la date du ban des vendanges. Par ailleurs, l'établissement de celui-ci s'appuie aujourd'hui sur des données plus affinées qu'autrefois.Certains constatent un décalage de l'ensemble du cycle (dès le débourrement) vers la précocité. En observant l'intervalle entre les stades-repères, on constate aussi un resserrement du cycle végétatif. Ainsi, dans le Beaujolais, la récolte commence désormais moins de cent jours après la fleur, en raison notamment de conditions climatiques printanières et estivales plus chaudes. Dans les vignobles méridionaux, l'une des explications à l'ouverture de plus en plus précoce des caves est le réencépagement du vignoble. En effet, les cépages récemment introduits sont plus précoces que les cépages traditionnels. 'Ils sont moins productifs et synthétisent davantage de sucre', constate un technicien. De plus, les parcelles restant en cépages traditionnels ont pris de l'âge et sont donc moins chargées qu'autrefois. Autre point à prendre en considération, les produits que l'on élabore aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec ce qui se faisait il y a vingt ou trente ans et s'adaptent aux modes de consommation.De nombreux points techniques expliquent la précocité. L'amélioration des systèmes de conduite a permis d'optimiser la surface foliaire exposée. Grâce aux progrès, en terme de protection du vignoble, le feuillage reste aussi actif pendant plus longtemps. Ces deux éléments contribuent à améliorer le bilan d'assimilation des vignes. Enfin, la persistance des feuilles pendant l'arrière-saison permet à la plante de se constituer de bonnes réserves et, lors du démarrage du cycle suivant, de mieux faire face aux épisodes climatiques délicats.La meilleure maîtrise des carences nutritionnelles et la diminution des viroses, grâce à l'utilisation d'un matériel végétal sain, agissent aussi dans le sens de la précocité. 'Cependant, constate un technicien, tous les éléments cités précédemment, s'ils agissent sur la précocité, peuvent aussi entraîner une hausse des rendements qui serait plutôt défavorable à la précocité.' La précocité observée sur les derniers millésimes est-elle une tendance lourde ou simplement un événement cyclique? L'avenir nous le dira.